De nombreux débats engagés par les médias locaux ont fait perdre le sens réel du rapport et les missions du CCFD
Depuis la publication du rapport du Comité Catholique pour la faim et le Développement, les récupérations politico- médiatiques sont allées grandissantes. Entre opinions favorables et opinions défavorables, le débat est tellement âpre que même la retouche du gouvernement n’a pas éclipsé l’implication du président camerounais dans le rapport parlant de biens mal acquis. Les membres du RDPC (parti au pouvoir) utilisant principalement les médias de service publics, sont montés au créneau pour défendre à tout prix l’image de leur chef. Dans une interview accordée à Cameroon-tribune, Paul Atanga Nji affirme que la publication d’un tel rapport « est une forme de manipulation visant à ébranler la République». Dans un cadre tout autre ce sont des jeunes d’une association proche de la première dame( JACHABY) qui sont montés au créneau pour dire leur ras le bol contre par la campagne d’intoxication en cours à l’encontre du chef de l’Etat. Bien avant eux l’ancien ministre de la communication était rentré dans une réplique où se mêlaient justifications et dénigrement à l’encontre du CCFD.
D’un autre coté, de nombreux médias privés et ceux proches de l’opposition contre le chef de l’Etat se sont attelés à prouver l’implication du chef de l’Etat. Invitant l’opinion à voir à quel point le pays est spolié et pourquoi il faudrait que Biya justifie ses biens ainsi que tous le autres membres du gouvernement, présents et anciens. Ce tapage médiatique loin de servir les intérêts et les objectifs du comité a plutôt été à l’origine de la dénaturation des objectifs et du sens du rapport. De nombreuses personnes sans avoir lu le rapport en entier et sans même avoir eu connaissance des activités de l’organisation catholique ont tiré à boulets sans se soucier de l’authenticité des buts à atteindre.

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Le comité a tenu à faire savoir sa position dans cette rixe médiatique sur son rapport, au travers de son site internet. De prime abord est précisé le but du comité. Le CCFD-Terre Solidaire a été créé pour travailler sur les causes de la pauvreté et les inégalités, et trouver des voies de développement. En particulier dans les pays pauvres où l’accaparement des richesses par une minorité de dirigeants locaux, entreprises internationales- est un scandale. Les organisations partenaires du CCFD-Terre Solidaire dans ces pays demandent régulièrement de poser ces scandales sur la place publique.
Selon elle plus d’un milliard d’êtres humains souffrent de malnutrition. L’argent qui devrait être injecté dans le développement des pays touchés par la malnutrition est trop souvent détourné, au lieu d’être utilisé pour la satisfaction de besoins essentiels comme l’alimentation, la santé ou l’éducation. Les partenaires du CCFD-Terre Solidaire demandent donc des comptes sur l’utilisation de ces montants financiers. Ce qui est logique, car après un cycle de 40 ans d’endettement, le Cameroun pour ce qui est de son cas a les mêmes problèmes (énergie, santé, chômage, et biens d’autres). Le pays a même fini par être reconnu très pauvre et très endetté. Mais aucun compte n’a jamais été fait pour justifier cet état de chose.
Le rapport publié en juin 2009 fait état des sommes colossales détournées par des dirigeants partout à travers le monde dans une trentaine de pays. L’objectif ici est surtout de dénoncer les responsabilités françaises et occidentales. De ce fait, cette analyse d’une trentaine de pays n’est pas dirigée contre un pays en particulier. Le cas du Cameroun est traité sur un volume de 5 pages au sein du rapport « Biens Mal Acquis », sur un total de 215 pages que comporte ce document. A date du 3 juillet 2009, le Cameroun est le seul pays où ce rapport provoque des réactions vives de la part d’un gouvernement. Pour l’organisation, chaque pays a le devoir de rendre transparentes ses actions financières et économiques. Ce que une bonne partie de l’opinion camerounaise trouve logique, vu que de plus en plus les camerounais sont conscients du fait que ce sont leurs impôts qui donnent son pouvoir financier à l’Etat.
Le CCFD-Terre Solidaire demande que les accords internationaux soient appliqués aux paradis fiscaux, au niveau des personnes morales, des institutions financières et des acteurs politiques. Cet objectif du rapport est peu connu de la grande opinion publique camerounaise qui chaque jour plonge un peu plus dans débats stériles et s’éloigne des enjeux majeurs du rapport, celui du procès international de l’aide aux pays pauvres.

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