Le camerounais qui préside la confédération africaine de football est soupçonné d’avoir touché des pots de vin
A 3 jours de la désignation des pays organisateurs des Coupes du Monde 2018 et 2022, la polémique lancée par le magazine britannique, le Sunday Times, continue de faire des ravages. Le quotidien britannique avait révélé il y a plusieurs semaines l’existence de corruptions au sein même de la FIFA. Dimanche dernier, c’est le journal suisse SonntagsZeitung qui a fait rebondir l’affaire en évoquant l’existence d’une liste sur laquelle figureraient les noms de membres de la Fédération internationale de football. Ces derniers, disait le journal, auraient bénéficié de « versements de plusieurs millions ». Dans la nuit du lundi 29 novembre, de nouvelles révélations sont venues de la chaine britannique BBC. Le journaliste Andrew Jennings qui intervenait dans le cadre de l’émission « Panorama », a fait savoir que des documents dont l’authenticité ne faisait pour lui aucun doute, confirmaient que trois membres de la FIFA auraient il y’a quelques années, reçu des pots de vins de ISL/ISMM, une agence de communication spécialisée dans le marketing sportif. Il s’agit de Ricardo Teixeira, Président de la fédération de football du Brésil (CBF) et membre du comité d’organisation de la coupe du monde 2014 au Brésil, du paraguayen Nicolas Léoz, qui est aussi président de la fédération sud américaine de football (CONMEBOL), et Issa Hayatou du Cameroun, Président de la confédération africaine de football (CAF). Pour les deux premiers noms, de forts soupçons pesaient déjà sur eux. L’apparition du nom du camerounais Issa Hayatou est très récente. Ces révélations sont d’autant plus graves que ces trois personnalités font partie de ceux qui voteront pour l’attribution des coupes du monde 2018 et 2022. En 2008 déjà, un juge suisse, qui tranchant d’une affaire de corruption impliquant ISL/ISMM, avait mentionné clairement l’existence de faits de corruption par le groupe, en faveur d’officiels de la FIFA. Mais l’affaire avait été classée.
Des révélations sur fond de votes à la FIFA
Il apparait selon les investigations des médias britanniques, qu’Issa Hayatou aurait touché en 1995, la somme de 20 000 dollars américains (environ 10 millions de FCFA). C’est la première fois que le Camerounais Issa Hayatou est mêlé à une affaire de corruption au sein des organisations internationales de football. Il est aujourd’hui difficile de comprendre pourquoi c’est seulement maintenant que l’affaire éclate alors que visiblement les faits remontent à plus de 10 ans. Des observateurs pensent déjà à une instrumentalisation par la presse britannique, du vote à l’occasion du choix des organisateurs des coupes du monde 2018 et 2022. La Grande Bretagne est candidate. Selon certaines sources, les trois personnalités citées ne soutiendraient pas la candidature anglaise. Le président de la FIFA Sepp Blater a tenu pour sa part à rappeler que lors de la procédure ISL devant les autorités suisses en 2008, aucun fonctionnaire de la FIFA n’a été accusé ou inculpé. Malgré ce nouvel épisode, la FIFA se refuse à repousser les désignations des pays hôtes des Coupes du monde 2018 et 2022. Les candidats pour 2018 sont l’Angleterre, la Russie et les duos Espagne/Portugal et Pays-Bas/Belgique. Pour 2022, le Qatar, l’Australie, les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud sont en course. Cette affaire jette encore un peu plus le discrédit sur la FIFA, qui a déjà été contrainte le 18 novembre de suspendre deux membres de son comité exécutif, Amos Adamu (Nigéria) et Reynald Temarii (Tahiti). Ces derniers avaient été confondus par des médias anglais dans une affaire d’achat de voix en vue du vote de jeudi.
