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Marché du Mfoundi: un fossé à ciel ouvert suscite l’indignation des commerçants

Un énorme ravin creusé par les équipes de la Communauté Urbaine plombe les affaires des commerçants du hangar N°1 du…

Un énorme ravin creusé par les équipes de la Communauté Urbaine plombe les affaires des commerçants du hangar N°1 du marché du Mfoundi.

Cela fait presque un an  que les activités à l’intérieur du hangar No1 du marché du Mfoundi tournent au ralenti. Et pour cause, cet espace d’un des marchés de vivre les plus importants de la capitale Yaoundé, est traversé par un énorme ravin qui décourage clients et curieux, affectant par-là le chiffre d’affaire des vendeuses qui s’y trouvent.

L’apparition de ce gouffre remonte en effet aux vacances de l’année dernière. Des inondations rendaient l’Avenue Kennedy impraticable après chaque pluie. Il fallait alors trouver un moyen pour conduire les eaux de l’avenue Kennedy vers la rivière Mfoundi sans obstacles. Les équipes de la Communauté Urbaine de Yaoundé ont trouvé comme solution d’élargir la voie d’eau traversant le hangar No1, étant donné que la taille de la buse souterraine ne suffisait plus à faire passer le volume d’eau devenu trop important. C’est ainsi qu’un canal de près de 9 m sur 3 fut ouvert en plein milieu de cet espace de vente qui abrite près d’une centaine de commerçantes.

Des travaux tout d’abord accueillis d’un bon œil par les commerçantes, avant que les équipes n’abandonnent ce chantier, y laissant un énorme trou à ciel ouvert. « Ceci est un danger permanent, pas plus tard que la semaine dernière, un homme s’est fracturé une jambe en tombant dans ce trou. » raconte une vendeuse de fruits en colère. Et comme notre équipe a pu le constater, il faut effectivement redoubler de vigilance et être doté d’un courage particulier pour emprunter la minuscule piste qui permet désormais d’aller d’un point à l’autre du ravin.

Une situation qui affecte aujourd’hui les affaires de ces « bayam-sellam » qui crient leur ras-le-bol, et implorent les responsables de venir refermer ce trou, devenu le dépotoir de toutes sorte de déchets. « Depuis que ce trou est béant, les clients évitent ce secteur du marché. Nos marchandises pourrissent faute d’acheteurs. Nous sommes là uniquement parce que nous ne pouvons pas rester à la maison à ne rien faire. » Confie madame Monique, qui craint de devoir cesser ses activités.

Mais alors que nous sommes en train de recueillir ce témoignage, notre équipe assiste à un mouvement de foule à l’extérieur du hangar. Des hommes avec des tenues estampillées « Communauté urbaine de Yaoundé, Sécurité du Marché du Mfoundi » se mettent à embarquer des marchandises de quelques femmes, au motif qu’elles se sont installées hors des zones qui leur sont réservées, c’est à dire les hangars. Celles-ci ne se laissent pas faire. Une bagarre éclate, sous les yeux des passants qui continuent paisiblement leur chemin. Ce type de scène est devenu banal, apprendra-t-on.

La rixe passée, une des protagonistes de la scène se confie à nous, en larmes. « Nous sortons du hangar parce qu’il nous est impossible d’avoir des clients à l’intérieur. Nous avions trouvé comme solution de faire passer nos marchandises par la clôture qui était cassée, mais elle a été réparée. Nous payons nos taxes : l’impôt libératoire et le ticket du marché. Comment allons-nous nourrir nos familles? » Une interrogation que nous avons porté au régisseur du marché qui s’est malheureusement déclaré incompétent pour nous apporter une réponse. « Il faut vous rendre à la Communauté, ce sont les équipes de la Communauté qui gèrent cela. »

Rendu à la Communauté urbaine de Yaoundé, des informations recueillies sur place laissent entendre que ce chantier serait inscrit au budget de cette année 2017, et que son exécution a été retardé en raison de la lourdeur des travaux y afférent. Autrement dit, les administrateurs de la ville ont bel et bien conscience de ce problème, ce qui avait d’ailleurs justifié une descente du délégué du gouvernement en mai dernier pour observer la situation. Une nouvelle qui réjouira certainement les vendeuses du hangar No1 du marché du Mfoundi, qui s’impatientent de voir ce problème résolu.