Le technicien français doit abandonner le style défensif de Clemente, puis proposer un projet de jeu conquérant, en réglant les conflits
Si certains ex-internationaux camerounais, notamment Roger Milla et Patrick Mboma estiment que Denis Lavagne n’a pas le background nécessaire pour conduite le navire Cameroun, là n’est plus la question. Il faut aider le nouveau staff à remplir efficacement sa mission. En analysant compartiment par compartiment, le répertoire des footballeurs camerounais reste riche en talents. Reste à savoir les exploiter. Chez les gardiens de buts, Idriss Carlos Kameni, titulaire incontesté à l’Espanyol de Barcelone reste l’un des meilleurs portiers africains. Pour le suppléer, Guy Roland Ndy Assembé a déjà démontré en club et en sélection qu’il est de la trempe des meilleurs.
En charnière centrale, le Cameroun a un problème des riches. Nicolas Nkoulou, Stéphane Mbia, Sébastien Bassong, Aurélien Chedjou, Danny Noukeu, tous titulaires en club, (excepté le défenseur de Tottenham) ont depuis démontré qu’ils avaient le niveau international. Pourtant l’on devrait choisir que deux de ces joueurs. Le choix en défense centrale sera d’autant plus difficile à effectuer que Jean Armel Kana Biyik a dernièrement donné son ok pour endosser le maillot des Lions. Le Cameroun dispose également d’un effectif assez fourni de bons latéraux gauches; Benoit Assou-Ekotto, Gaétan Bong, Henri Bédimo Nsamé, George Elokobi, Antonio Ghomsi etc. Mais, à droite, il n’y a pas le pendant de ses talents. Depuis la retraite internationale de Geremi Njitap, le Cameroun est réduit à compter sur un joueur moyen : Benoit Angbwa. Le premier chantier de Lavagne consiste donc à trouver rapidement un joueur au profil adéquat pour combler le vide laissé par Njitap. Jean Armel Kana Biyik, formé au Havre comme latéral droit a des prédispositions favorables. Patrick Abouna Ndzana serait-il l’homme de la situation? A cette question, seul le staff technique pourra y répondre.
Samuel Eto’o
Au milieu de terrain, il y a pléthore chez les récupérateurs (Alexandre Song Bilong, Landry Nguemo, Eric Djemba Djemba, Joël Matip, Georges Mandjeck et bien d’autres). Mais les bons milieux offensifs se font rares. Mbuta Andongcho étant l’un des rares a pourvoir efficacement occuper le couloir droit. A tel point que Song Bilong, très bon milieu défensif, a été intronisé face à la RDC meneur de jeu axial. Or, il n’a ni le profil, ni le bagage technique pour illuminer le jeu des camerounais. Le jeune Edgar Sally, que Lavagne connait bien est également un joueur de couloir à suivre. Comme deuxième grand chantier, Denis Lavagne doit donc trouver des joueurs créatifs pour son équipe. La solution pourrait venir d’Arnaud Sutchuin-Djoum. Le milieu offensif Belgo-camerounais de 22 ans qui évolue à Roda JC dans le championnat des Pays-Bas. Toujours en Hollande, l’autre solution pourrait venir de William Steve Overtoom, 25 ans. Le milieu de terrain Néerlando-camerounais d’Heracles Almelo, est auteur de 16 buts la saison dernière. Toutes les bonnes équipes du monde utilisent soit les milieux offensifs de couloirs, soit un meneur axial, ou les deux à la fois, style Barça. Le Cameroun ne saurait continuer à faire exception en alignant trois voire quatre demi-défensifs lors de ses rencontres. Ce style de jeu ultra défensif prôné par les Javier Clemente, Otto Pfister et Paul Le Guen, n’a fait que desservir les Lions.
En attaque, la qualité (Samuel Eto’o, Eric Maxim Choupo-Moting, Benjamin Moukandjo, Vincent Aboubakar, Leonie Kweukeu.) ne manque pas. Mais, Denis Lavagne devra trouver le meilleur positionnement de Samuel Eto’o et surtout la complémentarité entre ces différents attaquants. On ne le dira jamais assez, le style de jeu des Lions doit être construit autour du talent de son leader technique. Or, ces derniers temps, l’on a très souvent vu Samuel Eto’o se balader partout sur le front de l’attaque. Une attitude qu’il n’adopte pas en club. Il faudra donc pour le nouveau staff, trouver une organisation tactique, à partir du milieu de terrain, en fonction du profil des joueurs, capable de mettre en déroute n’importe quel adversaire. Enfin sur le plan psychologique, Denis lavagne et son staff doivent retravailler l’état d’esprit des joueurs camerounais, car ils ne font plus peur. En football, comme dans d’autres disciplines, l’excès d’assurance est généralement mauvais conseiller. Les Lions doivent donc changer radicalement leur manière d’aborder les matches. Une partie de football ne se gagne pas seulement par la bonne circulation de la balle. Grâce à l’envie et un pressing de tous les instants, en variant de style de jeu en fonction de l’adversité, les Lions pourront de nouveau rugir. Sinon, la bande à Lavagne échouera.
