L’Association des Femmes et Filles de l’Adamaoua a officiellement lancé son projet de plaidoyer contre ce phénomène qui bafoue l’honneur et la dignité des femmes
Les mutilations génitales peuvent être définies comme des altérations morphologiques et/ou fonctionnelles affectant des structures corporelles participant à l’épanouissement de la sexualité. Elles consistent en une variété de pratiques allant de l’ablation du capuchon clitoridien (encore appelée circoncision sunna) à l’ablation plus ou moins étendue du clitoris et des petites lèvres. Toutefois, il convient de rappeler que si les autres formes d’excision sont pratiquées au Cameroun, tel n’est pas le cas de l’infibulation. C’est une pratique qui consiste en une ablation du clitoris et des petites lèvres assortie d’une fermeture presque complète de l’orifice vaginal par suture ou accolement cicatriciel des grandes ou des petites lèvres. Elle est encore appelée circoncision pharaonique ou soudanaise et n’existe pas au Cameroun.
D’après une étude récente menée par le ministère de la promotion de la femme et de la famille (MINPROFF), près de 20% de la population féminine des trois régions septentrionales du Cameroun et du Sud-ouest sont victimes des mutilations génitales féminines. Il s’agit des pratiques qui vont de l’excision au repassage des seins en passant par des scarifications sur des jeunes filles en bas âge. Les conséquences sur les plans psychologique et physiologique restent souvent irréversibles exposant ainsi les victimes aux multiples effets néfastes: Perte abondante de sang, frustration permanente, traumatisme, frigidité et prostitution chez la femme, risque d’infections pouvant même conduire au décès puisqu’elles ne se font pas toujours dans des conditions saines. Il s’agit là d’une violation de l’intégrité physique de la femme, car la nécessité thérapeutique constitue la seule dérogation légale au principe de l’indisponibilité du corps humain.
Ce sont toutes ces pratiques dégradantes et néfastes pour la jeune fille qui ont poussé l’Association des Femmes et Filles de l’Adamaoua (AFFADA) à déployer sur le terrain ses activités de plaidoyer. Il est question pour Mme Françoise Baba, présidente de l’AFFADA, de sensibiliser toutes les couches sociales sur un phénomène qui tend à se généraliser dans certaines parties du grand-Nord. Pour elle, la lutte contre les mutilations génitales est un combat de tous sans exclusive. Ce problème de mutilations génitales fait partie des violences qui sont exercées contre la femme depuis son berceau. Pour les éradiquer, il n’y a pas que la femme pour le faire, d’autant plus que ce phénomène concerne la dignité humaine. Ces mutilations génitales féminines sont pratiquées pour diverses raisons qui sont entre autres, la protection de la virginité de la femme, la lutte contre l’infidélité, le respect des prescriptions de la tradition et des religions.
Dans ce combat, l’AFFADA bénéficie déjà de l’appui de l’Union Européenne à travers le programme d’appui à la structuration de la société civile au Cameroun. Au cours de cette cérémonie qu’il a présidée, le gouverneur de la région de l’Adamaoua a rassuré l’AFFADA du soutien des pouvoirs publics dans ce noble combat qui vise à restituer à la femme et à la jeune fille toute sa dignité et son honneur. Pour lui, nous devons tout simplement la combattre en la dénonçant, car c’est une pratique honteuse au XXIème siècle.
