Volker Finke a rencontré il y a peu de temps Jacques-Philippe Bernard Obama, le directeur du stade Ahmadou Ahidjo. Un seul point était à l’ordre du jour, le renouvellement de la pelouse
Le match Cameroun-Libye, du 8 septembre 2013, comptant pour la sixième et dernière journée des matches de poules qualificatifs pour la Coupe du monde 2014 est déjà dans tous les esprits. En prélude à ce match décisif, le sélectionneur des Lions indomptables, Volker Finke a rencontré il y a peu de temps Jacques-Philippe Bernard Obama, le directeur du stade Ahmadou Ahidjo. Un seul point était à l’ordre du jour : le renouvellement de la pelouse de l’antre de Mfandena. Comment en est-on arrivée là ? Accompagné de son épouse, le sélectionneur national Volker Finke était dans les travées du stade Omnisports Ahmadou Ahidjo mercredi 10 juillet où il a assisté à la rencontre de la 16ème journée de Mtn Elite One, match qui a opposait DAC 2000 de Douala à Tonnerre Kalara club de Yaoundé. Le technicien allemand a assisté à la victoire du club d’Esaie Ngale sur le score de 3 buts à 0. Malgré ce large score qui a sanctionné cette rencontre, le coach des Lions a surtout manifesté son inquiétude quant à l’état de la pelouse. Il a été très déçu par l’état du gazon qui est très sollicité selon lui. « J’étais là hier matin, pour voir avec les responsables du stade comment on peut préparer une bonne pelouse, un bon gazon pour le match contre la Lybie. C’est vraiment difficile quand on joue sur cette aire de jeu quatre ou cinq matchs par semaine. Ça rend la pelouse difficile pour jouer au football. A ce moment, ça devient comme à Lomé. Il faut jouer de longues balles et ce n’est plus du beau football », a confié le technicien allemand.
Lors de cette entrevue, le technicien allemand avait donc sollicité la fermeture immédiate du stade, à toute compétition. Ce qui, selon lui, « permettrait d’avoir une pelouse en très bon état, le jour du match contre la Libye ». Ce qui impliquait que, jusqu’au jour de la rencontre Cameroun-Libye, les matches de championnat, voire des séances d’entraînement ne devraient plus avoir lieu au stade Ahmadou Ahidjo. Mais dans un pays qui manque cruellement de stade au standard de la Confédération africaine de football (Caf) ou de la Fédération internationale de football association (Fifa), les autorités en charge du football ont été obligées de continuer à programmer les matches de l’Elite One et Two au stade Ahmadou Ahidjo et surtout la rencontre internationale Cameroun-Gabon, du 28 juillet dernier, comptant pour le dernier tour des éliminatoires du Championnat d’Afrique des nations (Chan), « Afrique du Sud 2014 ». Une situation qui a davantage contribué à détériorer l’aire de jeu.
Cette situation malheureuse arrive, alors qu’au mois de mars dernier Bernard Obama fière de la verdure retrouvée du stade, livrait quelques secrets de cet en joliment : « Nous travaillons avec des partenaires. Nous avons reçu une aide d’un groupe d’experts français, qui s’occupent des pelouses. Ils nous ont donné comme consignes de souvent ajouter à l’engrais chimique, l’urée pour que le gazon retrouve sa verdure. Nous avons essayé et c’est tout le public sportif camerounais qui est content de cette pelouse ». Quatre mois plus tard, l’on constate que l’aire de jeu est gazonnée seulement par endroit et le ballon rebondi sur les bosses. Un cadre d’appui au stade Ahmadou explique qu’au delà du fait que le stade est sur-utilisé, la rareté des pluies, la panne du forage et l’approvisionnement en eau qui n’est pas toujours régulier à Ngousso, rend la maintenance de l’aire de jeu difficile.
Joint hier au téléphone, Bernard Obama s’est montré rassurant : « J’ai élaboré un plan de travail qui va permettre de remettre la pelouse à neuf. Le stade sera fermé dimanche prochain à minuit. Et dès le lendemain, les 18 jardiniers de mon équipe qui ont été formés par les Japonais vont commencer à travailler d’arrache pied. Leur tâche consistera à aplanir le sol, mettre les engrais chimiques (un sac d’engrais coûte 15 000 F cfa), repiquer les espaces dénudé ; replanter le gazon. Comme le forage, construit sur fond public en 2007, a été dépanné, l’eau coule de nouveau au stade. Un approvisionnement en eau qui contribuera à nous faciliter la tâche ». A signaler que depuis la disparition d’Office nationale des équipements sportifs de l’organigramme du ministère des Sports et de l’éducation physique (Minsep), la maintenant permanente du stade dans sa globalité pose toujours problème. Pendant au moins les deux premières décennies de ce stade construit en 1972, le personnel de l’Office nationale des équipements sportifs avait les bureaux dans le sous sol du stade et pouvait donc de jour comme de nuit, veiller à la maintenance de cette infrastructure sportive. Dans la grille de répartition des recettes du stade, il est alloué 20% pour la maintenance du stade. Or, pour diverses raisons, la qualité du spectacle en championnat n’attire plus les spectateurs et encore moins les annonceurs, excepté l’entreprise de téléphonie mobile, Mtn Cameroon. Faute de moyen financier, la maintenance du stade et notamment de sa pelouse est donc assurée par les perfusions du Minsep.
Si le métier de jardinier est perçu au Cameroun avec mépris et la maintenance du stade avec légèreté, ailleurs ont ne lésine pas sur les moyens pour avoir des pelouses de qualité. Notamment en France, où la première recrue du Psg pendant cette intersaison est . un jardinier. Le club de la capitale française a en effet embauché Jonathan Calderwood, jusqu’ici responsable de la pelouse d’Aston Villa. Ce spécialiste du gazon a été élu meilleur jardinier de Première Ligue en 2009 et en 2012. Cette saison, il a terminé troisième de ce classement très prisé en Angleterre où le soin apporté aux pelouses est particulièrement valorisé. Le savoir-faire anglais dans ce domaine s’exporte bien. Il y a trois saisons, le jardinier d’Arsenal avait été recruté par le Real Madrid, qui avait doublé son salaire. Quand est-ce que les autorités en charge du football camerounais, vont-ils prendre l’engazonnement du stade Ahmadou Ahidjo très au sérieux ?

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