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« C’est intéressant! Nos voisins camerounais nous apportent la nourriture de chez eux »

Nelis Van Den Berg, Directeur général de la Sil au Cameroun Quelles sont les relations entre la Sil et les…

Nelis Van Den Berg, Directeur général de la Sil au Cameroun

Quelles sont les relations entre la Sil et les églises?
La SIL n’est pas une organisation chrétienne ; elle est plutôt une organisation scientifique qui a pour but le développement. Néanmoins, la Sil a pour membres les chrétiens de différents pays avec pour seule motivation le développement des langues minoritaires. La Sil agit comme cette parabole biblique de la brebis égarée où le berger laisse les 99 autres pour aller chercher l’unique égarée. Il la retrouve et la ramène au milieu des autres. (Ndlr : Mathieu 18 : 10-14).

Comment se fait concrètement la promotion de ces langues minoritaires?
C’est un travail de longue haleine. On suit et on vit dans une langue. Et puis on mobilise la communauté pour l’apprentissage de cette langue. Etape par étape, nous faisons des documents de base. Nous analysons des sons de la langue (phonologie) pour en fin créer un alphabet qui soit scientifiquement acceptable. Puis, nous écrivons un dictionnaire et des livres de lecture, nous faisons des traductions et écrivons des contes locaux. Nous écrivons aussi certains passages de la Bible en langues nationales. Tout ceci, nous le faisons en collaboration avec un comité de traduction et un comité de langue. Nous agissons comme des conseillers techniques.

Quels sont les critères qui ont présidé à la sélection de 70 langues nationales au Cameroun alors qu’il y en a plus de 275?
Ce n’est pas une sélection. Il y a plusieurs facteurs qui agissent dans ce cas. D’abord la volonté des populations. Il faut que ces dernières manifestent un désir réel. Elles peuvent nous inviter à travailler sur leurs langues. Et même, beaucoup de langues n’ont pas besoin de nous, parce qu’elles ont déjà des personnes formées qui sont parfois des professeurs de linguistique et elles sont suffisamment pratiquées. De plus en plus nous travaillons en groupement de langues qui sont similaires. Nous les abordons comme un ensemble. Dans la vallée de Ndop (Nord-Ouest), par exemple il y a dix langues qui ont besoin d’être développées ensemble à cause de leurs similarités. Dans ce cas, si on développe deux langues, on aura agit pour dix.

En tant de personnes étrangères, quels sont les obstacles que vous rencontrez quand vous arrivez dans une localité que vous ne connaissiez pas auparavant?
Pour nous, chaque obstacle est un défi et une opportunité. En fait il y a le mépris que les gens ont de leur propre langue, parce qu’ils ont entendu dire que les langues nationales ne valent rien. Elle ne donne pas de travail ou même parce qu’ils ont été flagellés pour avoir parlé cette langue à l’école. Ça c’est d’un. De deux, il y a une multitude des langues, mais cet obstacle s’estompe déjà avec la volonté du gouvernement et l’efficacité prouvée des langues nationales dans l’apprentissage d’une langue étrangère. Cette multitude nous donne un cauchemar organisationnel même au niveau gouvernemental. A cela il faut ajouter le fait que nous travaillons dans des zones reculées où il y a manque d’eau potable, d’électricité et de route. Ceci rend compliqué le travail, d’autant plus qu’il se pose de problème de finance et de personnels.

Quant à la volonté du gouvernement d’enseigner les langues nationales dans les écoles, quel peut être l’apport de la Sil?
La Sil peut intervenir à deux niveaux : Fournir les matériels didactiques, puisqu’on a des gens qui connaissent ces langues. On a aussi certains supports qui sont notamment des syllabaires et des abécédaires. Former les enseignants sur comment enseigner à quelqu’un sa propre langue. On ne peut pas prendre le devant, on vient en appui au gouvernement.

Vous Hollandais, quelle est la langue camerounaise que vous parlez?
Je m’exprime un tout petit peu en Makaa, parce que j’étais à l’Est de 1995 à 2001. Depuis huit ans, je ne pratique plus cette langue, j’ai presque tout oublié. Puisque généralement pour apprendre une langue il faut y être, et ça je ne l’ai pas fait.

Quand vous arriviez au Cameroun, comment s’est passée votre intégration?
Mon intégration s’est passée sans problème. Je suis arrivé premièrement avec ma femme, nous avons voyagé à bord des taxis de brousse. Nous avons tout mangé. On s’est adapté. C’est intéressant. Cet esprit de découverte nous a beaucoup aidé, ça nous a donné la capacité d’avoir le choix de vivre partout, à Bastos comme les autres expatriés ou ailleurs comme nous le sommes maintenant dans un quartier populaire où nos enfants jouent avec ceux des voisins. Nos voisins nous apportent la nourriture de chez eux. Quant au climat, on s’est adapté, puisqu’il est différent de celui de chez nous en Hollande. C’est vraiment intéressant!


Dossier préparé par Integration/www.integration-centralafrica.info

Nelis Van Den Berg, Directeur général de la Sil au Cameroun
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