Burkina Faso: ça grogne encore et toujours

Après les revendications des militaires et le mécontentement contre la vie chère, les enseignants sont en grève, soutenus par les…

Après les revendications des militaires et le mécontentement contre la vie chère, les enseignants sont en grève, soutenus par les élèves.

Avec des débordements, des casses et des pillages ces derniers jours. N’y a-t-il que la violence pour se faire entendre au Burkina ? En tout cas, le quotidien L’Observateur s’insurge contre cette manière de faire : « au Burkina, quelqu’un a ouvert la boîte de Pandore, déplore-t-il. Le malheureux constat que l’on en fait à ce jour est affligeant : presque toutes les composantes sociales auront eu leur jour de marche bruyante et de casse. Elèves, étudiants, militaires tous corps confondus, commerçants, tout y sera passé, avec en prime de fortes infiltrations de vandales volant, pillant, brûlant et détruisant tout sur leur passage, semant tristesse, larmes et désolation. »

Alors, « on peut toujours en ricaner, poursuit L’Observateur, en se délectant à l’idée que toute cette chienlit cause bien des problèmes à Blaise Compaoré et « à son régime » et les empêche de dormir tranquilles. Sans doute. Mais s’en tenir là serait sans doute une myopie patriotique grave. Car, enfin, s’exclame L’Observateur, le pays n’appartient tout de même pas à Blaise, même si à ce jour c’est bien lui le locataire du palais de Kosyam. Les casses, les vols, les édifices publics partis en fumée, c’est bien le contribuable burkinabè qui en fera les frais, un jour ou l’autre. »

Deux poids deux mesures?
« Certes, reconnaît pour sa part le quotidien Le Pays, de nombreux Burkinabè ont déploré les mutineries répétées avec leurs cortèges de désolations. Ce fut pourtant un vrai déclic, car la société est sortie de sa léthargie. (.) A quelque chose donc malheur est bon, estime le quotidien burkinabé : chacun semble avoir trouvé dans la contestation l’avantage de rappeler l’autorité supérieure à son bon souvenir. Peut-on condamner les frondeurs de vouloir se saisir de l’opportunité ainsi offerte ? Peut-on s’abstenir de reprocher au gouvernement de faire la politique de deux poids deux mesures, s’interroge encore le journal, à savoir vite céder aux exigences des militaires mutins, et prendre son temps pour examiner les revendications sempiternelles des différentes composantes du corps civil ? »

Et Le Pays de lancer en quelque sorte un avertissement aux autorités burkinabè : « s’il opte pour la politique de l’autruche, le gouvernement du Premier ministre Luc Adolphe Tiao finira par se brûler les doigts. Il gagnerait à mettre rapidement en place des commissions d’investigation, afin que lumière soit faite sur certains dossiers épineux. Cela permettra, estime Le Pays, de décourager la poursuite des crimes économiques et de neutraliser des individus notoirement connus comme étant des délinquants à col blanc. Car, tant que certaines forfaitures se poursuivront, conclut le quotidien burkinabè, et que le sentiment de deux poids deux mesures perdurera, il sera difficile de contrer le vent de révolte qui gagne du terrain au Faso.»

Amer constat
Le saviez-vous ? Ce mercredi 25 mai est la journée mondiale de l’Afrique, en référence à la signature des accords de l’OUA, le 25 mai 1963 – l’OUA devenue l’UA, l’Union africaine. Ce 25 mai est l’occasion pour chaque pays d’organiser des événements dans le but de favoriser le rapprochement entre les peuples africains. Et cette journée est en principe fériée sur le continent.

Rien ne va plus pour Blaise Compaoré