Cameroun : Jean Jacques Ekindi en quête d’un portefeuille ministériel ?

Le 30 avril 2020, Jean Jacques Ekindi, le coordonnateur du Mouvement progressiste, a annoncé sa démission de son parti pour…

Le 30 avril 2020, Jean Jacques Ekindi, le coordonnateur du Mouvement progressiste, a annoncé sa démission de son parti pour retourner au RDPC. A 75 ans, n’a-t-il pas joué sa dernière carte politique ? Son ralliement au parti au pouvoir laisse penser qu’il lorgne un poste gouvernemental

 

Jean Jacques Ekindi vient d’écrire une nouvelle page dans sa vie politique assez tumultueuse. L’homme politique, qui a soutenu la candidature de Paul Biya à la dernière élection présidentielle, estime que la configuration actuelle de l’Assemblée nationale avec moins de 40 députés de l’opposition et 140 députés pour le RDPC : « n’est pas en mesure de faire front aux défis existentiels du Cameroun ». Et tenant compte de l’incapacité des partis d’opposition de s’unir pour une alternance efficace et harmonieuse, ce sont ses motivations qui ont été décisifs dans sa prise de décision de rejoindre les rangs du RDPC, « comme militant de base ».

Entre autres raisons qui l’ont également poussé à prendre cette décision, le chasseur de Lion comme il se faisait appeler, cite : « la rébellion armée dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la menace Boko Haram qui persiste à l’Extrême-Nord, l’instabilité frontalière à l’Est, la pandémie du Covid-19… ». Il indique qu’une convention de son parti se tiendra afin que chaque membre choisisse « sa destinée politique en toute liberté », a conclu l’ex-vice-président de l’Union nationale des étudiants camerounais.

Ce polytechnicien, également diplômé de l’École des mines de Paris, n’est pas à son premier revirement politique. Il est connu pour ses coups de gueule et son courage lorsqu’il s’agit de défier le pouvoir. Contestataire né, le mouvement de mai 1968 en France trouve en lui un véritable écho. Outre ses prises de position et son militantisme au sein de l’UPC, il ne fait aucun doute que sa prise de parole tranchante à une session de la commission nationale des bourses en 1970 à Yaoundé, lui vaut d’être appréhendé par la police politique et incarcéré à la fameuse Brigade Mobile Mixte de Yaoundé. Jugement rapide du Tribunal militaire de Yaoundé, Jean-Jacques Ekindi est inculpé pour subversion et atteinte à la sûreté de l’État. Il est condamné à cinq ans d’emprisonnement avec un sursis de trois ans et une amende. Il effectuera seize mois de prison ferme à Yaoundé et à Batouri, sous le régime de « l’assignation à résidence dans la prison ».

Chasseur du Lion

Au début des années 1980, après un séjour en France, il rentre à Douala et, en mars 1985, adhère au RDPC. Ici, il sera plusieurs fois frustré. En pleine opération « villes mortes », il quitte le parti présidentiel pour créer le Mouvement progressiste le 21 mai 1991. Pour la première fois, il s’oppose à Paul Biya lors de la présidentielle de 1992 et acquiert ainsi son surnom de « Chasseur du Lion ». Les premières élections pluralistes du Cameroun sont très suivies. L’homme est charismatique, ses sorties sont médiatiques, ses coups de gueule marquent les esprits. Il fait montre de courage en défiant « l’homme lion » et ses forces armées. Mais, Il lui faudra attendre juillet 2007 pour être élu député à Douala, sa ville natale.

Sur le plan professionnel, depuis 2009, il est le principal promoteur, avec le soutien du gouvernement, de la Foire Internationale de Douala pour le Développement. Par ailleurs, il a vendu ses services à des entreprises françaises de grande renommée dès la fin de ses études, notamment le groupe Société Générale, puis chez Arthur Andersen en qualité de consultant, avant de se lancer dans les affaires.

Avant l’élection présidentielle d’octobre 2018 et même après, on l’a vu plusieurs fois arpenté les couloirs du Palais de l’unité. A-t-il su cette fois-ci négocier son ralliement ? Depuis, une rumeur laisse entendre qu’il lorgne un poste au gouvernement. Ce qu’il a toujours formellement démenti ! Mais la leçon est bien connue : en politique, plus qu’ailleurs, il ne faut jamais jurer de rien.