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Cameroun: Des hypothèses pour éviter le report des élections présidentielles

Une partie de l'opposition met la pression, mais une voie de sortie existerait pour le régime au pouvoir, en vue…

Une partie de l’opposition met la pression, mais une voie de sortie existerait pour le régime au pouvoir, en vue de contourner l’exigence d’un report

Une demande de report justifiée par certains partis
La question d’un report probable des élections présidentielles au Cameroun anime une grande partie de la classe politique. Ces derniers mois, elle a souvent été au centre des discussions dans certains partis de l’opposition. C’est le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM) d’Anicet Ekane, associé à plusieurs autres partis, qui a posé le problème sur la scène publique. Ils ont émis l’idée d’une période transitoire de trois ans, qui devrait permettre de préparer normalement les élections de manière à ce qu’elles soient transparentes et légales. Dans les rangs du Social Démocratic Front (SDF) de John Fru Ndi, on ne demande pas expressément le report, mais les exigences que ce parti d’opposition formule, sont telles que leur mise en application devrait prendre un certain temps, et qui pourrait aller au-delà de la date constitutionnelle prévue pour les élections. Le SDF continue de réclamer la refonte des listes électorales et dénonce l’influence du régime au pouvoir, sur Elections Cameroon (ELECAM), la structure en charge d’organiser l’élection et ce, malgré l’élargissement du conseil électoral de cette instance de 12 à 18 membres. Ce parti réclame aussi des cartes d’électeurs biométriques et un scrutin à deux tours. Tout en évitant le terme boycott, le SDF indique cependant que si ses exigences n’étaient pas prises en compte, il ferait tout pour empêcher la tenue de la prochaine élection présidentielle au Cameroun. Autre argumentaire en faveur du report, l’impossibilité déclarée par certains observateurs, pour ELECAM, de parvenir à l’inscription de près de 10 millions de camerounais, représentant 50% au moins de la population. L’institution a récemment annoncé la présence de 7 millions d’inscrits, mais elle reconnait aussi que les listes doivent faire l’objet d’un toilettage. Malgré l’envoi d’une mission pour les inscriptions des camerounais résidant à l’étranger, des experts pensent impossible, voir irréaliste, de pouvoir atteindre le chiffre de 10 millions d’inscrits avant la fin de ce mois d’Août, date limite des inscriptions sur les listes électorales.

Paul Biya dos au mur ?
Ce débat se poursuit alors que le président de la république n’est pas encore rentré, depuis sa sortie du Pays pour un voyage officiel en Chine, et que la date des élections reste inconnue. Mais au sein de son parti, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), la question ne se pose pas. Même si en interne on n’a pas encore officiellement désigné Paul Biya comme candidat, de nombreux indices semblent indiquer qu’il y aura élection, et qu’il sera candidat. D’abord en début d’année, de millions de camerounais ont reçu un message de meilleurs v ux par téléphone, chose rare pour un président qui communique difficilement. Ensuite des observateurs semblent voir dans la promesse de recrutement de 25 000 jeunes un de ces indices. Le fait le plus marquant est l’activisme qui règne aujourd’hui au sein de ce parti. Il y a quelques temps on a procédé à l’élection des responsables de bureau pour les nouvelles cellules créées au sein du parti. Depuis près de deux semaines, on y prépare activement des conseils nationaux pour les sections jeunes et fémmes. Les pontes du parti doivent logiquement être au courant du calendrier électoral. On s’y prépare donc à positionner le « candidat naturel », à savoir Paul Biya. Cependant, il y a beaucoup de choses à régler. Le débat sur l’illégalité d’une candidature du président sortant a très récemment alimenté la classe politique. D’un autre côté, certains médias ont très vite apporté des arguments qui démontrent que l’homme lion est aujourd’hui lâché par l’occident. Des observations des Etats-Unis, des tensions qui existerait avec la France, et l’appel de la plupart de ses partenaires internationaux à des élections légitimes et transparentes. Or dans les circonstances actuelles du débat sur la légalité de sa candidature, la situation semble complexe. En présentant sa candidature, Paul Biya risque d’ouvrir en même temps la porte à des protestations légales et légitimes.

Une voie de sortie existante pour le régime au pouvoir
Pour une fois le camp du président Paul Biya ne surprendra personne. Après un long débat, il a finalement admis le droit de vote pour la diaspora, mais dans un délai suffisamment proche pour empêcher une véritable mobilisation. Il pourrait en faire de même pour sa candidature. Les lois constitutionnelle et électorale lui offrent une bonne possibilité de sortie par rapport à la légalité de sa candidature. Le mandat du président Paul Biya s’achève le 11 octobre 2011. Il avait été réélu le 11 octobre 2004 pour un mandat de sept ans. Ceci après son élection le 11 octobre 1992. Mais la pratique institutionnelle fait que le président a très souvent officiellement pris fonction début novembre. Ce qui crée une distinction entre l’expiration du mandat du président et celle de ses pouvoirs en qualité de président de la république. Ainsi, si son mandat non reconductible arrive à son terme le 11 octobre prochain, ses pouvoirs eux, devraient se poursuivent en principe jusqu’au 03 novembre 2011, soit exactement une marge de 22 jours. La déclaration de candidature de Paul Biya pourrait ainsi avoir lieu en toute légalité entre le 12 et le 13 octobre, et le corps électoral convoqué obligatoirement dès le 14 du même mois. Cette projection résoudrait la question la non application de la modification constitutionnelle. Son mandat étant épuisé, la pratique institutionnelle lui permet de conserver les pouvoirs nécessaires pour convoquer le corps électoral. Dans le même temps il sera possible de prolonger les délais d’inscription sur les listes électorales pour obtenir la mase critique des électeurs. Cette hypothèse reste cependant à l’épreuve de l’imprévisibilité de la vie politique au Cameroun.

Les élections présidentielles animent la vie politique au Cameroun
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