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Cameroun : interdiction des débits de boissons dans les lieux de deuils

Le Sous-préfet de Mbankomo, ville située à environ 25km du centre-ville de Yaoundé, vient de signer une décision portant interdiction…

Le sous-préfet de Mbankomo interdit les débits de boissons aux lieux des deuils

Le Sous-préfet de Mbankomo, ville située à environ 25km du centre-ville de Yaoundé, vient de signer une décision portant interdiction des débits de boissons dans les lieux des obsèques sur son territoire.

« Est interdit à compter de la date de signature de la présente décision (…) l’installation spontanée des débits de boisson de fortune et ou la vente des boissons alcoolisées à proximité des lieux de deuils ou des obsèques ». C’est la substance d’une décision en date du 04 février 2022, signée du sous-préfet de l’arrondissement de Mbankomo, département de la Mefou et Akono, région du Centre.

L’administrateur civil principal Cosmas Thierry Nama nommé par décret du président Paul Biya du 18 décembre 2020, prend cette décision « pour sauvegarde de l’ordre  public », mentionne le texte. Le chevalier de l’ordre de la valeur invite par  conséquent les forces de maintien de l’ordre de son unité de commandement de veiller à l’application de cette décision.

L’arrondissement de Mbankomo n’est pas un cas isolé au Cameroun. En général, la plaie est profonde. Dans un tel contexte, l’on s’interroge sur la mise en œuvre effective d’une telle décision. En effet, les lieux de deuils se transforment de plus en plus en lieux de fête et de débordements de toute forme. Pendant ces cérémonies funestes, la tristesse tend à laisser la place aux réjouissances. Il suffit de voir la consistance des buffets lors de la collation pour s’en convaincre.

De plus, ces rassemblements sont devenus des marchés spontanés. Les riverains profitent de l’arrivée des personnes en vue de la cérémonie de requiem pour écouler les marchandises. Les produits échangés sont de plusieurs ordres. Il s’agit des produits agricoles comme le plantain, la banane, le macabo, les bâtons de manioc et d’autres.

Mais il s’agit aussi et surtout des boissons alcoolisées. A cet effet, les vendeurs prennent d’assaut les lieux des obsèques. Pour se faire plus d’argent, ils ramènent les débits de boissons vers les consommateurs. En ville comme en campagne, les mentalités ont ainsi changé et de nouvelles expressions telles « grand deuil », « pleurer le deuil » sont apparues.

« Pleurer le deuil » c’est se réunir autour des bouteilles de bière, du vin ou du vin de palme au point de partager un verre. Ceux qui sortent un peu lucides de cette partie arrosée rentrent avec le reste d’alcool. C’est lorsqu’une personne a consommé à satiété qu’elle peut apprécier l’organisation de la cérémonie. Elle peut donc conclure « ces enfants ont bien pleuré leur père (leur mère) ».