Le concept se veut un espace convivial où l’art se discute et se façonne
Art Bakery naît dans un contexte difficile, marqué par l’absence de soutien institutionnel et privé où en dépit de l’action salutaire des pionniers comme Doual’art, la galerie MAM, Africréa, le chemin de l’art reste des plus périlleux. L’exil semble l’unique voie raisonnable pour ceux qui envisagent embrasser avec fougue le passionnant métier de plasticien. Il s’ensuit la fuite régulière des artistes, sans garantie de réussite sur la terre d’exil. Tout le monde déplore cette déliquescence culturelle mais très peu d’actions sont réellement menées. Cela s’explique en bonne partie par les multiples obstacles socio-administratifs dont le Cameroun est devenu l’un des meilleurs producteurs mondiaux. Cela s’explique aussi par le découragement qui s’est emparé des plus téméraires à la suite de multiples échecs. Le projet d’école de musique de Manu Dibango n’est jamais sorti des fonds baptismaux et ce n’est pas faute d’expertise, de vision ou de réalisme. Les grands traits de ce contexte sont l’absence d’école de formation, l’insuffisance d’espace de démonstration, le manque d’espace de travail, l’absence de soutien public et privé et la pénurie de politique de développement des arts visuels…
Lorsqu’en 2003 le concept prend forme, il a pour ambition de contribuer à améliorer le confort intellectuel et esthétique des artistes par une interaction vivifiante avec les professionnels et le public. Comme on peut le lire sur sa communication publique, ArtBakery se présente comme Un espace convivial où l’art se discute et se façonne à longueur de journée; un havre de créativité dans l’océan des carences et des indifférences ambiantes. Un endroit où les cultures du monde se fécondent; un laboratoire d’idées les plus novatrices et des propositions artistiques audacieuses; une formation alternative visant une amélioration qualitative de la production artistique.
Sa démarche d’intervention est tout aussi originale. Depuis octobre 2003, ArtBakery accueille en résidence des artistes du Cameroun et du reste du monde. Il s’agit d’un espace physique et mental ou l’artiste se remet en question, échange et expérimente. Depuis octobre 2003 la structure a reçu des artistes du Cameroun, du Congo, du Togo, de l’Inde, de la Belgique et de la Suisse. Une formation destinée aux plasticiens et aux opérateurs culturels du secteur arts plastiques est organisée sous la forme des Master Class et des séminaires. Elle se fait aussi au moyen de suivi et d’accompagnement professionnels sous forme de coaching ou de parrainage. Depuis sa création le concept a favorisé l’organisation de plusieurs interventions artistiques dans l’espace public et des projets favorisant l’interaction avec les populations. La structure s’est en outre dotée d’un équipement permettant l’utilisation des nouveaux médias pour la création des uvres originales. Il s’agit pour l’instant d’une légère unité technique destinée à favoriser l’émergence d’une production nationale (voire sous régionale) de création multimédia, par l’accompagnement de projets d’artistes et l’assistance technique.
Les promoteurs du concept très ambitieux envisagent d’aller plus loin dans le projet. Ils entendent ainsi renforcer ses capacités sous peu, pour favoriser qu’une production encore plus performante soit possible.
