« J’attends impatiemment qu’on m’invite à jouer au Cameroun mais pour l’instant, ça ne semble être le désir de personne »
Merci de nous accorder cette interview. On a écouté votre nouvel album « On partira » et on n’a pas réussi à vous situer. Entre le slam, le rap, le lyrique. Dites nous dans quel registre vous ranger ?
Me situer. toujours ce récurrent besoin des médias de « caser » un projet. Tous, rockers, slammeurs, rappeurs, chansoniers, jazzeux, éléctroqueux, chanteurs lyrique sommes musiciens au doux service de notre mère à tous. La MUSIQUE ! Cette question me rassure sur mon projet artistique.
Est-ce délibéré, ce « vagabondage » entre les rythmes?
Ce qui m’importe de raconter via l’expression qu’est pour moi la musique, c’est le mélange, le métissage, le brassage culturel qui est pour moi, la marque de fabrique de ce 21ème siècle. Nous sommes tous, de part le monde, aujourd’hui plus que ce ne l’a jamais été, constitués de multiples influences, cultures, passions, connaissances, expériences. Il est important en tant qu’artiste d’être en phase avec cette révolution planétaire. Internet, les médias ont quand même ce mérite, que tu sois indou, asiatique, africain, américain, occidental, riche, pauvre, jeune, vieux, homme, femme aujourd’hui la connaissance est accessible à tous. Même au village, enfant du pays qui rêve de botanique va pouvoir sans assistance s’informer sur sa passion et ça c’est révolutionnaire. Je veux ma musique contemporaine et donc chargée de ces valeurs du tout en un. Il m’est impensable de me définir seulement en tant que femme ou seulement en tant noire ou juste française ou juste jeune. Je suis un ensemble dense et mes différentes expériences, mon parcours d’aventurière font mon identité : Complexe et ce n’est pas un gros mot. Pour revenir à votre question, je dirais de ma musique en une phrase simple que c’est de la Chanson Hip Hop et une phrase plus longue dirait : Chanson Hip Hop aux accents Jazz et à l’Humeur Rock ! De chanson, c’est le terme, je trouve le plus générique pour raconter mon interprétation faite de chant, de rap, de slam. Tout ça c’est « Le Dire ». Musicalement ce qui me touche, c’est de mélanger les différents univers musicaux qui me touchent : Le Rock, Le Jazz, Le Rap, L’Afro, La Chanson, Le Lyrique. Ce caractère multiple m’apporte une vraie liberté. Je reste et ne peux être que moi, dans toutes mes évolutions liées aux rencontres, à la vie et insaisissable je suis, insaisissable je resterai. Bams c’est Bams, je suis ravie de n’être pas identifiable ou associable à tels ou tels projets existants déjà mais comme une proposition personnelle, « Fresh » et nouvelle .
Est-ce aussi délibéré le choix du nombre de titres pour votre album?
Commencer par un EP 5 titres, mini album est un choix stratégique. Aujourd’hui des milliers de projets musicaux sortent toutes les semaines. Je suis indépendante, je n’ai ni manager, ni tourneur, ni producteur. Il était important pour moi de me lancer dans quelque chose que je puisse assumer (financièrement) avec l’exigence de qualité que j’ai. Le public, les professionnels de ce milieu (radio, journaliste.) sont chaque minute sollicités et un EP 5 titres, c’est simple, on met 20 minutes pour écouter le disque. J’ai fait mon taff avec la même exigence qu’un album, le nombre n’enlève rien à la qualité, à la force des morceaux. Cet EP est conçu pour m’apporter le Buzz qui sera le tapis rouge de mon album Dérèglement Climatique prévu pour avril 2010. Et pour l’indépendante que je suis, je trouve ça plus efficace de travailler sa sortie sous cette forme que d’arriver tout de suite avec l’album qui aurait pu passer à la trappe, juste parce que la chaîne, sans qui on ne peut toucher son public n’aurait pas écouté. Alors que là, 5 titres, les gens écoutent et comme mon EP « On Partira » défonce, le buzz se met en place et ceux qui sont passés au travers, n’échapperont pas à l’album car le taff aura été fait en amont. Sur ce projet qui me tient tant à c ur, il faut ne pas se louper

Et le titre « On partira ». A quoi renvoie-il ?
