Les députés tablent sur un projet de loi au moment où des économistes s’interrogent sur la pertinence de cette démarche
Des contraintes, des insuffisances et des anomalies de divers ordre ont généré un rallongement du processus de recrutement, il s’agit notamment des erreurs volontaires ou involontaires commises par certains candidats lors du remplissage de la fiche de candidature. C’est en ces termes que le ministre de la fonction publique qui était face à la presse a justifié le report du recrutement des 25000 jeunes à la fonction publique. Le débat autour de cette opération ne finit pas d’alimenter les conversations. Après sa sortie de la semaine dernière, sortie au cours de laquelle le ministre de la Fonction publique a ainsi évoqué un ensemble de manquements qui obligent les pouvoirs publics à reporter le processus. La polémique s’oriente davantage vers l’enjeu économique de cette opération, ce d’autant plus que la session extraordinaire de l’Assemblée nationale qui s’ouvre ce mercredi devrait aboutir à la mise à disposition d’une ligne budgétaire qui permettrait au gouvernement d’avoir des ressources nécessaires pour financer les salaires des futures recrues.
Le Cameroun innove en matière de gestion budgétaire
Pour Paul Alphonse Soppo ancien député et expert financier ce sera une grande première «de mémoire de parlementaire on ne l’avait jamais fait, comme le Cameroun aime innover ce sera certainement une innovation mais de mémoire de parlementaire on prévoit toujours. Faire des rallonges au cours de l’exécution du budget je le redis en réalité on ne l’a jamais vu, maintenant comme c’est un besoin exprimé par l’état le tour de force sera-t-il possible? Retenons que sur le plan règlementaire on ne l’a jamais vu» insiste -t-il. Au-delà de cette innovation le député pense que cette man uvre à défaut d’être extrêmement délicate serait impossible «ma surprise vient de ce que cette ligne budgétaire n’ait pas été prévue, parce que 5 milliards par mois sur les 6 qui restent ça fait une bagatelle de 30 milliards.
Qu’on commence à bousculer l’Assemblée alors cette opération semble n’avoir pas été prévue au départ, je trouve que c’est inélégant» poursuit l’ancien parlementaire. Lors de sa sortie médiatique le ministre Emmanuel Bondé de la Fonction publique a néanmoins tenu à dire que ce recrutement spécial se fera bel et bien «c’est le lieu de rassurer les candidats et toute la communauté nationale et internationale sur l’effectivité du recrutement spécial et la volonté du gouvernement de conduire ce processus à terme dans l’objectivité, la transparence et surtout la sérénité». Face à cet entêtement les économistes pensent qu’au demeurant le gouvernement pourrait trouver des ressources hors budget pour soutenir cette opération, c’est du moins l’une des hypothèses avancées par Paul Alphonse Soppo «les 25000 emplois sont en fait une charge supplémentaire, si le gouvernement ne compte que sur le budget pour les financer, cette marge de man uvre est très très étroite». En attendant de voir plus clair sur les initiatives des pouvoirs publics en faveur de cette opération, Emmanuel Bondé invite les uns et les autres à plus de patience parce qu’en fait il faudrait attendre au plus tard le 31 décembre 2011 pour le dépôt du rapport qui permettrait de déterminer les candidats retenus.
