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Affaire Crédit-foncier: Abah Abah écope de 25 ans de prison

L'ancien ministre camerounais des Finances, Polycarpe Abah Abah, a été condamné à Yaoundé mardi à 25 ans de prison pour…

L’ancien ministre camerounais des Finances, Polycarpe Abah Abah, a été condamné à Yaoundé mardi à 25 ans de prison pour détournement de fonds publics. La justice a confisqué également 29 immeubles

Les juges du Tribunal criminel spécial (TCS) ont reconnu mardi soir l’ancien ministre des Finances, Polycarpe Abah Abah, coupable de quatre chefs d’accusation pour des malversations financières estimées à environ 7,8 milliards de FCFA (près de 12 millions d’euros), après une audience qui aura duré près de neuf heures d’horloge. Ils lui ont infligé une peine de « 25 ans de prison ferme ». Il devra en outre payer 7 milliards de F CFA au Crédit Foncier à titre de dommages et intérêts, ainsi qu’un milliard de F CFA à l’Etat du Cameroun.

Joseph Edou, ex-directeur général du Crédit foncier, banque publique ; et Raphaël Meke, ancien haut cadre de cette société ont écopé, chacun, de 15 ans de prison dans le cadre de la même affaire. Evina Sylvie Chantal, Mewoulou Oyono et Thérèse Eloumba, tous accusés dans l’affaire ont été acquittés pour faits non établis.

M. Abah Abah a affirmé qu’il allait se pourvoir en cassation. « Chaque match a un aller puis un retour. Le match retour, nous allons l’engager », a-t-il indiqué, s’adressant aux juges. « Je sais que je suis innocent », a-t-il réitéré.

Sa condamnation est assortie de la confiscation de ses biens, dont 29 immeubles et des appartements, de sommes d’argent gardées sur des comptes bancaires, ainsi que de neuf véhicules.

Dans le détail, il s’agit de 11 immeubles ruraux répertoriés à Zoetelé, dans le Sud du Cameroun, région d’origine de Polycarpe Abah Abah ; d’un immeuble urbain dans certains quartiers de la capitale politique: Essos, Ekounou, Mendong, Nsimeyong, Mendong, Bastos, Nkomo, Efoulan, Mfandena, Soa, Odza, Mfou ; deux immeubles urbains à Messamendongo et cinq immeubles urbains à Minkan (localité proche de Nsimalen).

Parmi les comptes confisqués par la justice, on recense, entre autres, deux logés à la Société commerciale de Banque (SCB) et un à la Commercial-Bank Cameroun (CBC).

Les neuf véhicules saisis concernent trois tracteurs et des véhicules de différentes marques: Peugeot, Maxima, Nissan, Toyota, Rav 4, Infinity.

Les malversations dont M. Abah Abah a été reconnu coupable ont été commises alors qu’il occupait le poste de directeur des impôts, au début des années 2.000.

Après la direction des impôts, il avait été promu en 2004 ministre de l’Economie et des Finances avant d’être déchu de ce poste en 2007. Il fut arrêté quelques mois plus tard, en 2008. Il a déjà été condamné en 2012 à six ans de prison ferme pour évasion. Le 26 septembre dernier, Polycarpe Abah Abah avait été acquitté dans le cadre de l’affaire du recouvrement des créances de l’ex-Office national de commercialisation des produits de base (Oncpb), affaire qui avait vu la condamnation de l’avocate franco-camerounaise Lydienne Eyoum à 25 ans de prison.

Pressé par les bailleurs de fonds internationaux, le Cameroun a lancé en 2006 une campagne dite « Epervier » de lutte contre la corruption dans le cadre de laquelle de nombreuses personnalités, dont d’anciens ministres, un ex-Premier ministre et d’anciens patrons d’entreprise publique ont été emprisonnées, certains pour de lourdes peines. Malgré cela, le niveau de corruption demeure élevé dans le pays. Selon l’Indice de perception de la corruption 2014, élaboré par l’ONG Transparency International, le Cameroun figure à la 136e position sur 174 pays, avec une note de 27/100. En 1998 et 1999, le pays avait été classé comme pays le plus corrompu au monde.

Polycarpe Abah Abah a été reconnu mardi, 13 janvier 2014, à Yaoundé coupable de détournement de deniers publics
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