Il est revenu sur cette question à l’ouverture de la 3e et dernière session 2010
Les ministres invités à mieux respecter les députés
Le discours du président Cavaye Yeguie Djibril de l’assemblée nationale a réussi à faire l’unanimité. Ouvrant les travaux de la troisième et dernière législature pour l’année 2010, il a soulevé la question du manque de respect de certains ministres à l’égard des députés de la nation.
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Cavaye Yeguie Djibril, président de l’assemblée nationale |
Cette question anodine d’apparence cache pourtant un profond malaise, qui touche toute l’activité parlementaire au Cameroun. Les membres du gouvernement n’ont pas souhaité commenter cette affaire. Le fait est que la fonction de député est parfois occupée par des personnes qui sur le plan politique, économique et social, n’ont de projets que très peu structurés. Lorsqu’ils rencontrent les ministres c’est généralement pour obtenir que soit exécuté dans leurs circonscriptions de législature, un marché public, qui souvent profite à un de leurs proches. Des attentions que les députés revendiquent de bonne guerre, puisque les projets de loi de finance du gouvernement ne font pas toujours l’objet d’un examen assez rigoureux. Interpellés depuis plusieurs années sur la question de l’excédent budgétaire cumulé du Cameroun par exemple, les députés ont toujours donné un blanc-seing aux responsables de département ministériel, espérant en retour quelques concessions. Ça marche comme cela dans tous les pays du monde, sauf qu’au Cameroun les députés font du lobbying pour leurs intérêts personnels, a commenté un observateur qui était présent dans la salle.
Un problème qualifié de secondaire par rapport à l’importance de la session
L’examen de la loi de finance 2011, sera le point important de cette session parlementaire. Mais le président Cavaye a déjà annoncé, la tendance sera à l’austérité. S’appuyant sur le fait que la crise économique née de la crise financière de 2008 continue à produire des effets pervers sur l’économie camerounaise, il a invité le gouvernement à faire preuve de réalisme dans les propositions qui seront bientôt soumises aux députés. Il a préconisé le même réalisme dans le processus de mise en place et de gestion de l’emprunt obligataire dont l’accord vient d’être signé entre le Cameroun et certaines banques locales. Le président de l’assemblée nationale a aussi abordé le cas Dieudonné Ambassa Zang, l’ancien ministre et député, qui sous le coup d’une levée de l’immunité parlementaire à quitté le pays. Le président de l’assemblée nationale a qualifié son attitude de fuite en avant. Cette session législative est l’une des plus importantes au Cameroun. Elle se déroule à la veille d’une élection déterminante. Elle se déroule aussi alors que la décentralisation est en plein processus d’achèvement, avec la compétence effective de certaines collectivités territoriales dans le domaine de la fiscalité. Elle se déroule enfin à un moment où le Cameroun est face aux délais qu’il s’était fixé pour résoudre un grand nombre de problèmes, notamment énergétiques, avec un déficit annoncé en 2011, industriels, avec de nombreux projets non encore débutés et financiers, avec la difficulté qui a été observée chez l’Etat à mobiliser une épargne nationale suffisante, afin d’impulser son développement. Pour cette raison, de nombreux observateurs estiment que le fait d’aborder le rapport entre les députés et les ministres au Cameroun, était certes pertinent, mais plus divertissant que crucial, dans le cadre d’une législature aussi importante que celle-ci
