La cérémonie d’installation du nouveau dirigeant a eu lieu jeudi matin
Rien en la matinée du jeudi 18 juin ne laissait prévoir une telle accélération des évènements. La session extraordinaire convoquée le matin même à douala au siège de la SCDP (société camerounaise des dépôts pétroliers) avait un point unique à l’ordre du jour : la communication du président du Conseil se résumant en l’annonce de la nouvelle de la désignation de M. Gaston Eloudou Essomba, cadre à la société nationale des Hydrocarbures. Cette décision mettait fin à plusieurs années passées sous la direction Nguini Effa. Selon une source que rapporte l’agence AGA MEDIAS, le dénouement s’est décidé, un peu comme par surprise mercredi après midi. Convoqué à Yaoundé à la présidence de la république, le Président du Conseil d’administration aurait été instruit de convoquer en urgence et en toute discrétion les administrateurs de la société des dépôts pétroliers (Scdp) pour une session extraordinaire du Conseil d’administration le jour suivant. C’est en fin de soirée que la lettre de la présidence de la république comportant le nom du nouveau patron, en remplacement de Jean Baptiste Nguini Effa, lui aurait été remise. Il l’aurait découverte comme tous les autres administrateurs le matin de sa communication.
Cette situation intervient alors que Jean Baptiste Nguini est sous investigations administratives et judiciaires, pour sa gestion très critiquée de l’entreprise en charge des dépôts pétroliers. Lui qui y a passé plus de 10 ans, avait en effet été reconnu coupable par le Conseil de discipline budgétaire et comptable « CDBF) en décembre dernier de 25 fautes de gestion. La même instance du Ministère délégué à la présidence en charge du Contrôle supérieur de l’Etat – elle est chargée de vérifier, sur le plan administratif, la régularité des actes posés dans la gestion des crédits publics -, lui avait reproché d’avoir par divers moyens, fait perdre près d’un milliard de Fcfa à la structure dont il avait la charge. L’opinion publique avait été bien surprise qu’après de telle charge il soit toujours maintenu à la tête de la structure.
D’autant que, contre toute attente, le conseil d’administration suivant qui s’était tenu en mars 2009, après cette décision parlante du CDBF, n’avait pas mis fin aux fonctions de cette personnalité à la tête de l’entreprise publique. En effet, face à l’insistance des représentants du secteur privé pour au moins une mesure conservatoire, – telle la suspension de signature au Dg reconnu fautif -, les représentants de l’Etat au sein de cet organe avaient estimé ne pas pouvoir y donner suite faute d’avoir reçu des instructions de leurs hiérarchies dans un tel sens. Ce qui bien entendu avait suscité de nombreux commentaires et surtout de la consternation dans la plupart des journaux de la place.
Le site icicemac qui publie l’information précise par ailleurs que ce limogeage de M. Nguini Effa survient dans un contexte politique trouble: il y a cette affaire de « mémorandum » dit des « Bétis ». Elle fait actuellement, depuis sa publication il y a trois semaines par La Météo, un journal connu pour ses entrées à la Scdp, de vagues. En dénonçant l’opération Epervier qui décimerait les meilleurs des cadres « Bétis », il a laissé apparaître une once de chantage au chef de l’Etat camerounais dont on dit qu’il a la haute main sur le processus de mise en accusation de ses anciens camarades et collaborateurs réputés avoir au moins des cadavres économiques dans les placards. Du coup certains sources ont perçu derrière ce mémorandum non signé la main soit de personnalités de cette aire sociologique détenues dans le cadre de cette opération, soit plus certainement, celles d’entres elles qui, encore en position de gestion des rentes publiques mises à profusion à leur disposition, craignent d’être rattrapées à leur tour par leur passé de gestionnaire douteux.
