Le parti au pouvoir depuis près de 26 ans est mobilisé pour un congrès permettant de faire le saut de la modernité face à des reflexes conservateurs
Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) se prépare pour son premier congrès ordinaire depuis 15 ans. Un congrès annoncé sous le label de la nouvelle dynamique. Mais dans son organisation, ce parti au pouvoir depuis 26 ans déjà laisse entrevoir certains penchants pour le conservatisme. Les cadres du parti, même en interne, se refusent à voir organisées des élections transparentes et équitables. Plusieurs candidatures sont annoncées pour succéder à Paul Biya au poste de président national de ce parti. Tobie Ndi un de ses militants a déposé le 7 septembre dernier sa candidature. «Ma candidature n’est que l’aboutissement d’une démarche qui vise à lever le goulot d’étranglement dans lequel sont empêtrées les instances dirigeantes de notre parti. Ce n’est un secret pour personne, ce sont les textes de base, adoptés à l’ère du Parti unique qui sont à l’origine de ce dysfonctionnement. Le RDPC a besoin d’un président responsable» a-t-il fait savoir face à la presse. Autre candidat à la présidence nationale du RDPC, Saint Eloi Bidoung. Ce militant de la sous-section de YaoundéV a lui aussi fait parvenir sa candidature. Pour l’un et l’autre, la décision de s’opposer au président national a tout de suite été à l’origine d’une forte riposte. Un meeting spécial a été organisé dans les localités d’origine de ces «dissidents. La conférence publique envisagée par Saint Eloi Bidoung a été interdite par l’administration, au motif que ce dernier avait perdu sa qualité de secrétaire général dans sa section. Pourtant, les statuts et règlement intérieur du RDPC, autorise à tout membre de pouvoir se présenter à la candidature de la présidence nationale. Il est difficile de savoir si leur candidature au poste de président national a été retenue. Mais le parti démontre bien qu’il ne semble pas prêt à rentrer dans la dynamique du pluralisme.
Autre action, autre violation de la déontologie électorale, la communication sur le Congrès du RDPC fait l’objet de grandes annonces, avec au centre l’image de son chef Paul Biya qui est aussi chef de l’Etat et candidat aux prochaines élections présidentielles 2011. A l’appui de cette communication par affichage, l’évènement fait l’objet d’une très grande attention des médias d’Etat. La presse, la radio et télévision pourtant financées par les fonds du contribuable, vont au-delà de la simple annonce pour rentrer une fois encore dans la campagne au profit du candidat Paul Biya. Rien n’est dit sur les autres candidatures et aucun autre parti n’a le droit de mener une telle action. Dans une déclaration, récente, le ministre Issa Tchiroma de la communication a laissé entendre que son département prenait le contrôle de l’aspect média des élections présidentielles. Son but faisait-il savoir assurer un temps d’antenne équilibré dans les antennes de télévision et de radio. Or il reste aujourd’hui silencieux face à ce qui est une violation du décret présidentiel organisant le temps d’antenne pour les partis engagés dans la course aux présidentielles. Un dernier trait de conservatisme, alors même que l’argent pour la campagne n’est pas encore disponible, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais organise un Congrès dont le montant est très élevé. Des sources internes parlent de centaine de millions de FCFA dans certaines commissions. Plongé dans sa nouvelle dynamique, le RDPC continue de montrer cette image de parti fermé au changement, auteur de gaspillage financier, un prix que beaucoup d’observateurs trouvent trop cher payé en échange de la paix.
