Politique




Cameroun : Paul Biya, ni à Kumba ni à Brazzaville

Que ce soit aux côtés des victimes de la barbarie perpétrée samedi sur des élèves, ou encore auprès de ses…

Que ce soit aux côtés des victimes de la barbarie perpétrée samedi sur des élèves, ou encore auprès de ses pairs de la sous-région pour la célébration des indépendances des pays francophones, le chef de l’Etat n’a pas jugé utile de se montrer.

Il s’est une fois de plus caché derrière de simples tweets — arrivés sur le tard — pour se montrer concerné par ce qui s’est passé à Kumba durant le week-end. C’est en effet deux jours plus tard que le président Paul Biya informe son peuple qu’il a « appris avec une grande tristesse l’horrible assassinat de plusieurs élèves de l’école Mother Francisca International Bilingual Academy de Kumba ». Une sortie lente et tardive qui va provoquer un commentaire railleur du professeur Patrice Nganang. « Le tweeteur de Biya est un fonctionnaire. Il ne bosse lui pas le week-end », a posté ce pourfendeur du régime de Yaoundé.

Plus tôt dans la journée du lundi, le quotidien Emergence constatait avec effarement au sujet de ce massacre : « Même pas un tweet du président de la République ! ». A l’indignation suscitée par la tuerie brutale de sept élèves de cette école, a succédé l’indignation de l’insensibilité dont fait montre celui qui se laisse présenter à souhait comme le « père de la nation ». Une fois de plus, Paul Biya se réfugie dans son palais et porte l’émotion nationale émanant de ce drame sur ses « très hautes instructions ».

Car c’est bien sur ses « très hautes instructions » qu’il se fera représenter — sans doute encore au travers d’un portait datant de novembre 1982 — par une délégation ministérielle qui elle aussi prend tout son temps pour se rendre aux côtés des familles des victimes et autres survivants. Ceci, à l’effet de leur apporter le « réconfort du chef de l’Etat ». En attendant, lesdites personnes affectées devront se contenter de la « compassion particulièrement émue » de madame la première Dame, relayée par son illustre époux et transmise par la froideur d’un télégramme officiel adressé au gouverneur de la région du Sud-ouest.

Si les Camerounais n’en attendent pas tout à fait d’avantage venant de leur leader, il reste qu’ils ne s’habituent guère d’une telle insensibilité qui braconne sur les terres du mépris. Les populations n’auront pas non plus droit à une visite du numéro 2 de l’exécutif, dépêché à Brazzaville pour représenter Paul Biya pour qui rien ne justifie qu’il abandonne les ors de son palais.

Le Premier ministre Joseph Dion Ngute représente en effet le président de la République du Cameroun aux célébrations marquant les indépendances des pays francophones au Congo-Brazzaville. Il n’a pas non plus daigné honorer de sa présence son homologue congolais Denis Sassou Nguesso qui l’a formellement invité à cette grande rencontre.

La délégation ministérielle qui se rend ce mardi 27 octobre à Kumba auprès des victimes est composée du ministre de l’Education de Base et de sa collègue des Enseignements secondaires. Délégation conduite par le truculent et controversé ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, qui s’est fait une spécialité de rendre présent l’éternel président absent.