Le musicien, chantre de l’assiko moderne, est décédé ce 23 juillet 2010
Décès survenu au cours d’une intervention chirurgicale
L’artiste Jean Bikoko Aladin est mort de suite d’une intervention chirurgicale à Yaoundé, la capitale camerounaise. Il souffrait de zona, nous avons soigné pendant longtemps à Esaka, mais ils nous ont dit que la situation devait être suivie à Yaoundé, a déclaré sa fille, Aladine Bikoko. L’artiste souffrait de cette maladie, qui brûle la peau. Toujours selon sa fille, c’est au moment où on l’a emmené pour lui faire subir une chirurgie que l’artiste est décédé. Jean Bikoko était âgé, et avait effectué une tournée en Europe l’année dernière. L’annonce de sa mort continue de susciter une vive émotion dans l’univers des artistes. c’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris la mort du doyen jean Bikoko, il laisse un grand vide dans l’univers musical camerounais ; comme vous le savez sa musique a inspiré de nombreux jeunes chanteur camerounais, donc c’est une nouvelle vraiment triste, a affirmé Odile Ngaska, la présidente du conseil d’administration de la structure en charge des droits d’auteurs musicaux au cameroun. Auteur, compositeur et interprète, Jean Bikoko Aladin faisait partie des doyens de la musique camerounaise. Il est celui qui le premier, a rendu commercial un rythme particulier dansé en pays Bassa au cameroun, l’Assiko. Malgré la force de l’âge, il chantait encore et donnait des concerts. Il est revenu sur le devant de la scène, grâce à l’enregistrement de nouveaux titres en 2003 et une tournée en Europe à l’été 2009, qui l’a emmené au zénith à paris et en Belgique. L’un des derniers concerts, une vraie réussite, c’était au zénith de Paris en 2009, à l’invitation de la communauté camerounaise. Les spectateurs présents étaient unanimes, le chanteur avait retrouvé la fougue d’un garçon de 20 ans dès qu’il est monté sur scène; son jeu de guitare était de leurs avis resté intact. Jean Bikoko laisse derrière lui un vaste héritage musical.
Une carrière dense
Jean Bikoko Aladin débute sa carrière musicale en écoutant Albert Dikoumé, considéré comme l’un des précurseurs de l’assiko contemporain. Il se fabriquera alors lui-même une guitare qui devient sa principale attraction et commence à jouer le soir dans des bars et des cabarets. Plus tard, il ira à Douala où un jour, il rencontre le guitariste Alexandre Ekong qui lui donne sa chance en l’introduisant à la radio. Le public apprécie et c’est le début de la carrière de Jean Bikoko Aladin. Quelques mois plus tard, en 1950, son premier 45 tours, « Mbimba/koo wada a man lolo » sort, sous le label Afrique ambiance. Plus tard, il monte son orchestre baptisé «Jean Bikoko et ses Hetlers». Son 2ème album, « Wanda ntet », traverse les frontières du Cameroun. Jean Bikoko qu’accompagne son groupe est alors invité à jouer dans plusieurs pays africains. La renommée de Jean Bikoko Aladin continuera de s’accroitre. Il aura assuré les premières parties de Tino Rossi, Claude François, Johnny Halliday, Sylvie Vartan. Il est l’auteur de plusieurs titres à succès dont « Di yanna » et « Hiki djam ligwe nguen ». En 2003, il réalise « Um Nyobo » pour rendre hommage au nationaliste camerounais Ruben Um Nyobè. En 2008, il sort « Assiko story ». En juin 2010, son titre « Kon y bi kon » est inscrit dans la compilation de musique « Un taxi pour Yaoundé ». Ses dernières années, Jean Bikoko Aladin les a vécus à Eséka. Il laisse derrière lui des artistes prêts à porter haut le flambeau de l’assiko, à l’exemple de Kon Mbogol. c’est notre baobab qui est tombé mais nous nous devons de continuer son uvre, a-t-il déclaré sur les ondes de la radio nationale

Une fin de carrière difficile
A la fin de sa carrière l’artiste a vécu des moments difficiles. Il est l’un des rares artistes musiciens camerounais qui ait vécu sa cinquantième année de professionnalisme. Une occasion qu’il n’a pas pu célébrer. J’ai essayé de tendre la main au gouvernement pour m’aider dans cette tâche. Je n’ai jamais reçu de réponse. Il y a des artistes qui fêtent des anniversaires de leur carrière avec l’aide financière du gouvernement mais moi, on m’a abandonné. Nous ne sommes plus que deux au Cameroun. Anne Marie Ndzié et moi. Elle a fêté avec faste ses soixante ans de carrière en novembre dernier (2009). J’ai envoyé ma fille plusieurs fois rencontrer les responsables du ministère de la culture à Yaoundé sans succès a-t-il déclaré, alors qu’il est interviewé par le site camer.be. Le King of Assiko comme on le surnommait dans son milieu avait ces dernières années revisité son rythme lui apportant de nouvelle retouche. Une initiative qu’il attribuait à la nécessité évidente de s’adapter aux évolutions des cultures et du monde. A l’ancienne époque l’Assiko était joué en acoustique (guitare, bouteille, fourchette), j’ai innové en accélérant la rythmique avec l’introduction de la guitare électrique, la contrebasse et les tambours, aimait-t-il souvent à dire.
Aucune information n’a été donnée pour l’heure, sur l’organisation de ses obsèques.
