La commission des résolutions et des pétitions a jugé que le dossier fourni par le Social Democratic Front n’était pas solide
Sans surprise finalement, la commission des résolutions et des pétitions de l’assemblée nationale camerounaise a rejeté mercredi 13 juin 2012 dans la matinée la demande du Social Democratic front (SDF), le principal parti d’opposition dans le pays, en vue de la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire au sujet de l’affaire du crash d’un avion de la défunte Cameroon Airlines (CAMAIR) en 1997 à Douala. Dans sa requête, le SDF disait vouloir « établir les responsabilités aux fins d’indemniser les familles des soixante-onze victimes du crash du Boeing 737-200 de la défunte Camair le 03 décembre 1995, de reverser au liquidateur de la défunte Camair la somme de 25 500 000 000 de FCFA plus les dommages et intérêts pour faire face au paiement des droits des ex employés qui n’ont jamais été payés, traduire en justice les auteurs et complices de ces actes qui ont résulté en perte de vie humaine, destruction du patrimoine public et détournement de la fortune publique ». Il s’est appuyé dans sa démarche, sur des éléments mis au grand jour par la publication d’une quatrième lettre attribuée à l’ancien ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya. La motion a été rejetée à quatre voix contre une. Les voix contre, étant celle des membres du parti au pouvoir, et la seule voix pour, celle de Jospeh Mbah Ndam du SDF. Pour expliquer ce rejet, les membres de la commission concernée avancent plusieurs raisons. « Lorsque nous avons examiné le dossier au fond, nous avons noté qu’il était vide, et nous avons alors demandé au requérant de nous apporter des informations complémentaires, qu’ils ne possédaient bien évidement pas. D’un autre côté, nous avons dû constater que la demande se fondait sur la seule publication de la lettre de l’ancien ministre Marafa, qui ne peut venir confirmer ces informations du fait qu’il est en prison, et même s’il le pouvait, vous imaginez bien qu’il faudrait encore en examiner la crédibilité du fait qu’il fait l’objet actuellement d’une procédure judiciaire lui-même », a expliqué l’un d’eux dans une entrevue diffusée par la radio d’Etat(CRTV).
Au SDF on crie au complot. « Ils ne m’ont même pas laissé finir mon exposé et me posaient déjà des questions, argumentant que l’affaire avait déjà fait l’objet d’une enquête dans le cadre d’une commission et que les résultats était déjà connus » a fait savoir le député Mbah Ndam. Ce rejet n’a pas manqué de provoquer la déception d’autres responsables politiques de l’opposition. « C’est la preuve que notre parlement n’est qu’une chambre d’enregistrement. Il est inconcevable, qu’une proposition qui a été reçue par la conférence des présidents, en principe une instance très sérieuse, soit rejetée avec arrogance par une simple commission » a fait savoir Paul Ayah Abine, ancien du RDPC et récemment candidat à la présidentielle contre Paul Biya. La principale personne qui aurait été frappée dans cette démarche est le ministre actuel de la communication, Issa Tchiroma Bakary, ministre des transports à l’époque des faits. Aujourd’hui allié du régime RDPC au pouvoir, il semble aussi jouir de sa protection. Dans la lettre qui déclenche l’affaire, les propos attribués à Marafa lui font dire «qu’il ne supportait pas le ministre Tchiroma, parce qu’il savait ce dernier impliqué dans le fait que les familles des victimes de ce crash » dont un ami proche à lui, « n’aient pas été dédommagées alors que l’argent était prévue pour ». Le ministre Tchiroma recevant la presse récemment, a fait savoir qu’il avait des éléments de réponse, mais ne voulait pas en répondre devant la presse. « C’est simplement dommage ce qui se passe dans ce pays, le ministre de la communication était disposé à donner sa version, au début de la session parlementaire, le président de l’assemblée nationale lui-même avait loué la lutte contre la corruption initiée par le président Biya, une commission d’enquête aurait donc permis de voir clair dans cette affaire, pourquoi la refuse-t-on ? », s’interroge un autre député.
