L’opposition est favorable à un report du scrutin mais, la date du 16 mai ne semble pas faire l’unanimité
Le gouvernement parle du choix de la Commission électorale indépendante
L’élection présidentielle en République centrafricaine a été repoussée au 16 mai. La commission électorale et plusieurs pays partenaires avaient jugé qu’un scrutin libre et équitable ne pouvait être organisé à la date prévue du 25 avril. Le président (François Bozizé), suivant la suggestion du président de la commission électorale (…), ordonne que les élections présidentielle et législative soient organisées le dimanche 16 mai 2010, précise le décret présidentiel rendu public le mardi 30 mars. L’opposition qui avait demandé ce report n’est que partiellement satisfaite. Le président Bozizé avait tout d’abord refusé l’idée d’un renvoi. L’opposition avait déclarait que le programme de Désarmement démobilisation et réinsertion (DDR) était encore en cours. En réponse le ministre de l’intérieur, Elie Ouéfio avait précisé que les élections constituent l’un des attributs de la souveraineté d’un Etat et que le programme DDR était un processus qui s’étendrait sur plusieurs années et serait géré par un comité de pilotage. Les élections en Afghanistan et récemment en Irak se sont déroulées en plein processus de désarmement, a-t-il fait remarquer.
Un report soutenu par la France et l’ONU
La position de la France et de l’ONU qui semblent soutenir un report à une date si proche surprend un peu les observateurs. Peu après l’annonce de la nouvelle date des élections, la mission pour la Démobilisation, le désarmement et la réinsertion (DDR), soutenue par l’Onu, annonçait que quatre de ses membres avaient été pris en otages par des rebelles. Gaspard Berang, un des membres de la mission a déclaré aux médias que ses quatre collègues étaient retenus par les hommes du Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) dans la région de la Moyenne Sido, près de la frontière tchadienne. Une information confirmée par Jérôme Ningambai, un des chefs du FDPC. Le FDPC, dirigé par Abdoulaye Miskine avait signé un accord de paix avec le président Bozizé en 2008 mais avait dénoncé cet accord l’année suivante.
L’opposition souhaite un report plus long
L’opposition régulière réunie autour de l’UFVN (Union des forces vives de la nation, principale coalition de l’opposition), a dénoncé ce mercredi 31 mars la nouvelle date du report, tout en précisant que cela reste pour eux une nécessité. Selon ses membres, le report les a surpris et n’aurait toujours selon eux, pas été à l’initiative de la Commission électorale indépendante(CEI). L’UFVN précise que le report au 16 mai est entaché d’un «vice de procédure»: Le Code électoral est clair et précis: c’est sur rapport de la plénière de la Commission électorale indépendante (CEI) que le président de la République convoque le corps électoral et non pas sur rapport du président de la CEI, a déclaré à l’Agence France Presse maître Henri Pouzère, le coordonnateur de cette coalition. L’UFVN a contacté ses représentants à la CEI (…) ceux-ci ont été surpris d’entendre qu’un décret (…) était déjà publié. Une fois de plus, il y a vice de procédure et il y a lieu de se demander si le président de la CEI n’est pas en train de s’amuser, a-t-il ajouté.
Bozizé 63ans, brigue un deuxième mandat
Les principaux adversaires de François Bozizé craignent des fraudes lors du scrutin. Selon eux, il aurait fallu que soit mis en place de profondes réformes avant la tenue de l’élection qu’ils souhaitaient, eux, voir organisée en janvier 2011. François Bozizé, arrivé au pouvoir en 2003 par un coup d’Etat a remporté la dernière présidentielle de 2005. En sept années de pouvoir, il n’a pas réussi à redresser la situation économique en raison de l’existence de nombreuses factions rebelles. En plus, le pays fait depuis longtemps face à plusieurs rébellions intérieures et a en outre été entraîné dans des conflits régionaux. Coincée entre le Soudan, le Tchad et la République démocratique du Congo (RDC), la République centrafricaine, dont le sous-sol est riche en or, en diamants et en uranium, reste néanmoins un des pays les plus pauvres du monde. Environ 200.000 civils vivent aujourd’hui dans la brousse pour éviter les zones de conflit. La stabilité politique que peut apporter le prochain scrutin en Centrafrique est observée de près par Yaoundé, la capitale camerounaise. Selon certaines sources proches des haut lieux de décision, les autorités camerounaises ne voient plus d’un bon il la présence toujours plus massive des refugiés centrafricains, dont certaines exactions font parfois craindre des débordements.
