Ce mouvement islamiste d’origine nigériane qui gagne du terrain en Afrique a revendiqué plusieurs attentats et est soupçonné d’enlèvements
Boko Haram a été fondé en 2002 par Mohamed Yusuf, prédicateur radical, à Maiduguru, capitale de l’État de Borno. C’est d’abord une mosquée dotée d’une école coranique où les familles pauvres peuvent envoyer leurs enfants. L’organisation se politise et attire alors de jeunes étudiants en rupture de ban à l’université. De 2004 à 2009, des heurts souvent violents opposent ses militants aux forces de sécurité. Le gouvernement sous-estime le danger et prend la secte pour un groupuscule d’illuminés sans soutien. En 2006, Mohamed Yusuf fait l’objet d’une enquête pour activités supposées illégales, mais l’instruction est abandonnée. Le gourou est arrêté à plusieurs reprises, notamment le 13 novembre 2008, pour rassemblements illégaux et troubles à l’ordre public, mais relaxé sur décision de la cour.
Le 26 juillet 2009, une nouvelle série de violences débute après une attaque simultanée des islamistes dans quatre États du Nord du Nigeria, (Bauchi, Borno, Yobe et Kano). Le gros des combats oppose les troupes gouvernementales aux membres de l’organisation à Maiduguri et dure cinq jours. Selon Umaru Yar’Adua, l’opération des forces armées nigérianes devait mener à la chute définitive du mouvement fondamentaliste. Le 30 juillet 2009, les forces de sécurité infligent une sérieuse défaite aux fondamentalistes et les chassent de la capitale de l’État de Borno. Le bilan des combats s’élève à plus de 700 morts, dont au moins 300 militants islamistes. Mohamed Yusuf, capturé par l’armée à Maiduguri, est exécuté par la police. Les combats cessent en milieu de journée. Le 14 août 2009, Sanni Umaru, membre de Boko Haram se présentant comme le successeur de Mohamed Yusuf, lance un appel au jihad au Nigeria dans une lettre datant du 9 août. Il reconnaît la mort d’au moins 1 000 membres de la secte suite aux combats de juillet 2009.
Pourtant, dès 2005, la secte salafiste aurait envoyé certains combattants s’entraîner dans le nord du Mali, dans les sanctuaires d’Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique. De même, les chebab somaliens ont hébergé et formé des disciples du gourou Abubakar Shekau. Boko Haram disposerait aussi de bases arrière au Niger comme au Tchad. En novembre, Abubakar Shekau a exprimé, dans une vidéo postée sur Internet, sa solidarité avec les combattants d’Al-Qaïda dans le monde et dans « l’Etat islamique au Mali », selon le centre de surveillance des sites islamistes SITE. Cette extension de la secte au-delà de ses frontières a été soulignée par Washington au mois de janvier: le général Carter Ham, commandant en chef de la force américaine en Afrique (Africom), expliquait alors qu’Aqmi et Boko Haram cherchent à « coordonner leurs forces ». Jusqu’à présent, Boko Haram en tant que tel n’avait pas revendiqué d’enlèvement. En revanche, un autre groupe issu de cette mouvance s’est illustré dans des kidnappings, il s’agit d’Ansaru. Une source sécuritaire camerounaise a confié à l’AFP avoir « de forts soupçons sur la secte islamiste Boko Haram concernant l’enlèvement des sept français qui a eu lieu hier 19 février dans la région de l’extrême nord Cameroun. « Nous sommes à peu près convaincus qu’ils sont déjà à l’intérieur du Nigeria. Il n’y a qu’un marécage qui sépare Dabanga du Nigeria », a-t-elle ajouté.
