Les actes de l’édition 2008 du Nguon chez les Bamoun sont édités grâce à l’Unesco
Les célébrations des événements traditionnels se suivent et ne se ressemblent pas. Ainsi, en avant-première des festivités du Nguon 2010 chez les Bamoun, se tient bientôt dans les villes de Douala, Yaoundé et Foumban la dédicace des actes de l’édition 2008. En effet vient de paraître aux éditions de l’Unesco, les actes de la 542ème édition des grandes journées traditionnelles et culturelles du Peuple Bamoun. Le document de 154 pages contient la quintessence des activités qui ont marqué le Nguon 2008. L’ouvrage a été réalisé grâce à la volonté des fils et des filles Bamoun qui ont tenu à donner une autre saveur et une autre coloration à un événement par trop mystique. Désormais, le Nguon se veut accessible à tout un chacun. Dans une écriture simple l’on entre dans la présentation générale et le cheminement directif du rite traditionnel. L’on accède facilement aux subtilités sémantiques et polysémiques du Nguon. L’on apprend à travers l’ouvrage que ce haut fait culturel ayant été repoussé plusieurs fois et menacé de disparition doit sa vulgarisation au sultan Seidou Njimoluh qui a régné avant le sultan actuel.
Le document qui comporte plusieurs rédacteurs transcende tous les clivages politiques et rassemble les enfants Bamoun de tous les bords autour ce cette grand messe qu’est le Nguon. On y retrouve alors l’ensemble des communications présentées lors du colloque organisé pour le Nguon 2008 dont le thème était «Taisons nos divergences et bâtissons notre terroir». La compilation des travaux et des discours donne la possibilité aux absents de se faire une idée de la richesse de ce peuple et, de comprendre la portée historique de l’ uvre ainsi éditée. En collaboration avec la princesse Rabiatou Njoya, «Momafon Shut», c’est-à-dire la «s ur du roi» la réalisation du livre est l’ uvre du collectif «Nwet-nkwete ». Lequel a bien voulu que le sultan actuel du peuple Bamoun préface le livre. Ainsi le Sultan Mbombo Njoya souligne l’importance d’un tel ouvrage au regard des améliorations et évolutions des sociétés traditionnelles. Résolument ces écrits seront une trace difficile à oublier. L’ouvrage édité, survient dans l’antichambre des préparatifs de 543eme édition des grandes journées traditionnelles et culturelles du peuple Bamoun dont le Nguon est le bouquet final. La tenue de la prochaine édition du Nguon, la 10ème sous le règne du Sultan Ibrahim Mbombo Njoya, se prépare activement sous le thème «De l’identité culturelle au développement du peuple Bamoun».
Ressuscité de ses cendres, l’événement devenu biennal se veut une rampe de lancement du développement culturel de la région de ce peuple. A travers de multiples activités, le cérémonial qui comporte plusieurs étapes et séquences met à nu la mystique du Nguon. Le peuple ainsi rassemblé revisite son glorieux passé et ses valeurs ancestrales pour les partager avec les visiteurs et les participants. Pour l’édition 2010, l’on enregistre déjà deux moments forts. La collecte de fonds qui va donner lieu à la construction d’un musée des rois chez les Bamoun. Elle a eu lieu en novembre 2009 et a vu la participation des personnalités comme Yannick Noah. L’édifice abritant le projet devrait accueillir dans de meilleures conditions des milliers d’objets menacés de disparition et d’extinction. Quant à la caravane de santé et d’éducation, elle sillonnera les arrondissements de la sous région du Noun en prodiguant des soins et des conseils. Une formation des formateurs se tiendra dans le but de vulgariser l’écriture inventée par le roi Njoya, (le Shümom).
C’est devenu une fête majeure du peuple Bamoun dans laquelle il est question de jugement mais aussi de connaissance, de communion, d’échange et de revitalisation des traditions ancestrales. En lui même le Nguon est un rite qui met fin aux grandes journées traditionnelles et culturelles Bamoun. Découpé en scènes visibles et invisibles, la cérémonie publique est la plus appréciée. Le roi est mis sur la place publique pour rendre compte et justifier les deux ans écoulés depuis la dernière édition. En fin de compte, le sultan se rassoit sur son trône et mobilise toujours autant son peuple à sa cause. Dans l’invisible, le rituel du Nguon vise à, entre autres, protéger la tribu de tous les maux; affermir la régence du roi ou l’écarter le cas échéant; raffermir les récoltes et commémorer les souverains défunts. De ce point de vue, ce festival culturel ne change pas. Mais, toutes les sociétés sont appelées à évoluer et le Nguon se veut davantage «une opération de marketing du département du Noun». Et la Parade finale en vaut la chandelle avec le «Fit-kindi» (simulacre de guerre) dans une démonstration exceptionnelle, on assiste à une gigantesque mobilisation de la foule derrière Sa majesté.
