Les pays membres de cette association sont à Yaoundé pour réfléchir sur la déplorable situation du coton Africain
Réflexion sur la crise du coton africain
La rencontre qui a officiellement débuté ce jeudi 11 mars 2010, connait la participation de quelques vingt-deux pays, représentés par des producteurs, transformateurs, exportateurs, négociants, banquiers, assureurs et administrateurs intervenant dans la filière coton des pays membres de l’ACA. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la 8e Assemblée Générale de l’Association cotonnière d’Afrique (ACA) qui se tient jusqu’à ce samedi 13 mars 2010. Une rencontre renforcée par la célébration des journées africaines du coton. Les travaux se déroulent dans un contexte où la filière coton subit l’une des plus graves crises de son histoire. Les travaux devraient permettre d’aboutir à la mise en uvre des stratégies plus efficaces pour donner au coton africain toute la place qu’il mérite sur le marché international, a déclaré Ahmed Bachir Diop le président de l’Association cotonnière d’Afrique, qui rajoute qu’il est question de redonner l’engouement aux producteurs locaux en diversifiant leurs revenus, repenser de nouvelles techniques de production en mettant à contribution les biotechnologies. A ce sujet, l’utilisation des semences OGM (organismes génétiquement modifiés), déjà effective au Burkina Faso avec des résultats probants, est une piste sérieuse dans l’optique de l’augmentation des rendements.
Une crise aux causes complexes
Plusieurs raisons peuvent expliquer la crise que traverse le coton africain. Bien qu’il soit moins cher à produire, le coton africain subit la concurrence du coton en provenance des Etats-Unis qui lui est subventionné. Les 25000 producteurs américains reçoivent du gouvernement américain plusieurs milliards de dollars pour soutenir les exportations et compenser les pertes lorsque les cours sont trop bas. Ainsi, les Etats-Unis monopolisent près de la moitié des exportations mondiales et provoquent la baisse des cours du coton. Les Africains qui produisent déjà peu cher sont obligés de vendre en dessous de leurs coûts de production et assistent impuissants à la paupérisation de leurs populations et du même coup à une remise en cause des projets de développement. Autres raisons, les Chinois qui ont besoin de fibres de coton pour leurs industries textiles, préfèrent se fournir aux Etats-Unis (qui sont aussi leur principal débouché pour leurs exportations textiles). Enfin, la friperie constitue une vraie concurrence pour le coton africain. Ces vêtements de seconde main (qui viennent des greniers des pays développés sous la forme d’aide humanitaire) envahissent les marchés aux dépens des productions locales. Selon des experts, l’approvisionnement en vêtements auprès de la friperie fait perdre des parts de marché de près de 69% au coton africain.
Maîtriser les pertes
Pour sortir de l’impasse, certains pays africains tentent de développer l’industrie textile alors que d’autres estiment qu’il faudrait plutôt renforcer l’appareil de production en prenant en compte la biotechnologie, notamment l’expérimentation du coton transgénique. L’enjeu de la rencontre de Yaoundé est grand. 37 pays africains au total produisent du coton pour près de 100 sociétés d’égrenage et 20 millions d’agriculteurs. Pour sa part, Iya Mohamed le Directeur général de la Société de développement du coton au Cameroun (SODECOTON), a déclaré se pencher dans l’urgence sur la gestion des pertes. Il faut diminuer le coût de la production d’abord, et on ne peut le faire sans jouer sur les coûts des intrants agricoles. A ce sujet, l’Etat a compris la situation et est en train de nous accorder des subventions. Nous avons ainsi reçu 4 milliards de FCFA cette année sur 6,5 milliards inscrits dans le budget de 2010. Nous avons d’ores et déjà encaissé 4 milliards qui ont été versés immédiatement aux producteurs pour leur permettre d’atténuer le coût des intrants agricoles, qui ont connu quand même une augmentation exponentielle a-t-il expliqué face à la presse.
