Les dirigeants disent vouloir mener à bien les projets structurants définis dans la loi des finances 2010
Une mesure qui s’imposait
Une intervention de force, c’est comme cela que certains observateurs qualifient la modification de la loi des finances 2010 du Cameroun, par une ordonnance du chef de l’Etat. Selon le texte présidentiel, le budget 2010 qui était initialement de 2 570 milliards de FCFA, est désormais porté à 2 520, 6 milliards de FCFA. Un ajustement de près de 50 milliards, a indiqué le ministre camerounais des Finances. Une décision cohérente et qui de l’avis des observateurs aurait dû intervenir depuis longtemps. Face à une exigence de croissance économique et dans le cadre d’une conjoncture difficile, il peut arriver que la conduite d’une politique budgétaire nécessite la constitution d’un capital humain et matériel qui lui-même doit être financé, d’où l’exigence d’une épargne nationale suffisante. Or cette épargne reste très faible. Le dernier rapport économique sur la balance des paiements a confirmé un solde largement négatif sur une période de 10 ans et qui devrait aller à la hausse cette année, avec le besoin des biens et services pour la matérialisation des projets dits structurants (Barrage de Lom Pangar, Port en eaux profondes de Kribi et autres). D’un autre côté, la loi des finances 2010 donnait à l’Etat, la possibilité de lancer un emprunt obligataire de 200 milliards de francs CFA. Pour des raisons diverses, l’opération n’a pas encore été lancée, et des analystes doutent de la capacité du Cameroun à lever la totalité de la somme voulu. Tout au plus on atteindra les 80 milliards de FCFA et même cela dépendra du taux d’intérêt offert par l’Etat et des garanties à tous les niveaux d’exécution de l’opération, mais il sera difficile d’atteindre les 200 milliards, pensent une partie des analystes financiers. La façon dont le budget a été réajusté semble confirmer cette thèse. L’Etat camerounais, par cette mesure politique d’ajustement budgétaire, montre bien qu’il a voulu favoriser considérablement la mobilisation des ressources en réduisant les dépenses les moins productives, pour les réaffecter là où on en aura le plus besoin, a affirmé Monsieur Essimi Menye lors de son entretien avec la presse sur ce sujet. 240 milliards de francs CFA initialement mis à la disposition des organismes publiques (administrations et autres institutions) dans la loi des finances ont été ainsi retranchés pour être réaffectés ailleurs, notamment sur les chapitres des interventions souveraines de l’Etat.
Près de 100 milliards de dépenses sociales réaffectées
Pour les observateurs, la mesure semble justifiée. L’année 2010 arrive à son terme et de nombreux projets structurants sont sensés débuter avant la fin de cette année, comme le barrage de Lom Pangar, le port en eaux profondes de Kribi ou encore la station thermique à gaz de la même ville. L’emprunt obligataire ayant pris du retard, l’Etat semble d’abord avoir voulu mobiliser les ressources nécessaires dans l’immédiat, vu l’urgence des délais qui restent avant le lancement de certains travaux. De ce point de vue, si les fonds affectés aux dépenses souveraines étaient utilisés dans la perspective de ces projets structurants, ce serait une chose profitable à moyen terme, à l’économie camerounaise. Selon le principe d’efficacité, les crédits réaffectés devraient être axés sur les domaines présentant les rendements le plus élevés pour l’économie et les secteurs qui sont de nature à moyen terme à stimuler fortement le secteur privé indiquent d’autres analystes financiers qui pensent que si cette action visait à renforcer la croissance des investisseurs dans la perspective très imminente du lancement de l’emprunt obligataire, le choix politique est bon. Seulement, le gouvernement n’a pas apporté des précisions sur l’utilisation des réaffectations budgétaires. On sait déjà que sur les 210 milliards environ réaffectés, seulement 37 milliards serviront pour à renforcer les interventions de pure investissements. 135 milliards seront ajoutés aux interventions de l’Etat sans aucune spécification, aux dépenses communes et aux participations. Des secteurs de pure souveraineté. Le gouvernement n’a pas clairement indiqué comment il comptait utiliser cet argent, surtout que dans le cadre des coupes budgétaires aux organismes, près de 100 milliards de budget d’investissement ont été retranché dans les secteurs de l’enseignement (éducation de base, enseignement supérieure et secondaire) de la santé et des travaux d’équipement. Un choix qui techniquement est assez dangereux. D’un autre côté, le gouvernement a retranché près de 125miliards sur les dépenses communes de développement. Les analystes redoutent que les réaffectations budgétaires servent à financer des dépenses à potentiel de valeur ajoutée quasi nul, comme le comice agropastoral qui s’annonce sur un échec et diverses autres célébrations en rapports avec les cinquantenaires de l’indépendance du Cameroun. CLe que le gouvernement réfute fermement. Bonne nouvelle tout de même, les autorités ont décidé d’augmenter de 40 milliards FCFA, la part d’argent réservé au paiement de la dette intérieure, portant le total à 320 milliards de FCFA.