Il y a des thèmes récurrents à mes 2 albums précédents Vivre ou Mourir et De ce Monde. La place de la femme, La mort et la marche du monde. « On Partira » parle, vous l’avez compris de la mort. J’ai eu assez jeune, malheureusement l’expérience de la perte d’un proche, je suis aujourd’hui la femme que je suis grâce à ce que j’ai vécu. C’est important de parler de la mort car elle est aussi la vie, elle est liée à la vie. « Rien ne se perd, tout se transforme » disait l’autre. En cette période où la crise économique touche le Monde, où beaucoup d’occidentaux, chanceux par leurs lieux de naissances, ont consacré toute leur vie au travail. Ils partent à 7h, reviennent à 20h, ne voient pas leurs enfants grandir, n’ont pas de vie épanouie, ils se rendent comptent aujourd’hui peut être de leur erreur d’avoir privilégié un système, qui lui, les licencie alors que l’entreprise est bénéficiaire. Tout dans la vie, je crois est une question de choix et la mort a le mérite de vous rappeler à vous même. La course, le stress, les fausses priorités que le système capitaliste nous impose, (produire, produire toujours plus pour alimenter leur valeur où nous ne sommes que les consommateurs) nous éloigne de ce que nous sommes au plus profond, gomme notre essence et nous formate à la haine de l’étranger, à la guerre et à l’exclusion. Ce titre est là pour nous le rappeler et nous invite tous, par le rappel de l’existence de la mort, à assumer nos choix, nos décisions. On n’a qu’une vie, profitons en et traversons là au mieux. Dans l’Amour, la paix, le vivre ensemble, le sexe et la Joie. « Car on partira . »
Bams, on va parler de vous, du Cameroun. Vous retournez souvent au Cameroun?
Depuis que j’ai 2 ans, j’y suis au moins une fois tous les deux ans. Là mon dernier voyage remonte à début 2007. J’attends impatiemment qu’on m’invite à jouer au Cameroun mais pour l’instant, ça ne semble être le désir de personne. Mais le mien est plus grand que tout et ce que « Femme veut, Dieu le veut ». La vie devrait me faire le cadeau, très vite, de venir jouer dans mon autre pays, que j’aime et dont je suis très fière, très prochainement.

Pourquoi Bams comme nom de scène?
Ce que j’aime en premier dans ce nom, c’est qu’il va aux deux sexes. Et aussi, il rappelle mes origines camerounaises. J’ai besoin de ça pour savoir d’où je viens.
Bams comme bamiléké?
Oui, bien sûr. Mais il y a pas de tribalisme dans ce choix. J’aurais pu m’appeler Afrika ou autre chose, mais je trouvais Bams intéressant personnellement. Je suis une panafricaniste et je ne suis pas du tout dans un rapport d’opposition des villages.
Quels sont les souvenirs que vous gardez de votre pays?
La famille, le village, le « manger » les brochettes, le soya, le poisson, le ndolé, les amis, la chaleur, la beauté de notre pays si divers de paysage, la ressource de vie que malgré la précarité l’africain a en lui, la débrouille, la politique dans toutes les bouches, les taxis, les trous dans la route, la saison des pluies, ma grand mère maternelle que j’aime tant et que j’embrasse.
Sur le plan professionnel, avec vous des projets au Cameroun? par exemple un concert pour présenter votre nouvel album?
J’espère. Le monde est mon pays, je veux le parcourir de long en large, y compris chez moi bien sûr. Alors que les organisateurs se bougent car moi je VEUX.
Il y a de nombreux artistes (musiciens, chanteurs, créateurs) camerounais qui évoluent sur la place parisienne. Petite colle, citez nous quelques-uns d’entre eux !
Les Nubians, Richard Bonna, Brice Wassy qui a joué sur le EP (merci encore Brice , ta présence est un véritable cadeau ), Jean Pierre Bekolo, Sandra Nkake, Tandem, Nakk, Charlotte Dipanda, Franck Biyong, Dieudonné, Delphine II. Albert Tjamag anciennement Ménélik, Princess Erika, Léonora Miano qui sont dans mon clip d’ailleurs. Je pense aussi Imane Ayissi, Estha divine il y en a beaucoup d’autres. J’avoue que je me la raconte souvent car je suis camerounaise mais désolée, il n’y a rien à dire « On Représente !!!! » et ça donne de la force.
Bams, femme de tête ou femme enfant?
Femme qui ne perdra jamais l’enfant qui est en moi et tout ça grâce à ma tête et aux principes que je lui impose.
Un dernier mot.
Merci à toute l’équipe du Journalducameroun.com. Bonne continuation à vous. Lecteurs, lectrices, aventuriers, aventurières, dès que je le peux, je serai au Cameroun pour entonner mes nouveaux titres. Bonne route à tous.
