L’instance faitière du football mondial subodore une ingérence du gouvernement camerounais et souhaite avoir un rapport détaillé des différents cas.
Décidément l’affaire Samuel Eto’o, née de la grève des Lions indomptables et qui avait conduit à l’annulation du match Algérie-Cameroun est loin d’être terminée. Elle joue encore les prolongations au niveau de la Fédération internationale de football association (Fifa). En effet, l’instance faitière du football mondial vient de demander des éclaircissements à la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), quant à une éventuelle intervention du gouvernement camerounais dans les récents revirements intervenus dans la sanction de certains joueurs des Lions indomptables.
La préoccupation de la Fifa se fonde sur l’allègement des sanctions infligées à certains joueurs: huit mois contre 15 matches pour le capitaine Samuel Eto’o, deux mois contre deux matches pour son vice-capitaine Enow Eyong et l’annulation de l’amende d’un million FCFA initialement infligée à Benoît Assou Ekotto. A cet effet, la Fifa: souhaiterait recevoir de la Fecafoot un rapport détaillé sur ces différents cas et éventuellement, sur ceux dont nous n’aurions pas eu connaissance, écrit notamment son secrétaire général, Jérôme Valcke. La Fecafoot n’a officiellement pas encore communiqué sur le sujet. Mais, l’on se souvient qu’au lendemain de la réunion du comité exécutif, tenue le 6 janvier 2012, qui avait vu les sanctions des joueurs incriminés revues à la baisse, les dirigeants de la Fecafoot avaient nié toute intrusion du gouvernement camerounais dans les délibérations des affaires suscitées. Par ailleurs, la Fecafoot avait précisé avoir reculé par souci de vouloir combiner l’intérêt supérieur du football et le principe de la soumission à un ordre établi par les lois et règlements.
Sauf que l’on ne peut continuer à nier que «l’affaire Samuel Eto’o» était devenue une véritable affaire d’Etat. A tel point que Philémon Yang, le Premier ministre du Cameroun, avait, selon nos sources, sur instructions de Paul Biya, le Président de la République du Cameroun, a rencontré discrètement Mohammed Iya, le dernier week-end de 2011, pour trouver une solution à cet épineux problème. Le Premier ministre avait dit au Président de la Fecafoot avoir reçu des instructions de la hiérarchie pour demander l’indulgence vis-à-vis des joueurs sanctionnés. Au moment de la rencontre entre les deux hommes, à l’immeuble étoile, le délai pour faire appel de la décision suspendant Samuel Eto’o Fils et Eyong Enoh Tarkang, respectivement pour 15 matches et 2 matches avec les Lions indomptables, avait expiré depuis le 26 décembre 2011 à minuit. Ces deux joueurs, qui avaient refusé d’interjeter appel, étaient donc statutairement suspendus de l’équipe nationale. Sauf que la suspension de Samuel Eto’o et Eyong Enoh avait suscité une levée de bouclier au Cameroun. A tel point que Paul Biya, le président de la République du Cameroun aurait prôné la clémence. Mais c’était en oubliant que la Fifa interdit formellement l’intrusion des politiques dans les affaires du football à travers le monde.
