A l’origine de leur réclamation, une hausse de salaire
Les fonctionnaires béninois expriment leur ras-le-bol. Ils observent depuis mardi 31 mai une grève d’avertissement de 48 heures pour exiger une augmentation de salaire. Dans une motion publiée par la presse béninoise, la coalition des syndicats de l’administration publique du Bénin exige l’harmonisation des primes dans la fonction publique et la correction des disparités catégorielles dans l’administration publique. Le Fonds Monétaire International (FMI) a récemment mis en garde le gouvernement béninois contre l’évolution incontrôlée de la masse salariale de la fonction publique du Bénin qui ne permettrait au pays d’effectuer des investissements productifs. Selon les statistiques du FMI, depuis 2007, la masse salariale de la fonction béninoise augmente en moyenne de 14,7% par an, contre 9,6% les années précédentes. Cette masse salariale est estimée à plus de 45% des recettes fiscales du pays. Ce qui, indique-t-on, est nettement supérieur au 35% du critère de convergence de l’Union économique et monétaire ouest africain (Uemoa) qui compte huit pays dont le Bénin. A l’initiative des secrétaires généraux de la Coalition des organisations syndicales de l’administration publique (Cosynap), les agents de 24 départements ministériels sur les 26 que compte cette administration, boudent le travail. Les services sont tous restés fermés.
Du ministère de l’Agriculture au ministère de la Santé en passant par celui de la Fonction publique, le mouvement a été largement suivi. Les fonctionnaires exigent de l’Etat un traitement équitable de tous ces agents. Ils veulent qu’à l’instar des autres agents du ministère des Finances et de l’Economie leur indice de traitement soit revalorisé avec un effet rétroactif remontant jusqu’au 1er janvier 2011. Selon Aurelien Lagbadohossou, Secrétaire national des travailleurs du développement rural (Syntrader), membre de la Cosynap, cette disparité de traitement qui existe dans l’administration publique ne favorise pas la saine émulation de tous les agents publics et en conséquence, ralentit la productivité de certains agents et entraîne ainsi la contreperformance de l’Administration publique en générale. Il a par ailleurs souhaité que cette grève d’avertissement interpelle les autorités et leur fasse rectifier le tir. Cette situation née des récents accords paritaires gouvernement/syndicats qui prévoient une hausse de l’indice de 25% pour les agents du ministère de l’Economie et des Finances et à moyen terme pour l’ensemble des autres départements ministériels, suscite également de vives préoccupations chez certains partenaires techniques et financiers du Bénin. Cette mesure d’augmentation des salaires aux fonctionnaires béninois risque d’éloigner encore plus le ratio masse salariale sur les ressources fiscales du Bénin, actuellement de l’ordre de 48%, de celui préconisé par l’UEMOA (35%), a récemment déclaré Françoise Collet, Chef de délégation de l’Union européenne au Bénin. Le Président béninois Yayi Boni assiste au premier vaste mouvement d’humeur de son administration depuis sa réélection en mars dernier.
