Par Stéphanie Mbida, jeune camerounaise de 14 ans
Braver la critique négative ou se résigner à la pauvreté et/ou à l’insignifiance
Réaliser toutes les tâches importantes de notre vie à la perfection nous permet à long terme de briser toutes les barrières qui existent entre nous et nos objectifs les plus élevés.
Cette formule simple, appliquée rigoureusement pendant une et de préférence même deux décennies, mènera toute jeune personne née dans des conditions difficiles, de la pauvreté extrême à de grandes réalisations et en fin de compte à l’aisance matérielle. La plupart des êtres humains naissent avec d’énormes talents, un immense potentiel qui ne demande qu’à être développé avec beaucoup de travail et de discipline jusqu’à la perfection. Johann Wolfgang Goethe le confirme lorsqu’il observe que si les êtres humains se développaient exactement en rapport aux capacités phénoménales dont ils font preuve lorsqu’ils sont encore très jeunes, le monde serait rempli de génies. Cependant, lorsque nous prenons la décision ferme de développer et d’exprimer toute l’étendue de notre talent en poursuivant un but très ambitieux, nous déclenchons simultanément un mécanisme visant à nous empêcher de nous démarquer de ceux qui nous entourent et à nous forcer à partager les mêmes visées limitées qui sont la norme dans notre milieu. Ce mécanisme fait usage d’un ensemble de méthodes d’intimidations, la critique négative étant généralement la plus utilisée et la plus effective.
Lorsqu’une jeune personne choisit de poursuivre un but très ambitieux à la mesure de son talent, elle consacre désormais le maximum de ses ressources (temps, énergie, argent etc.) à atteindre cet objectif. Quand par la suite, elle refuse à plusieurs reprises de rejoindre ses pairs dans leur oisiveté et autres activités peu productives, ou encore ose persister dans la poursuite d’objectifs que son environnement considère comme étant impossibles à réaliser; ceux qui l’entourent la qualifient de bizarre, arrogante et même dangereuse. Ils se donnent donc pour mission de ramener la jeune personne travailleuse et ambitieuse »à la raison et sur le droit chemin » : Certains l’agressent physiquement ou verbalement: Ils l’insultent, créent et propagent des rumeurs malicieuses et sans fondements sur sa personne, dénigrent ses réalisations, se font un plaisir immense d’exposer ses moindres lacunes au grand jour, de recenser le nombre de fois qu’elle trébuche, et la huent au moindre faux pas. D’autres l’approchent en »amis » et lui conseillent d’être réaliste, de réviser ses ambitions à la baisse parce que des gens de son âge, de son ethnie, de sa classe sociale, de son pays, de sa race.. ne devraient pas essayer d’accomplir ce genre de choses trop grandes qui sont réservées aux »vraies gens ».
Un autre groupe aborde cette jeune personne d’un angle pseudo intellectuel. Ils citent des auteurs illustres et/ou des passages de livres religieux pour lui démontrer qu’avoir des visées si hautes va à l’encontre de l’ordre établi et des normes de la décence et fait d’elle quelqu’un d’égocentrique, un agent provocateur et déstabilisateur qui constitue une véritable menace pour la société. Dans certaines ethnies et régions du monde, le surnaturel (vodou, sorcellerie, forces occultes etc..) est même régulièrement utilisé pour intimider une telle jeune personne douée et dynamique. Il lui est constamment répété que les esprits n’approuvent pas du fait qu’elle essaie de réaliser des grands projets et que des malheurs lui tomberont dessus si elle persiste sur sa voie. Les moindres difficultés qu’elle rencontre sur son chemin sont alors utilisées comme preuves pour renforcer cette assertion. Ces attaques sont très effectives et poussent la plupart des jeunes personnes à abandonner leurs projets ambitieux. De plus, ces jeunes apprennent que le fait d’essayer de développer leur talent à la perfection, d’exprimer tout leur potentiel et de poursuivre leur passion ne leur rapporte rien d’autre que représailles et châtiment au sein de leur cercle social. Pire encore, ces attaques paralysent les autres membres de cette même communauté qui entretenaient eux aussi de grands rêves. Ceux-ci renoncent à leurs visées avant même d’avoir posé le premier geste par peur d’être à leur tour sévèrement pénalisés s’ils osent essayer de les matérialiser. Ceci est bien dommage, car s’il était permis à la majorité des jeunes de développer leurs talents à la perfection et par conséquent de s’exprimer comme les génies qu’ils sont par nature, les maux qui minent notre société, particulièrement la pauvreté, disparaîtraient complètement ou du moins diminueraient considérablement en un temps record parce que ces prodiges apporteraient des solutions simples, peu coûteuses, mais pourtant très effectives à nos plus grands problèmes.
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Stéphanie Mbida |
La plupart de gens invoquent le manque de moyens financiers comme la raison principale pour laquelle les jeunes personnes sans privilèges ne peuvent développer leur talent à la perfection. Cette explication n’est que partiellement vraie. En effet, si l’argent jouait un rôle prédominant par rapport à tous les autres facteurs qui influencent le succès futur d’une jeune personne, nous ne verrions pas des milliers de fils et filles de paysans africains obtenir des doctorats. D’autre part, tout individu né et ayant grandi dans un pays développé battrait au moins un record mondial, décrocherait plusieurs grands diplômes universitaires et serait extrêmement riche, ce qui est très loin d’être le cas. De surcroît, les fils et filles de milliardaires et de chefs d’état feraient les plus grandes découvertes scientifiques, gagneraient tous les prix Nobel, gagneraient toutes les médailles olympiques dans les sports qui les passionnent, deviendraient astronautes etc. puisqu’ils ont le plus d’argent et de privilèges à leur disposition dès la naissance.
