Ces produits se font rares sur les marchés, les revendeuses accusent les circuits d’approvisionnement…
Macabo et poisson fumé rares
Le macabo, un tubercule très consommé au Cameroun semble avoir disparu des étals dans les marchés de la ville de Yaoundé, la capitale camerounaise depuis quelques semaines. Jusqu’alors considéré comme une nourriture de seconde zone, sa rareté a occasionné une hausse perceptible des prix. Nous sommes dépassés parce qu’avant avec 500 francs on pouvait préparer la nourriture de deux jours, mais maintenant même avec 1000 francs (CFA), on nous vend parfois 10 macabos, parfois 12 déclare une dame qui fait ses courses au marché de Nkoleton. Selon quelques revendeuses, trouver du Macabo est devenu difficile à partir des campagnes de la région du centre et du sud. Pour ceux qui viennent de l’ouest, ils sont trop chers et subissent les coûts de transport des points de production jusque dans les marchés comme ceux de Yaoundé. Regarde par exemple je suis venue ici à 4 heures le matin, on avait déjà pris tous les sacs de macabos. Ceux qui restent sont trop chers pour que je puisse les acheter explique une revendeuse. En l’espace de quelques semaines, les prix ont augmenté de près de 50%.
Un autre produit qui a lui aussi connu une hausse, c’est le poisson fumé. Cette denrée qui est très souvent utilisée comme complément dans une sauce d’arachide est lui aussi devenu très rare. Conséquence, le tas de poissons arrive parfois jusqu’à 1 000 Fcfa au lieu de 500 Fcfa et pour les meilleurs d’entre eux, jusqu’à 10 000 Fcfa. Pour les ménagères qui ont grand besoin de poisson fumé, beaucoup se rabattent sur les maquereaux, ou les sardines fumées, mais qui ont moins bon goût, selon leur déclaration.
Renforcer l’encadrement de la culture du macabo
Selon certains observateurs, la rareté du macabo serait liée au manque d’encadrement des agriculteurs qui le cultivent. La culture du macabo a été laissée entre les mains des paysans dans un contexte où la demande est devenue plus grande et plus complexe. Il n’existe pas un système fiable de régulation du commerce de cette denrée, comme d’ailleurs de toutes les denrées au Cameroun. Or depuis peu des agronomes tentent d’interpeller les autorités sur le fait qu’en raison de l’ouverture du marché à d’autre pays de la sous-région, la simple pratique artisanale ne suffit plus à l’agriculture camerounaise. La principale contrainte à la production du macabo est la pourriture racinaire causée par le champignon pythium myriotylum. Cette maladie continue de provoquer des baisses drastiques de production au Cameroun. Dans le département de Fako, situé dans la région du Sud-ouest, on estime à 50% les pertes racinaires. A la suite de cela, la consommation du macabo est supplée de façon tendancielle par celle du taro. Au ministère de l’agriculture on assure qu’un programme d’amélioration est en cours d’expérimentation.
Selon certaines statistiques non confirmées par des voix officielles, le prix du macabo devrait revenir à la normale avec l’arrivée d’autres denrées sur le marché. La vérité est que le consommateur camerounais ne se focalise pas sur un seul produit. Il a une consommation tendancielle, c’est-à-dire qu’il consomme ce qui est à la portée de sa bourse. Dès que des produits de substitution seront trouvés, les prix vont baisser affirme un observateur averti. Pour le poisson fumé, la fin des pluies devrait entraîner un retour à la normale des prix.
