Du 26 au 30 avril 2015, une équipe composée de spécialistes de la conservation d’espèces protégées ainsi que des écogardes de la Réserve ont réalisé à pied la traversé du Dja. La vidéo de l’expédition
Située à cheval entre les régions du Sud et de l’Est, la Réserve du Dja s’étend sur une surface de 5260 Km² classés depuis 1950 comme Réserve de faune. En raison de la diversité de ses espèces et de son état de conservation, l’UNESCO décide en 1987 de l’inscrire au patrimoine mondial. Selon cette instance des Nations Unies, 90% de sa superficie resterait inviolée et plus d’une centaine d’espèces de mammifères y vivraient. Parmi elles, plusieurs sont d’ailleurs menacées au niveau global à l’instar du gorille des plaines de l’ouest (Gorilla gorilla), du chimpanzé (Pan troglodytes), de l’éléphant de forêts (Loxodonta africana) et du perroquet gris du Gabon (Psittacus erithacus).
Jef Dupain de l’ONG African Wildlife Foundation a organisé du 26 au 30 avril 2015 une marche de cinq jours, reliant les limites sud et nord de la Réserve, afin de se faire une idée de l’impact de la pression des activités humaines sur la faune. L’équipe était composée de spécialistes de la conservation d’espèces protégées, trois écogardes de la Réserve et huit porteurs Baka (Voir la vidéo).
Selon Jef Dupain, chercheur spécialisé dans l’étude des grands singes, «les animaux se cachent dans des zones plus marécageuses où les grands mammifères essaient d’échapper aux braconniers. Tout le monde regarde dans la périphérie [de la Réserve, ndlr] mais on ne savait pas qu’à l’intérieur la situation était aussi grave. Changer les choses dans un endroit aussi reculé et isolé, c’est difficile.» Et de conclure que le potentiel touristique est là mais qu’aujourd’hui «le touriste entendra plus de coups de fusil qu’il ne verra d’animaux».
De retour à Yaoundé, Jef Dupain a présenté ses conclusions au secrétaire général du Ministère des forêts et de la faune (MINFOF) qui aurait reconnu avoir sous-estimé la menace qu’il y a à l’intérieur du Dja.
Fondé en 1961 par Russell Train, un magistrat américain, African Wildlife Foundation, est une ONG internationale qui uvre à la conservation d’espaces naturels en danger et à la protection de la faune qui y vit. Elle tente de renforcer la lutte contre le braconnage et le trafic d’espèces protégées en développant entre autres des initiatives de développement au niveau local. Aujourd’hui basée à Nairobi, au Kenya, cette organisation est implantée dans plus d’une dizaine de pays africains, principalement en Afrique de l’est (Rwanda, Ouganda, Tanzanie, RDC,etc). Elle est présente au Cameroun dans le Parc national de Faro (Nord) et depuis peu dans la Réserve du Dja (Est et Sud).