En 50 années d’indépendance, que célèbre-t-on ? Personne ne sait quoi dire sans être un peu déçu.
C’est dans la joie et la liesse que les Camerounais ont accueilli le nouvel an 2010. Commémorations artistiques et festives marquaient aussi les cinquante bougies d’accession du Cameroun à l’indépendance. Avec lui, 14 autres Etats africains célébreront tout au long de l’an 2010 leur accession à la souveraineté internationale. Loin de vouloir refaire l’histoire quels sont les acquis des cinquante années de gestion propre et autonome des affaires ? Le Cameroun a changé sur plusieurs plans : politique, économique, social, culturel, ., etc. afin de se construire et répondre aux exigences de développement davantage basées sur la croissance et la réalisation des droits fondamentaux.
Instauration des pratiques démocratiques
Après les luttes et combats pour se débarasser de sa tutelle, le Cameroun s’organise et se tourne résolument vers l’avenir. Après des années de monopartisme, l’on a vu l’émergence de plusieurs formations politiques. Depuis les années 90, le pays respecte au mieux ses rendez-vous électoraux : municipales, législatives et présidentielles. La constitution de janvier 1998 a consacré la naissance de nouvelles institutions comme le Senat, le Conseil constitutionnel, la régionalisation, . Le mandat présidentiel est passé de cinq à sept ans. Le modèle d’administration a conduit à la décentralisation du pouvoir. Ce qui renforce les territoires infra nationaux et accroit par endroits les inégalités territoriales et les replis communautaires.
Victime de crises successives
Démographiquement, la population du Cameroun a explosé et presque doublé en 50 ans. Par conséquent les villes ont grandis et les économies se sont diversifiées. Avec son PIB, le pays pèse pour un tiers dans celui des pays de la Cemac. Mais la dépendance à l’exportation des matières premières n’ayant subit qu’une première transformation demeure. Les crises successives l’ont poussé vers les plans d’ajustement avec l’émergence de populations de plus en plus démunies, plongeant ainsi le pays dans la catégorie des pays pauvres très endettés. Une initiative qui semble redonner du souffle à l’économie du pays avec le démarrage de travaux d’aménagements et de réhabilitation de certaines infrastructures.
Le casse tête social
L’on veut bien croire que le Cameroun des années 60, ne ressemble en rien à celui de 2010. Un nombre incalculable d’écoles, de collèges et de lycées encadre la jeunesse. Les centres de formation complètent la liste des universités et autres écoles d’enseignement supérieur. Des hôpitaux de référence ont été érigés et des routes ont percé les forêts et les savanes. Cependant, les indicateurs sociaux clignotent. Des villes et villages n’ont pas toujours accès à l’eau potable et à l’électricité. L’inflation tend à diminuer le pouvoir d’achat des populations. Elles ont de moins en moins accès aux produits de bases et de première nécessité.
Le tango culturel
Riche de ses potentialités culturelles, le pays peine a faire de la culture un pilier de développement au sens propre du terme. Les talents traditionnels ne demandent qu’à éclore pour faire rayonner le nom du Cameroun. La musique a montré la voie à suivre avec les artistes de renom que l’on connaît : Manu Dibango, Richard Bona, Henry Dikongue, . etc. D’autres domaines ne demandent qu’à éclore : le livre, le cinéma, les arts, l’artisanat, le patrimoine matériel et immatériel dont les langues en sont un exemple. En plus du français et de l’anglais reçus en héritage, toutes les autres langues sont érigées au rang de langues nationales. Il ne tient qu’à tout camerounais d’en faire la promotion.
50 ans d’indépendance, c’est le flou et l’expectative. Une grande partie des Camerounais se demande encore ce que l’on fête ou l’on va fêter. Les livres d’histoire racontent peu de choses à propos de cette accession à l’indépendance. Et le bilan des Camerounais de cette génération est mitigé ; fait de joie et de peines, mais surtout d’espoirs déçus. Il ne reste qu’à attendre ce que l’on proposera le 20 mai 2010, date de la fête nationale camerounaise. Collectivement, l’on attend aussi, ce que Paris proposera à l’ensemble des autres 14 Etats africains décolonisés en 1960. Ce sera le 14 juillet 2010.
