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A la rencontre de celle qui écrit les douleurs de l’Afrique

L'écrivaine camerounaise Léonora Miano est venue échanger non seulement avec la presse, mais en même temps avec le public ce…

L’écrivaine camerounaise Léonora Miano est venue échanger non seulement avec la presse, mais en même temps avec le public ce lundi au CCF de Douala

En Europe, on n’est pas encore habitué aux auteurs qui proposent une réflexion sur soi-même. J’écris à partir de ma douleur, de ce qui me fait peur car j’estime que les romans ne sont pas un guide touristique mais des expressions de la sensibilité de son auteur. Ces mots sont de Léonora Miano, écrivaine camerounaise basée en France depuis 1991. Actuellement en congé dans son pays natal, celle que beaucoup qualifient d’ auteur de l’Afrique sombre se sent plutôt bien dans sa peau en cette matinée du lundi 20 décembre, où elle a tenue a rencontré le public de Douala. Je ne suis en aucun cas complexée. D’aucuns pensent que j’écris contre les miens, non! Je pense plutôt que c’est une démarche positive car elle permet d’affronter les horreurs qui se produisent dans notre espace. Et l’un de ses modèles dans ce sens, fait-elle savoir, c’est Toni Morrison, qui dans ses uvres expose toujours les douleurs et les ombres de sa communauté.

Ses uvres, en effet, sont pour elle l’occasion de présenter au grand jour les sombres réalités de son continent. Réalités qu’elle a présentées aux travers d’un triptyque qui continu de faire parler de lui, composé des ouvrages L’intérieur de la nuit, Contours du jour qui vient et Les aubes écarlates. Une trilogie pour poser des questions à l’Afrique, examiner la conscience de cette Afrique que certains parviennent encore à qualifier de barbare, mais qui est plus barbare en fait? se questionne la romancière. Pas nous en tout cas répond-t-elle, avant de poursuivre, la plupart des actes de barbarie qui sont survenus dans le monde sont d’origine occidentale. Il n’y a qu’à voir les multiples guerres dans le monde, les tragiques explosions d’Hiroshima et Nagasaki, les pendaisons des pères de l’indépendance au Cameroun, pour ne citer que ces quelques cas. Et après ils veulent nous donner des leçons d’humanité! Les européens ne peuvent pas nous donner des leçons d’humanité. Ils ne sont pas au dessus des africains affirme le point fermé, la lauréate du prix Goncourt des lycéens en novembre 2006 avec Contours du jour qui vient. Ce prix qui parmi ses nombreuses récompenses apparait pour elle comme sa plus grande consécration, car un prix pur, exempt de toute tricherie, qui est décerné par des lycéens qui ont une ouverture d’esprit que beaucoup n’ont pas.

L’écrivaine camerounaise Léonora Miano venue à Douala débattre du fond et de la forme des ses ouvrages, qui sont sujets à de nombreuses polémiques au Cameroun mais de façon générale sur le continent africain
Journalducameroun.com)/n

Léonora Miano étudiée dans les lycées du Cameroun
De nombreux élèves, des lycéens pour la plupart, ont fait le déplacement du Centre Culturel Français de Douala ce lundi. Avec une seule préoccupation, rencontrer l’auteur de l’ uvre qu’ils étudient depuis la rentrée scolaire 2010/2011. L’intérieur de la nuit, le premier roman de Léonora Miano est inscrit au programme des classes secondes du Cameroun. Pour l’auteur, il s’agit d’une véritable consécration pour son roman qui depuis sa sortie en 2005 a reçu une avalanche de prix mais aussi de vives critiques de la part de nombreux écrivains africains vivant en Europe. Les élèves ont ainsi eu l’occasion d’en apprendre davantage sur l’auteur, ses motivations, ses sources d’inspiration, etc.

L’écrivaine camerounaise Léonora Miano
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L’on apprendra par exemple que le livre est inspiré d’un documentaire intitulé Les petits soldats, dans lequel l’on présentait des témoignages et les atrocités de la guerre au Libéria. Cela m’avait tellement touchée et j’ai voulu à travers ce livre montrer d’autres facettes que le documentaire ne pouvait pas présenter. Et elle y est allée de toutes ses fantaisies. La première étant le fait de mettre l’action dans un pays imaginaire, Mboa su (chez nous en langue duala) et en utilisant des noms de villes et de personnages en duala. C’était ma façon d’intégrer ma langue, ma culture dans l’ uvre, une façon de me faire plaisir. A chacun par la suite de tirer des leçons de l’ uvre pour l’avenir, s’interroger soi-même et surtout, arrêter de regarder l’Afrique avec l’ il occidental.

L’écrivaine camerounaise Léonora Miano
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