Maire de la commune de Mora dans l’Extrême Nord, Abba Boukar, qui n’a pas assisté à la session ordinaire de la Chambre haute, est vu comme démissionnaire, préférant son fauteuil municipal
Le Journal camerounais « Le Messager » a titré à la une de son édition du 18 mars 2014 : « Démission : Le maire de Mora claque la porte du Sénat ». Faits avancés par le quotidien pour justifier cette affirmation, l’absence de ce dernier à l’élection du bureau exécutif de la Chambre haute du Parlement camerounais.
En effet, lors de l’assemblée plénière élective du 17 mars 2014, sur les 100 sénateurs que compte la chambre, sept étaient absents. Six se sont excusés à l’avance en donnant procuration à certains de leurs pairs tandis qu’un seul, Abba Boukar, n’a pas jugé utile de respecter cette procédure.
Le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, dans son édition du 19 mars 2014, a indiqué qu’au secrétariat général du Sénat, on n’a encore été notifié d’aucune démission par le concerné.
Les faits semblent pencher vers un inconfort de Abba Boukar à la jeune chambre. Elu député de Margui-Wandala dans l’Extrême-Nord du Cameroun en 1972, il ne se départira de son écharpe d’honorable qu’en 2007. En cette année-là, après avoir remporté les législatives et les municipales, il optera, conformément à un texte sur le non cumul des mandats, de conserver la mairie de Mora au détriment de l’Assemblée nationale.
C’est son suppléant, Abba Malla Boukar, qui héritera de son siège à l’hémicycle. A l’issue des élections sénatoriales d’avril 2013, il sera élu à la Chambre haute, cumulant avec ses fonctions de maire de la commune de Mora, qu’il dirige alors depuis 33 ans.
Il préfèrerait ainsi continuer à diriger sa mairie désirant qu’on ne lui colle jamais « l’appellation d’ancien maire », comme l’indiquait en 2013 le Journal régional Le Septentrion, pour celui qui est par ailleurs président de la section Rdpc dans le Mayo-Sava. A Mora, ironise le journal Le Septentrion, Abba Boukar a pris le surnom de « Jacques Chirac ».
En l’état actuel de la législation camerounaise, il faudra toutefois tirer au clair cette situation de cumul de fonctions sénatoriales et municipales.
Le code électoral du 19 avril 2012, en son article 162, alinéa 2, qui traite des incompatibilités des députés, les mêmes que celles des sénateurs, dispose : « Le mandat de député est également incompatible avec celui de sénateur, avec les fonctions de maire, de délégué du gouvernement auprès d’une communauté urbaine, de président du conseil régional [.] ».
Le règlement intérieur du Sénat camerounais, qui a été adopté le 10 juin 2013, précise : «Pour le cas des Sénateurs nommés, le décès, la démission ou la nomination à une fonction incompatible conduit à un remplacement du sénateur concerné par un décret du président de la République. »
