La ministre camerounaise de la culture, Ama Tutu Muna défend la candidature de Yaoundé comme capitale du livre 2014
Quelles sont les spécificités qu’aujourd’hui vous défendez au niveau du Cameroun pour que l’Unesco demain désigne Yaoundé comme capitale mondiale du livre 2014?
De prime abord, le Cameroun offre la paix, la stabilité et c’est un pays bilingue historiquement. Donc vous retrouvez au Cameroun la partie francophone et la partie anglophone. Et puis, Yaoundé c’est une ville culturelle. C’est une ville qui regorge d’énormes reliques de la colonisation. Le musée national est un bâtiment historique et la ville est très cosmopolite. Car on y retrouve des ressortissants de nombreux autres pays africains. Donc c’est une terre d’accueil. Maintenant dans le domaine du livre, cette nomination n’aiderait pas seulement le Cameroun, elle aiderait la sous-région à donner de la visibilité par rapport à ce qui est déjà entrain d’être fait par rapport au livre, à susciter, à inciter les gens à être beaucoup plus conscients par rapport à la lecture, essayer de ramener le livre auprès des jeunes. Au vu tous ces éléments, la nomination est d’une importance capitale pour l’Afrique.
Quels sont les leviers au niveau du livre que peut activer le Cameroun pour faire de Yaoundé la capitale mondiale du livre 2014?
Déjà dans le domaine du livre, il y a un certain nombre de textes qui existent. Notamment, on a signé la convention de Berne sur la propriété intellectuelle, il y a un soutien par un décret du Président de la République pour la lecture. Dans l’organisation même du ministère de la culture, vous avez un département qui s’occupe de la lecture. Nous avons aussi un service rattaché qui est une centrale de lecture située en plein centre de la ville, ouvert à toutes les activités, non seulement la lecture, mais tout ce qui accompagne et qui est destiné à tout le monde, du jeune au vieux. Je pourrais aussi aller plus loin. Il y a des bibliothèques, des réseaux d’éditeurs, je veux aussi parler de la diffusion, qui est j’ose dire, l’une des plus développées dans la sous-région. En plus, en ce moment avec le ministère des Postes et Télécommunications, nous avons lancé le projet de la bibliothèque numérique.
Mme le ministre, par rapport aux dix autres villes concurrentes, quelles sont les chances de Yaoundé et quels sont ses soutiens?
Sur le plan stratégique, il n’est pas indiqué de parler d’autres pays. Donc, nous pensons que c’est l’Unesco qui déterminera quel pays sera choisi et nous attendons cela avec impatience.
Quelle est la place du livre au Cameroun?
La place du livre est très importante au Cameroun si vous regardez très bien dans le domaine de la bande dessinée ou dans le domaine même des écrivains où vous avez des auteurs très importants. Je n’ose pas les citer car ils sont nombreux. Au-delà même du livre, sur le plan de la communication, les journaux, vous savez ce que c’est, la prolifération des journaux au Cameroun, et vous avez aussi des images des gens qui restent devant les kiosques de journaux pour lire. Vous arrivez devant un kiosque, vous constatez qu’il y a vraiment un intérêt pour la lecture. Maintenant, le défi c’est comment le ramener dans les zones un peu reculées puisque le Cameroun est un pays essentiellement agricole, donc voilà un peu les défis qui se présentent.
Vous avez annoncé que dans quelques mois aura lieu une grande rencontre littéraire au Cameroun. Pouvez-vous nous en dire davantage?
Oui, nous avons prévu vers la fin de l’année le salon du livre. C’est l’occasion pour moi d’appeler tous les acteurs de ce secteur à se mettre ensemble afin qu’on puisse tenir ce salon du livre, et nous allons le pérenniser. Nous avons prévu après ce salon d’avoir une journée dédiée à la littérature et au livre.
Quel est l’état des préparatifs pour ce salon du livre? Savez – vous déjà combien de personnes vous attendez, Où aura t-il lieu?
Oui nous avons déjà planché sur un certain nombre d’éléments. Le lieu, nous sommes en train de le finaliser. Les deux lieux qui pourront être choisis seront soit l’esplanade du palais des sports, nous avons voulu le centraliser toujours dans la logique de cette prise de conscience et de rendre le livre toujours plus accessible. Je ne peux pas encore parler des participants. Mais je peux déjà dire que ce sera un salon national qui va abriter au moins 150 participants. Maintenant, en termes d’organisation, nous sommes en train d’envoyer une équipe ici pour travailler en synergie avec tous ceux qui sont dans la diaspora, mais sur le plan organisationnel, nous avons travaillé avec l’association des éditeurs, et donc, des maquettes sont déjà faites, des propositions, le dossier est pratiquement déjà bouclé.
Selon vous, quelles seront les retombées si Yaoundé est choisi ?
Ce n’est pas seulement Yaoundé qui va en profiter, c’est l’Afrique noire. Et cela va donner une autre image des auteurs, même africains. On ne parle pas beaucoup des auteurs noirs dans les autres pays africains. Donc, le monde entier sera vraiment tourné vers l’Afrique et il y aura une prise de conscience et je pense que dans la globalisation, peut-être que ça va apporter autre chose. J’ai travaillé sur un projet où je souhaitais qu’on traduise un livre en chinois. Imaginez – vous combien de chinois acceptent de lire le livre d’un auteur africain. Donc, voilà un peu les défis et voilà ce que cette nomination pourrait apporter pas seulement au Cameroun je le dis toujours, mais à l’Afrique toute entière.
Au-delà de cela, vous avez évoqué l’implication de la diaspora. Comment vous voyez cette implication et à quel niveau ?
Déjà nous travaillons avec une équipe ici, très restreinte de quatre personnes, Gaston Kelman avec d’autres auteurs.
A quoi consiste leur tâche?
Dans un premier temps, du lobbying, mais dès que nous sommes nommés, si c’est le cas, tout de suite nous entrons à la phase préparatoire et l’équipe va s’élargir en synergie avec l’équipe du Cameroun, maintenant pour la mise en place, le travail au quotidien et l’organisation de cette année spéciale.
Vous savez quand auront lieu les résultats ?
Au mois de juillet je crois !
