L’annonce de la baisse des prix des produits pendant la période des fêtes ne semble pas prendre effet sur le terrain.
Difficile d’établir des responsabilités. Les causes de la hausse des prix sur les marchés sont tellement diverses que chacun des intervenants dans la chaîne de distribution se dédouane d’en être à l’origine.
«Nous subissons nous aussi, se plaint un demi grossiste. On ne nous donne aucune explication pour justifier l’augmentation des prix. A l’achat, on constate juste que ça augmenté». Un client confie : « le sac de riz de 25 kilogrammes que j’achetais à 10 000 francs cfa me revient maintenant à 14 000 francs ». De même, des ménagères s’indignent de ce que malgré les directives du gouvernement réunit en conseil de cabinet à la fin du mois de novembre 2008, «le kilogramme de viande est passé de 2500 à 2700 francs cfa ». Les bouchers évoquent plusieurs raisons pour justifier cette tendance à la hausse.
Comme c’est le cas pour d’autres produits de consommations, la viande de b uf se fait rare du fait de l’achat, par des pays voisins de quantité importante de bétail. La Guinée Equatoriale, et le Gabon, pour ne citer que ceux là s’approvisionnent sur le marché camerounais. Cependant, grâce à leur pouvoir d’achat élevé, les b ufs et autres marchandises sont acquis en grande quantité et à des prix dépassant largement ceux pratiqués sur le marché intérieur camerounais « Il achète par exemple un b uf de 250 000 à 300 000 voir 350 000 francs cfa » nous révèle un boucher de Yaoundé. Les producteurs camerounais préfèrent donc saisir cette manne en écoulant leurs produits vers ces pays au détriment du marché local. Cette situation crée une pénurie et partant, l’inflation observée.

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En plus du phénomène décrit, d’autres problèmes sont soulevés pour éclairer sur la hausse des prix. « Le transport augmente parce que le carburant est cher. Sans oublier les tracasserie policières lors de l’acheminement des produits des zones de production rurale vers les centre urbains » confie une responsable d’un groupe d’acheteuses revendeuses (communément appelées Bayam-Selam). Pour la viande de b uf, il s’agit du transport par train de la zone septentrionale à celle du « grand Sud » (régions du Centre et Sud). Certains commerçants évoquent aussi la pénurie artificielle créée par de leurs confrères plus importants. Ainsi, nous apprend un commerçant : « Les grands grossistes achètent en quantité importante et stockent. De sorte que quand lesdits produits viennent à manquer sur le marché, ils se retrouvent en situation de monopole et augmentent les prix à leur guise ».
« Le gouvernement semble prendre des décisions au cas par cas alors que le combat doit être permanent et global. Il s’agit d’augmenter substantiellement la production » déclare un observateur. D’après ce dernier, « il y a un relâchement au niveau du contrôle des prix sur le marché. Et lorsque ces contrôles ont lieu, ils sont théâtralisés ». Un journaliste pense également qu’il y a « théâtralisation » de la lutte contre la vie chère qui n’est pas une particularité camerounaise. Il faut dire qu’en mars 2008, à la suite des « émeutes de la faim » de février qui ont causé plusieurs morts, le gouvernement décide entre autres mesures, la levée des taxes sur certains produits de consommation courant (riz, sucre, farine, poisson, ciment). Il décide aussi d’organiser des « caravanes mobiles » qui sont des espèces de marchés périodiques ou les populations s’approvisionnent, à prix modérés, en produits tels bananes plantains, huile de palme, arachides, maniocs, etc.
En attendant la concrétisation des promesses gouvernementales, les citoyens continuent de « serrer la ceinture » dans l’espoir des jours meilleurs ou chacun mangera à sa faim.

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