La réalité est que ce sont la critique négative et les autres formes d’intimidations qui, si subtiles qu’elles soient, refroidissent l’ardeur et asphyxient le génie de millions de jeunes personnes à travers le monde et ont par conséquent le plus grand impact négatif sur leur développement et sur le progrès de leur familles, tribus, pays et même sur l’avancée du monde en général. La critique négative est une arme de destruction massive qui décime mille fois plus de génies que le manque d’argent et toutes les autres raisons réunies. Elle est aussi effective parce qu’elle ne demande aucune compétence particulière. Elle peut être pratiquée par toute personne pessimiste et cynique, n’importe où et n’importe quand. De plus, la plupart d’entre nous la perçoivent comme un mal bénin (sauf lorsque nous en sommes nous-mêmes victimes), car nous ne semblons pas être conscients du prix immense que nous payons sur le plan individuel et collectif lorsque nous la pratiquons sans retenue ou la tolérons.
L’Internet continue d’amener des possibilités immenses pour les jeunes personnes sans privilège de s’éduquer, s’informer sur la manière la plus effective de développer leurs talents et de présenter le fruit de leurs efforts au grand public. Malheureusement, cet instrument puissant contribue également à une montée vertigineuse de la critique négative, parce qu’il offre la possibilité auparavant inexistante, à un nombre de plus en plus large de personnes d’écrire et dire les choses les plus abjectes, méchantes et sans fondement à propos de quelqu’un d’autre, en se cachant derrière le confort et l’anonymat d’un pseudonyme. Notons ici que la critique est nécessaire tant qu’elle reste positive et constructive. Celui qui nous critique positivement le fait parce qu’il nous aime et veut nous voir progresser. Il nous encourage à développer notre talent et à maintenir nos visées hautes, nous félicite pour nos victoires, nous montre comment corriger nos faiblesses, et cela avec respect, et nous remonte le moral lorsque nous rencontrons des échecs ou des obstacles sur notre parcours. En ce qui me concerne, j’ai toujours osé poursuivre des objectifs peu communs pour quelqu’un de mon âge, que ce soit à l’école ou dans ma vie privée, ce qui suscite invariablement deux types de réactions qui sont aux antipodes les unes des autres.
D’une part, des dizaines de chefs d’états et autres grands dirigeants de ce monde me remercient, félicitent, et encouragent régulièrement pour mes efforts, à l’instar de Madame Pauline van der Meer Mohr, la présidente de l’Université Erasmus de Rotterdam aux Pays Bas, qui, enthousiasmée par mon initiative et ma détermination d’apporter une contribution considérable à la résolution de la crise économique mondiale et des problèmes liés aux catastrophes industrielles de grande envergure, a commenté dans son blog sur la lettre que je lui ai écrite. ( http://blog.eur.nl/voorzittercvb/2011/04/19/letter-from-stephanie/) afin d’en partager le contenu avec les étudiants de son université et la communauté universitaire hollandaise. En plus, elle m’a fait l’immense honneur de présenter mes idées et solutions à la conférence d’Estoril au Portugal où plusieurs grandes têtes pensantes en matière d’économie, de politique et d’éducation se rassemblent une fois tous les deux ans. Ces experts de renommée internationale, parmi lesquels des lauréats du prix Nobel, venaient chacun y présenter leurs solutions à la crise économique et aux grands problèmes que le monde rencontre actuellement. Enfin, Madame van der Meer Mohr a promis de me recevoir en personne et de me faire visiter son université lorsque je choisirai de me rendre en Hollande.
D’autre part, depuis que j’ai l’âge de 5 ans, un nombre croissant de personnes autour de moi utilise plusieurs des méthodes d’intimidation mentionnées ci-dessus pour me dissuader de viser haut et de continuer à faire les choses qui me passionnent et que je me sens capable de réaliser. Il faut noter ici que contrairement à tous les leaders très influents avec lesquels je corresponds et qui m’encouragent toujours à maintenir mes standards et objectifs très élevés, mes détracteurs, dont aucun n’appartient au groupe des personnes les plus réussies de la planète, croient fermement en un monde d’impossibilités, insistent à me transmettre cette conviction et à me » ramener sur terre ». Puisque le grand méchant loup de la critique se trouve toujours entre nous et nos buts élevés et est absolument déterminé à nous empêcher de les atteindre, qu’est-ce qu’une jeune personne sans privilège, qui a de l’ambition, du talent et est disposée à travailler dur peut donc faire lorsqu’elle se heurte à cet obstacle colossal ?
Lorsque cette jeune personne est confrontée à une immense vague de critique et d’intimidation, elle gagnerait énormément à s’isoler dans un endroit calme, pendant plusieurs heures ou même toute une journée si nécessaire, et à se poser ces questions fondamentales dont les réponses déterminent le cours de sa vie:
Devrais-je abandonner mes objectifs élevés malgré mon talent inné et ma passion pour ce que je fais, afin d’éviter d’être critiqué(e) et harcelé(e) par les gens autour de moi ?
Devrais-je renoncer à réaliser de grandes choses et ainsi demeurer toute ma vie dans des conditions financières défavorables malgré l’opportunité que le Bon Dieu m’a donnée de sortir de mes circonstances difficiles en exploitant mon talent à fond ?
Ou alors devrais-je accepter d’être critiqué(e), calomnié(e), intimidé(e) pendant quelques années pourvu que je produise les résultats exceptionnels dont je me sens capable et que je puisse ainsi mériter une meilleure qualité de vie et une place d’honneur dans la société ?
A suivre: Je me pose régulièrement des questions similaires lorsque je suis confrontée à un barrage de critiques et autres tentatives d’intimidation
