Le président de la commission d’enquête de l’Onu sur la violation des droits de l’Homme en RCA estime que les tueries vont crescendo malgré les efforts de la communauté internationale
Le président de la commission internationale d’enquête de l’Organisation des Nations Unies (ONU) sur la violation des droits de l’homme en Centrafrique, Bernard Acho Muna, a regretté lundi à Bangui, au terme d’une mission d’un mois, la persistance des violences et autres violations des droits de l’homme dans ce pays qu’il qualifie être sur le chemin du génocide. « Après notre première mission, nous avons constaté que les tueries et autres violations des droits humains continuent de s’enregistrer sur le terrain en Centrafrique », a observé l’avocat camerounais lors d’une conférence de presse.
« Je pense que la Centrafrique n’a pas connu un génocide, mais il y a ici dans ce pays, le langage de la haine qui pourrait créer les conditions de ce génocide », a-t-il ajouté. La Centrafrique a connu une recrudescence de la violence en décembre dernier entre les milices anti-Balakas, fidèles au président déchu François Bozizé, et les ex-rebelles de la coalition Séléka qui avaient porté au pouvoir en mars 2013 Michel Djotodia, contraint à la démission il y a trois mois par les dirigeants d’Afrique centrale et la France.
La Croix-Rouge centrafricaine a dénombré au moins 1.400 personnes tuées et 960 blessés depuis la fin de l’année écoulée jusqu’en mars dernier. Environ 625.000 autres continuent de vivre dans des camps de déplacés à cause de la persistance de ces violences. Bernard Acho Muna a appelé à éviter le pire en mettant un terme au langage de la haine qui s’est enraciné parmi les populations musulmane et chrétienne qui vivent séparément aujourd’hui, alors que des milliers de musulmans se sont même imposé un exil forcé dans des pays voisins.
La commission internationale d’enquête sur la RCA a été créée par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies le 5 décembre 2013, le jour même où les milices anti-Balakas avaient lancé une grande offensive contre les positions des ex-rebelles Séléka à Bangui. Cette commission est notamment chargée d’examiner et d’analyser toutes les informations concernant les violations des droits de l’homme et des exactions commises depuis le 1er janvier. Son premier rapport sera rendu public en juin 2014.
