Les propos de l’avocat franco-libanais continuent de provoquer beaucoup de réactions et d’interrogations
Après les révélations fracassantes de Robert Bourgi concernant l’argent fourni à des hommes politiques français par des gouvernements africains, un ivoirien confirme ces versements. Il s’agit de Mamadou Koulibaly, ancien proche de Laurent Gbagbo et actuel président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Il affirme notamment que de l’argent a bien été transféré d’Abidjan à Paris pour financer la campagne chiraquienne de 2002. Du côté de la Côte d’Ivoire, Mamadou Koulibaly fait état d’environ deux milliards de francs Cfa, soit à peu près trois millions d’euros, que Laurent Gbagbo aurait envoyés à Jacques Chirac, sous forme de coupures de billets transportés dans des valises. J’ai dit au président (Laurent Gbagbo) que nous étions un pays pauvre et que nous n’avions pas d’argent pour financer des élections d’hommes politiques de pays riches, a-t-il expliqué, ajoutant avoir rencontré Robert Bourgi à la table de Gbagbo en 2002, venu solliciter de l’aide en vue d’un financement de la campagne présidentielle en France. Monsieur, vous êtes jeune, quand on veut faire de la politique on est généreux, lui aurait répondu Robert Bourgi devant son opposition.
La noria de «valises» africaines aurait commencé pour M. Bourgi, selon lui, en mars 1997, le jour de l’enterrement de son maître Jacques Foccart. Lequel créa, sous le président De Gaulle, la Francafrique, système décrié de réseaux d’influence maintenus par Paris avec ses ex-colonies d’Afrique noire. Les livraisons auraient pris fin en 2005 quand M. de Villepin lança abruptement, selon M. Bourgi: l’argent de tous les Africains sent le soufre. Par mon intermédiaire, cinq chefs d’état africains -Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon) ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne de 2002 prétend l’avocat qui accuse Jacques Chirac et Dominique de Villepin d’avoir ainsi reçu, par mallettes entières, des fonds occultes de dirigeants africains, ce que l’ex-Premier ministre qualifie de «fariboles».

Le ministre d’Etat, Ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Energie du Sénégal, Karim Wade, a décidé lundi 12 septembre de porter plainte à la suite d’une interview de Robert Bourgi qui l’accuse d’avoir remis 500 millions de francs Cfa à Dominique de Villepin pour financer la campagne de Jacques Chirac en 2002. L’actuel ministre des Affaires étrangères Alain Juppé n’est pas épargné. L’argent d’Omar Bongo a servi a payé le loyer pendant des années de son club 89, accuse M. Bourgi. Outre ces remises de financements occultes, que M. Bourgi évalue à 20 millions de dollars, des cadeaux tels que des masques africains auraient aussi été remis à l’ancien président français et à son Premier ministre. Les anciens cadres du régime Mobutu sont encore assez nombreux à l’Assemblée, au Sénat, dans les ministères. Ceux interrogés, se disent choqués par ce déballage. C’est indécent, dit l’un d’eux, quand on vous donne un coup de main pour une campagne électorale, on ne balance pas après. Et ce Monsieur Bourgi, il n’a pas dû faire cela gratuitement. Si le Burkina Faso a qualifié de «grotesques» l’implication du président Blaise Compaoré, Bernard Houdin, conseiller de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo affirme que ces financements occultes étaient «une pratique historique». Au Congo-Brazzaville, le porte-parole du gouvernement, Bienvenue Okiémy réfute les accusations de l’avocat franco-libanais qui visait notamment le président Denis Sassou-Nguesso. Les lois et les procédures en vigueur dans le pays empêchent, dit-il, de telles sommes d’être décaissées du trésor public C’est une affaire franco-française, les pays africains et particulièrement le Congo n’ont rien à y faire.
