«Le gouvernement est serein et sait parfaitement où il va. Mais il ne peut accepter de se plier au jeu de M. Marafa, qui a déporté les débats des tribunaux sur la place publique»
Pour la première fois depuis la publication d’une première et ensuite de trois autres lettres attribuées à Marafa Hanidou Yaya aujourd’hui en détention, le ministre Issa Tchiroma de la communication dont le nom a souvent été évoqué, a réagi sur la question, face à des journalistes camerounais. Monsieur Tchiroma a dénoncé la tentative de déstabilisation qu’il percevait derrière ces publications. « Je voudrais dire à ceux qui sont tapis dans l’ombre, notamment le ministre Marafa, que la paix n’est pas une variable au Cameroun, mais qu’elle est une réalité et que les camerounais l’ont intégré, et donc son discours n’aura aucun impact sur eux. A tous ceux qui sont les gardiens du temple et qui sont conscients de ce que le chef de l’Etat a mobilisé toute la nation dans la direction que nous connaissons, à savoir celle de la construction de la richesse. Or que cherche le ministre Marafa ? Il cherche à utiliser la presse comme le piston d’un pistolet qu’on poserait sur la tempe pour se tirer une balle. Il cristallise l’attention sur lui pour que cette marche que nous avons entreprise s’arrête pour ne suivre que son affaire, et vous les journalistes vous jouez à ce jeu-là » a-t-il fait savoir. Il a rajouté que le gouvernement avait une stratégie mais ne pouvait la dévoiler et a recommandé à la presse de « froisser » toute lettre qu’elle recevrait de l’ancien ministre d’Etat. Le ministre Tchiroma s’est enfin étonné de ce que de nombreuses personnes prennent plaisir à entretenir la série Marafa, alors que la lutte contre la corruption semble voulue par tout le monde. « On ne peut pas faire que chaque fois qu’on arrête quelqu’un, il dit que c’est parce qu’il a des ambitions. Cela n’a pas de sens, la question est de savoir si un problème se pose avec l’affaire des avions, c’est dessus qu’il faut faire des investigations », a exhorté le ministre Tchiroma.
Sur une interpellation de la journaliste Suzanne Kalla Lobe, Issa Tchiroma s’est aussi refusé à admettre que le gouvernement paniquait tout autant qu’il avait eu une réaction dispersée. « Le gouvernement est serein et sait parfaitement où il va. Mais le gouvernement ne peut accepter de se plier au jeu de monsieur Marafa, qui a déporté les débats des tribunaux sur la place publique. Je ne peux admettre que chaque fois qu’un journal écrit, sur la base de ces lettres, que Issa Tchiroma a volé, que je monte au créneau pour répondre à sa convocation. Je refuse de rendre compte devant les journalistes, parce qu’ils ne sont pas des juges, il existe une justice dans ce pays. D’un autre côté la presse semble être devenue un lieu de confession, où toute personne épinglée par l’affaire Marafa doit se confesser, et cela on ne peut l’admettre », a répondu le ministre de la communication. Le « porte-parole du gouvernement » a aussi minimisé l’affaire, disant que cela passera. Pourtant depuis le début de l’opération « épervier », c’est la première fois qu’un des prévenus focalise autant l’attention et suscite autant de réactions. Le gouvernement a cherché à répondre à Marafa, par médias interposés, d’abord dans les chaines d’Etat, avec des interventions de monsieur Fame Ndongo, le ministre de l’enseignement supérieur et responsable de la communication du parti du président (RDPC). Il y a aussi eu des publications insultantes à l’endroit du ministre Marafa dans des journaux notoirement réputés d’être manipulés par des hommes de pouvoir. Par ailleurs, en ouvrant les travaux de la session parlementaire, le président de l’assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril a lui aussi évoqué l’affaire indiquant être « surpris par la fuite en avant, voire l’amalgame orchestrée par certains prisonniers de cette Opération, qui s’abîment dans des man uvres tendant à transformer en dossier politique ce qui pourtant aux yeux de tous, relève du droit commun», mais sans citer nommément le ministre Marafa. Selon le magazine « Jeune Afrique », l’ancien ministre d’Etat qui n’a toujours pas démissionné de son parti (RDPC) aurait promis de publier 500 pages de documents.
