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Cameroun: Le coup d’envoi du Kolatier c’est ce mercredi 17 novembre

Stéphane Tchakam chargé de la communication de l'évènement nous en explique les différentes mutations et le programme de cette année…

Stéphane Tchakam chargé de la communication de l’évènement nous en explique les différentes mutations et le programme de cette année

On a connu la bourse aux spectacles d’Afrique Centrale, aujourd’hui le Kolatier est le marché des musiques d’Afrique. On imagine bien que ce n’est pas qu’une question de nom, qu’est ce qui a véritablement changé?
Vous l’avez dit, il y a deux ans encore, le Kolatier était la bourse aux spectacles d’Afrique Centrale. A cette époque là le Kolatier s’occupait de promouvoir les jeunes groupes d’Afrique centrale en musique, danse et théâtre. Cette année la mutation est d’importance parce que c’est carrément un marché des musiques d’Afrique. Ca veut au moins dire une chose, désormais le Kolatier ne s’occupe plus de danse et théâtre, il s’occupe uniquement de musique avec l’ambition de faire connaitre les jeunes musiciens, les jeunes groupes de toutes les parties du continent. Et pour quelqu’un qui suit un peu l’actualité culturelle sur le continent, ce n’est pas un hasard parce que voilà quelques années maintenant que le MASA a disparu et nous estimons que le Cameroun, Douala en particulier à une chance d’occuper ce créneau là.

Est-ce une bonne idée de mettre de côté la danse et le théâtre, est-ce qu’on ne parle pas déjà assez de musique comme ça sur le continent?
Mais avec quelle destination ! Si vous me disiez qu’on parle beaucoup de danse, de théâtre, de cinéma, d’art plastique, je vous dirais oui parce que ce sont des destinations connues. On connait Ouagadougou pour le cinéma, on connait Dakar pour les arts plastiques, on connait Cotonou pour le théâtre et je pourrais parler de la photographie également. Mais les destinations musicales en Afrique il n’y en a pas. Et le Kolatier aujourd’hui je l’ai dis a l’ambition d’occuper ce créneau là, mais avec une sorte de valeur ajoutée, c’est-à-dire que nous sommes dans un continent où les musiques et les spectacles ne circulent pas. Et c’est encore plus crucial pour les jeunes musiciens et les jeunes groupes. On n’est pas ici entrain de parler d’une Angélique Kidjo ou d’un Manu Dibango, nous parlons d’une Alima, d’une Sanzy Viany, etc, qui ne savent pas comment se débrouiller pour être connues, pour être entendues au-delà des frontières même seulement du Cameroun. Comment on fait pour qu’une Sanzy Viany puisse se produire régulièrement au Sénégal par exemple ou au Zimbabwe? La tribune pour que ce soit possible n’existe plus en Afrique. Et c’est l’ambition du Kolatier aujourd’hui.

Quand on dit marché, on voit un grand espace avec divers acteurs, qui retrouvera -t-on au marché des musiques d’Afrique?
C’est très répandu de penser que le Kolatier est un festival. La première nuance à faire c’est que le Kolatier n’est pas un festival, c’est un marché. Ca veut dire que c’est une plate-forme, pour reprendre la définition d’un marché, qui met ensemble acheteurs et vendeurs. Ici les acheteurs c’est tout ce que l’univers de la musique en Afrique compte de labels, de diffuseurs, de promoteurs, de managers, de tourneurs ou alors de responsables de festivals. Et en l’occurrence ceux qui viendront au Kolatier viendront de très loin et pas seulement d’Afrique, mais aussi d’Europe pour voir ce que la jeune création musicale africaine aujourd’hui propose. C’est une aubaine pour tous ceux qui sont intéressés par la musique. Ceux qui voudraient faire de la musique ou alors ceux qui y sont déjà mais qui, comme je l’ai dis ne savent pas comment faire pour être entendus. C’est le cas, surtout pour les jeunes malheureusement encore, qui manquent de formation et de professionnalisation. Le Kolatier leur donne l’occasion de venir à la rencontre des gens qui peuvent les aider à la fois pour trouver des circuits de diffusion et pour avoir des formations diverses et aussi se professionnaliser parce qu’évidemment vous le savez aussi bien que moi, ça manque cruellement sur notre scène musicale en particulier.

Quelle sera la particularité du Kolatier cette année?
L’essentiel évidement c’est encore le marché, avec à côté les spectacles, les shows cases comme on dit. Chaque artiste, chaque groupe aura l’occasion de se produire 30 minutes devant justement les acheteurs, ça c’est la première chose. Cette année pour la première fois, le Conseil International de la Musique (CIM) qui est l’organe consultatif de l’UNESCO en matière de politique musicale dans le monde entier tiendra son bureau exécutif à Douala. Depuis 1949 c’est la première fois que ces gens là viendront sur le continent. C’est quelque chose d’assez significatif. Au même moment le Conseil africain de la musique, son pendant pour le continent, sera présent chez nous. C’est dire que vous aurez sur la place de Douala environ soixante personnalités éminentes qui travaillent dans l’univers de la politique musicale à travers le monde. Mais évidemment ils se tiendront à la disposition du Kolatier dans la mesure où pour la plupart ce sont des experts en musique mais aussi des gens qui sont présents dans les circuits et les réseaux de distribution musicale.

On annonce plusieurs artistes tant locaux qu’étrangers, citez-nous quelques uns
Je vais commencer par les étrangers, vous aurez entre autres de jeunes artistes en provenance du Tchad, le groupe Kakaji, le groupe Alestone’s en provenance du Bénin, et plus surement en provenance de notre propre pays de jeunes artistes dont on a déjà entendu parlé quand même, dont Sanzy Viany et Z-Yang qui ce sont récemment alignés au concours Découvertes RFI, vous aurez Alima, Daniel Eog, vous aurez en provenance de Centrafrique et du Cameroun dans une certaine manière puisqu’elle vit chez nous, Idylle Mamba, et Carole Bakoto qu’on a eu l’occasion de voir au dernier MASSAO, je ne cite que quelques uns.

Où se tiendra le marché et comment y accèdera-t-on ?
Le marché se tiendra pour l’essentiel au Centre culturel français qui offre ses installations, on aurait voulu que le marché se tienne dans une arène beaucoup plus grande, la salle des fêtes d’Akwa en l’occurrence, malheureusement nous n’avons pas eu les autorisations nécessaires. L’occasion justement de dire qu’il est un peu dommage que les autorités de la ville de Douala, qui ont dans leur feuille de route le développement de la culture de leur ville, se tiennent en marge d’une telle dynamique. Le marché est ouvert, il est gratuit. C’est l’occasion d’en appeler à tous les professionnels locaux de la musique, que ce soit les jeunes chanteurs, les jeunes managers qui manquent toujours d’expertise, ils sont les bienvenus au Kolatier parce que dans les tous cas ils rencontreront quelqu’un qui peut les aider pour quoi que ce soit, en matière de musique.

Stéphane Tchakam
Journalducameroun.com)/n