Déclaration du célèbre artiste ivoirien actuellement à Douala, dans le cadre de la célébration des 30 ans du quotidien privé Le Messager
Vous êtes à Douala depuis mercredi, 18 novembre 2009 pour le trentenaire du journal Le Messager, mais, vous n’allez pas faire le show pour le public. Pourquoi?
Je suis invité par mon frère Pius Njawé du journal Le Messager. Certes le concert n’est pas prévu, mais on est amené à venir parfois faire acte de présence, juste l’acte de présence. Il y a déjà un programme établi par l’équipe de Pius Njawé, dont je me suis joins à ce programme. Je ne suis pas là pour faire un show, car, je crois que nous sommes là pour fêter un évènement qui en vaut la peine : le trentième anniversaire du journal Le Messager. Comme les journalistes sont les piliers principaux de notre démocratie naissante, je tenais à être absolument là.
Quelle analyse faites-vous justement sur la liberté de la presse en Afrique?
Une plume peut calmer un Etat, ou une plume peut déstabiliser un Etat. A propos de la presse, ça veut dire que la liberté et la démocratie, doivent aller ensemble. Seulement, il faut une presse qui puisse contribuer à rappeler aux politiques, ce qui est à faire, ou ce qui devrait être fait, car tout le monde est sensible à la critique constructive. Mais, il y a certains « journaleux » qui sous-estiment leur plume. Je prends le cas de la Côte d’Ivoire, la guerre a commencé dans les journaux. C’est d’abord les journalistes par médias interposés, qui ont commencé la guerre. En Côte d’Ivoire, il n’y a pas de journalisme d’information, il y a les journalistes d’opinion, des médias, des journaux d’opinion. Et là, ça devient grave, parce qu’on exploite la plume de l’écrivain qui a besoin de boulot. Je ne voudrais pas me tromper de combat, je ne voudrais pas non plus me tromper de coupables. Les politiques se sont servis des fois des journalistes pour mettre le feu et pour foutre de la merde, et il va falloir qu’on sorte de ça. La liberté de la presse commencera par celle de celui qui tient à plume.
C’est-à-dire?
On ne peut pas nous dire qu’on veut une liberté, une démocratie, et une dictature est infligée à ceux qui sont mêmes les moteurs de la liberté de la presse et de cette démocratie naissante, c’est un accouchement douloureux. La démocratie africaine, est entrain de naître dans cette douleur. Il y a certains journalistes qui au moment où il y’avait les partis uniques, ont osé dénoncer les travers de nos régimes à leur risque et péril. C’est à ce titre que je respecte le journal Le Messager. Il y a d’autres journaux qui mené aussi le même combat.

Quel rôle selon vous, a joué la presse pour faciliter cette démocratie naissante dont vous parliez tantôt?
Aujourd’hui, si on parle démocratie sans qu’on ne sorte de gourdins et des machettes, c’est parce que quelque part, certaines personnes de part leurs écrits, ont désamorcé dans nos esprits, la bombe tribale. Donc, je ne peux qu’encourager cela, car le travail que nous faisons, permet de désamorcer nos esprits. En Afrique, beaucoup de personnes n’ont fait de grandes études, la majorité est analphabète, mais si nous ne donnons pas l’information dont ils ont besoin et que nous voulons manipuler leur ignorance politique à nos profits, là, ça devient criminel, et c’est ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire. Quand la guerre a éclaté, il y a un journal qui a carrément titré en gros : « Enfin, la guerre », comme s’il s’attendait à ça.
On constate que votre nouveau combat semble s’articuler autour de ce que vous appelez : « l’Homme nouveau ». Que doit-on exactement comprendre?
Si les hommes sont allés sur la lune, si les hommes parlent aujourd’hui de l’ordre économique mondial nouveau, moi je parle plutôt, de l’Homme nouveau. L’Homme prévu par les écrits Bibliques, l’Homme fait à l’image de Dieu. Nous assistons à l’avènement du grand singe nucléaire, mais, tant qu’on n’aura pas muselé la bête en lui, qui est la guerre, de quelle Homme parlons-nous ? Mon nouveau combat, c’est donc ça, c’est-à-dire apprêter le terrain pour l’éclosion pour cette Homme nouveau. L’Homme à l’image de Dieu, L’Homme qui aura vaincu la guerre, l’Homme qui aura réussi à museler la bête qui est en lui. Je vais essayer d’y contribuer, mais ceux qui doivent le faire, ce sont les autorités onusiennes, et je m’adresse ici aux cinq membres permanents du conseil de sécurité des nations unies , à savoir la France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Russie, et la Chine. Malheureusement, ce sont eux les cinq plus grands marchands d’armes sur la terre. Il faut que cette hypocrisie s’arrête, il faut que ces deux poids et deux mesures s’arrêtent.
