Cameroun/AES Sonel: Contrat de concession sous haute «tension»

Le gouvernement annonce un réexamen du contrat signé le 18 juillet 2001 avec la firme américaine, le premier sous l'égide…

Le gouvernement annonce un réexamen du contrat signé le 18 juillet 2001 avec la firme américaine, le premier sous l’égide de la nouvelle loi régissant le secteur

Rendant publique l’information le 20 août dernier, Le réseau des associations de consommateurs d’énergie (RACE), une organisation très au courant des activités du secteur au Cameroun, laisse entendre que les autorités, grâce à cette relecture ont une excellente occasion de pouvoir rattraper les points qui dans l’engagement avec AES Sonel sont défavorables au gouvernement et aux promesses d’un accès pertinent à l’énergie pour tous les camerounais. « Quoiqu’il en soit, cette 2ème révision quinquennale du contrat de concession, est une occasion exceptionnelle pour l’Etat d’agir enfin dans le sens des intérêts du pays et des consommateurs. En tous cas, nous osons croire qu’après plus de onze (11) ans de « partenariat stratégique » stérile, ce branle-bas tous azimuts des pouvoirs publics permettra au moins de tirer toutes les conséquences économiques, financières et sociales des manquements techniques chroniques d’AES/SONEL », fait savoir un communiqué signé de Paul Gérémie Bikidik, le responsable de cette organisation. Selon lui toujours, Le gouvernement doit « exiger un respect scrupuleux de tous les engagements contractuels pris en Juillet 2001 » et au cas échéant, « appliquer sans réserve toutes les mesures coercitives et autres sanctions légales prévues par l’article 97 de la nouvelle loi ». Le RACE annonce aussi avoir transmis au gouvernement, des documents en guise de contribution, sur l’opération.

La relecture du contrat de concession avec le groupe américain intervient dans un contexte bien différent des précédents. Il y a deux mois, l’opérateur avec l’accord du gouvernement a procédé à une hausse des prix de l’électricité, argumentant par une hausse de coûts d’investissement et de maintenance. De nombreux observateurs sont pourtant sceptiques, sur la pertinence des conclusions de la relecture. Deux raison expliquent cela. L’opération de relecture n’est pas exceptionnelle, elle est normale et prévue dans les accords qui lient les deux parties. De plus, la relecture s’imposait, après l’adoption par le gouvernement camerounais d’une nouvelle loi sur l’électricité consacrant l’ère de la libéralisation complète du secteur et l’introduction des énergies autres que de source hydro. D’ailleurs chez AES, on semble prendre la chose avec beaucoup de sérénité. « La relecture du contrat est une procédure normale, il n’y a rien d’exceptionnel dans cette démarche. Tout est prévu dans le contrat de concession. Je comprends le Race qui est dans son rôle d’interpeler les acteurs et les pouvoirs publics sur les questions qui préoccupent le consommateur. Ce qui ne veut pas dire que tout ce qu’ils écrivent ou disent est forcément vrai. Là, c’est un autre débat», a fait savoir Alexandre Siewe, le directeur de la communication du groupe, selon une information rapportée par le journal « Le Messager ». Mais au-delà des débats sur les torts et les raisons, la question de l’énergie fait aujourd’hui l’unanimité sur un point, sa disponibilité insuffisante pour assurer le développement social et économique du Cameroun. À peine 50% de camerounais ont accès à l’énergie, selon des statistiques officielles. Ce manque d’une énergie suffisante fait perdre des centaines de milliards au produit intérieur brut du pays. Autant chez l’opérateur AES que du côté du gouvernement, il n’existe pas une transparence forte dans les actions mises en uvre. La question de l’électricité aujourd’hui touche deux points forts de la politique des grandes ambitions économiques du président Biya. La lutte contre la vie chère dans les ménages et le soutien à la relance des petites et moyennes entreprises. Deux secteurs injustement lésés, dans un pays qui possède le deuxième potentiel hydroélectrique d’Afrique, et où l’Etat subventionne(en donnant un libre accès à la ressource hydro) un opérateur qui produit une énergie trop chère et trop peu disponible.

Le gouvernement camerounais va réexaminer le contrat de concession passé avec Aes Sonel