Dans un communiqué radio, le ministre en charge des Forêts a tenu à préciser qu’il n’a pas demandé à l’investisseur américain d’arrêter ses investissements
Le ministère des Forêts et de la faune (MINFOF) au Cameroun a réagi pour la première fois depuis que l’entreprise Herakles Farm a publié le 18 mai un communiqué indiquant qu’il arrêtait ses travaux en raison d’une injonction du gouvernement camerounais lui demandant de suspendre ses activités, a-t-on constaté à travers la lecture d’un communiqué radio diffusé de cette administration. Il en ressort que le MINFOF n’a pas demandé à l’opérateur de suspendre ses travaux, mais plutôt d’observer une règlementation spécifique à la conservation forestière qui se trouvait être violé. Le ministre des Forêts et de la Faune a tout simplement rappelé à l’opérateur économique les dispositions légales en la matière et les principes de gestion durable, indique le document où il est précisé au préalable que La signature d’une convention entre le gouvernement du Cameroun représenté par le Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’aménagement du territoire n’exemptait pas ladite entreprise du respect de l’ensemble des procédures et contraintes environnementales liée à la mise en uvre d’un projet d’une telle envergure. Selon la réglementation Camerounaise, la mise en friche d’une certaine superficie de forêt nécessite l’obtention au préalable de la production d’une déclaration d’utilité publique qui est délivrée par le président de la république précise-t-on du côté du MINFOF. Le communiqué fait aussi ressortir que vu l’ampleur du projet et les opportunités qui auraient pu en découler, le gouvernement avait été tolérant jusqu’ici mais que cette tolérance était caution à l’observation de la règlementation. La société civile camerounaise et internationale a salué une décision courageuse du ministre camerounais des forêts, mais exige mieux qu’une suspension un arrêt complet du projet. S’appuyant sur des révélations faites à l’issue de la divulgation le 22 mai 2013 d’un rapport d’enquête effectuée par Greenpeace et Oakland Institute, le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) une ONG locale soutient aujourd’hui que l’entreprise n’a pas que violé la règlementation en rapport aux forêts, mais a aussi trompé les responsables de l’administration Camerounaise peu outillés à prendre des décisions sur des projets de palmier à huile de grandes surfaces.
Le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) s’était inquiété du prix particulièrement bas du loyer de la terre (entre 1/2 dollar et 1 dollar l’hectare par an) dans son rapport publié en février 2012 sur Heraklès. Les données internes de la compagnie donnent une indication de la valeur véritable de la terre: jusqu’à 4000 dollars l’hectare par an en Malaisie, et la compagnie estime que la terre qu’ils convoitent à une valeur bien plus élevée encore. Herakles reconnait donc en interne qu’elles ont trompé le gouvernement du Cameroun. Peut-on dans ces conditions continuer à prétendre qu’il s’agit d’un projet de développement? S’est interrogé Samuel Nguiffo le principal responsable du CED. Monsieur Nguiffo reprend aussi à son compte les documents publiés par Oakland Institute et Greenpeace en indiquant que Herakles a aussi menti au gouvernement sur sa capacité à financer le projet. La société SGSOC (Herakles Farm) ne souhaite pas développer le Cameroun, mais gagner un maximum d’argent en privant le pays de ses terres et de ses ressources a conclu Samuel Nguiffo. Un des responsables de greenpeace de passage au Cameroun salue lui aussi l’action du ministère des forêts et invite les responsables locaux à plus de vigilence. La tendance est mondiale, ces investisseurs ont détruit toutes les forêts d’Asie du sud-est et aujourd’hui ils sont en train de se tourner vers l’Afrique et il ne faut pas perdre cela de vue a commenté Just Vanderbroek de Greenpeace. Intervenant aussi sur le sujet, Irène Wabiwa la chargée de Campagne Forêt de Greenpeace a fait savoir que la décision du ministre des forêts du Cameroun doit être le début d’une réflexion profonde sur l’ensemble des concessions faites pour les projets d’agriculture dans le pays. Je me joint personnellement à l’idée du CED d’apposer un moratoire sur l’ensemble des concessions dans le pays afin de les réévaluer, parce que si Herakles a pu mentir à ses investisseurs et au gouvernement, rien n’indique que d’autres acteurs présents dans le pays n’ont pas fait pareillement a-t-elle commenté. Une ombre demeure cependant et concerne l’énergie qui alimente le Ministre des forêts. Entre la signature de la convention entre Herakles et le MINEPAT en 2009 et aujourd’hui, les hommes ont changé et la démarche aussi. La décision d’imposer la règlementation au groupe américain risque d’ouvrir une boite à pandores où on retrouvera des fonctionnaires corrompus et des man uvres peu orthodoxe, un sujet qui devrait bien intéresser la Commission Nationale anti-corruption
