L’ex-président de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf), n’a pas respecté les options proposées par la Bad
Les options de la Bad
«La Conférence, suite à l’intervention du président de la Cosumaf, a réaffirmé l’importance du marché financier pour l’ensemble des pays membres et ta nécessité de mettre fin à la cohabitation des deux marchés de la zone. Elle invite toutes les parties prenantes au dossier de trouver rapidement des solutions tirées de l’expertise obtenue de la Banque africaine de développement». Voilà la décision des chefs d’Etat de la Cemac, au sujet du projet de fusion de la Douala stock Exchange (Dsx) et la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (Bvmac), soumis à nouveau par le président de la Cosumaf, quelque heures avant son limogeage. Pendant les travaux de la 11e session ordinaire de la conférence des Chefs d’Etat de la Cemac tenue le 25 juillet 2012, à Brazzaville, au Congo, Alexandre Gandou a demandé l’unification séance tenante des deux marchés boursiers opérant dans la Cemac. Malheureusement, le Gabonais a été désavoué par les membres de la conférence, qui n’ont pas prononcé l’unification des deux places boursières dare-dare, comme le souhaitait le Gabonais. La première option proposée par la Bad est une fusion croisée qui suppose le rapprochement des deux bourses en une seule, dont le siège serait à Douala, avec une plateforme de cotation principale. Alors que Libreville abriterait le back-up de la plateforme de la Bourse unifiée d’Afrique centrale (Buac), le regroupement des deux régulateurs en un seul régulateur régional dont le siège serait à Libreville et la mise en place d’un dépositaire central régional unique basé aussi à Libreville.
Maintien de la spécialisation des structures existantes
La deuxième option, quant à elle, parle du maintien de la spécialisation des structures existantes (régulateurs et bourses). Elle prévoit la constitution d’un Groupement d’intérêt économique (Gie), la Buac, la création d’un Collège de régulateurs d’Afrique centrale (Coregac), la spécialisation sur la base de l’existant. Il s’agit de la Buac pour les actions à Dsx et pour les obligations à Libreville, et la création d’un dépositaire central unique avec l’ouverture d’un compte espèces à la Beac. Les deux options vont dans le sens de l’intégration sous régionale. «Les sociétés de bourses appartiennent aux privés. Ce sont les sociétés anonymes dont les actionnaires principaux sont les banques et les compagnies d’assurances, pour ce qui est du Cameroun notamment. Elles peuvent fusionner sans toutefois attendre un accord politique. Il suffit seulement que le marché soit porteur, qu’il y ait des sociétés qui veuillent lever les fonds ou qui soient listées sur ces bourses», confie une source imbriquée dans le marché financier, sous le sceau de l’anonymat. «Dsx, par exemple peut demander l’adhésion à la Cosumaf pour couvrir un champ sous régional, la Bvmac peut faire pareil à la Cmf», poursuit la même source. D’après elle, la question de rapprochement ou de la fusion concerne essentiellement les régulateurs. «Le régulateur national et supra étatique de la Cemac doivent trouver soit un mode de fonctionnement, soit s’unifier. Ces deux possibilités existent, dans la mesure où il y a une possibilité de coopération entre les régulateurs du monde.»
Fusion ou rapprochement des régulateurs
Le président de la Cosumaf ne s’est-il pas tromper en parlant de fusion ou de rapprochement des bourses au lieu de parler de fusion ou rapprochement des régulateurs? Aujourd’hui, si on admet qu’il y ait fusion ou rapprochement, et qu’une place unifiée existe, est-ce que la pérennité du marché financier sous régional sera garantie? Là encore, Alexandre Gandou est accusé de n’avoir pas posé le bon diagnostic. «Il faut demander aux Etats un engagement à introduire en bourse les sociétés de manière à arriver à un niveau de capitalisation boursière qui permette au marché d’exister. Pour que ce marché existe, il faudra également qu’il y ait plus d’emprunts obligataires de la part des Etats, des entreprises publiques et privées», déroule notre source. Dans l’ensemble, le problème est celui d’une réflexion objective sur le mode de financement de l’économie de la sous région, de manière à permettre le financement par le marché monétaire (banques et bons de trésor) et celui financier (emprunts obligataires). Malheureusement, Alexandre Gandou n’a pas vu les choses de cette manière. Le Gabonais a passé son temps à psalmodier le problème de fusion des deux bourses, au point d’en faire un problème personnel. Dans l’ensemble, son passage à la tête de cette structure est un échec. Il a été limogé à Brazzaville et le poste de président revient désormais à un Equato-Guinéen. Cet échec trace une feuille de route au futur président qui devra surtout composer avec les chefs d’Etat.
