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Cameroun: Comment sauver 77 personnes du couloir de la mort

Un forum pour l'abolition de la peine de mort au Cameroun en préparation à l'initiative de l'Ong Droit et paix,…

Un forum pour l’abolition de la peine de mort au Cameroun en préparation à l’initiative de l’Ong Droit et paix, qui dévoile son plaidoyer

Le Cameroun et la communauté internationale ont commémoré la onzième édition de la journée mondiale contre la peine de mort le 10 octobre 2013. A l’occasion, l’association Droit et paix de Maître Nestor Toko, avocat au barreau du Cameroun, a donné une conférence de presse à la Maison des jeunes de Bépanda, au lendemain de la célébration mondiale contre la peine de mort. Il était question de dire ce que l’Ong entend faire pour l’abolition de la peine de mort au Cameroun. Pendant que la situation alimente sérieusement la chronique ailleurs et que les résolutions sont perceptibles, le Cameroun n’en fait même pas allusion et continue à condamner ses citoyens à mort, « alors que sa constitution garantit à toute personne, sans distinction, le droit à la vie et à l’intégrité physique et morale ainsi qu’un traitement humain en toutes circonstances.» La même constitution stipule que « nul ne peut être soumis à la torture, à des traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Le code pénal, quant à lui, en ses articles 22 et 23, prévoit comme sanction ultime, « la peine de mort à toute personne qui a été reconnue coupable d’une infraction qualifiée de crime, au cours d’un procès. Dans son exécution, la peine de mort conduit à la suppression de la vie humaine », regrette le président de l’Association Droit et paix. Sur la norme juridique, la peine de mort roule à contre sens de la constitution du Cameroun, « et ce faisant les juridictions camerounaises ne devraient plus la prononcer », pense Maître Nestor Toko.

La peine de mort est inutile
Le Cameroun est appelé à imiter d’autres pays, à l’instar de la cour constitutionnelle hongroise dans sa déclaration du 24 octobre 1990, qui pensent que « la peine de mort constituait une violation du droit inhérent à la vie et à la dignité humaine garantit pas la constitution », ou encore la cour constitutionnelle sud-africaine qui a conclu le 6 juin 1995 que « la mort était incompatible avec l’interdiction des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants prévus par la constitution ». Le pays de Paul Biya devrait s’inspirer de la cour constitutionnelle ukrainienne qui « a déclaré inconstitutionnelle la peine de mort, appliquée en vertu de la législation nationale, et a annulé les lois la prescrivant ». Le Cameroun fait partie des 58 Etats dans le monde qui appliquent toujours la peine de mort. Son couloir de la mort compte 77 candidats actuellement dans l’attente de leur exécution dans les prisons camerounaises. Et pourtant, le pays est sans ignorer que la mort des criminels coupables ne protège pas la société. En plus, les arguments que développent ceux qui l’appliquent sont assez fragiles, ils ne reposent sur aucun fondement « car aucune étude crédible ou enquête n’a été menée sur le soutien populaire à la peine de mort », explique l’avocat qui constate par ailleurs que « le gouvernement du Cameroun n’a pas fait des efforts pour éduquer le public à l’effet et l’efficacité de la peine de mort, afin qu’il ait une meilleure compréhension des arguments en faveur de l’abolition ou les obligations du Cameroun au regard du droit international des droits humains ». D’où l’urgence du « Forum pour l’abolition de la peine de mort » prévu du 30 novembre 2013 au 10 avril 2014 au Cameroun.


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