Côte d’ivoire: L’Affaire Guy André Kieffer refait surface

Madame Gbagbo est entendue ce 23 avril par le juge Patrick Ramaël à Abidjan. Rappel des faits L'histoire débute sur…

Madame Gbagbo est entendue ce 23 avril par le juge Patrick Ramaël à Abidjan. Rappel des faits

L’histoire débute sur une affaire de café-cacao. Guy André Kieffer, journaliste franco-canadien qui s’intéressait au monde des affaires plus précisément dans le domaine des matières premières, s’est vu confier une enquête sur la filière cacao par le président ivoirien, Laurent Gbagbo. Cette enquête a révélé des malversations monstres. Le journaliste élargit alors son champ d’investigation qui touche au financement de ventes d’armes en Côte d’Ivoire. Dès lors, le journaliste franco-canadien publie des articles critiques sur l’économie ivoirienne. Détenant des dossiers compromettant de malversations impliquant des personnalités de ce pays, il restait un danger potentiel pour certains rats qui n’avaient aucunement eu à se gêner pour s’engraisser dans cette filière.

Le 16 avril 2004, en plein jour et en plein centre d’Abidjan, la grande métropole ivoirienne, GAK est enlevé sur le parking d’un supermarché par un commando. Il avait rendez-vous ce jour-là avec Michel Legré, beau-frère de l’épouse du président Gbagbo, Simone Gbagbo. Depuis, on n’a plus vu le journaliste d’investigation, qui fouinait un peu trop dans ces dossiers fort sensibles. Mais l’épouse de notre confrère, Osange Silou Kieffer, s’est battue et se bat encore pour que la lumière soit faite sur la disparition de son mari. Jusque-là malheureusement, on n’est pas sorti de l’auberge, alors que des personnalités et pas des moindres sont soupçonnées d’être pour quelque chose dans cette troublante affaire.

En effet, des investigations menées après la disparition de GAK avaient permis de mettre en lumière le rôle prépondérant de Michel Legré qui aurait servi d’appât pour attirer la victime dans le funeste piège ce fatidique 16 avril 2004. Entendu et passé dans ses derniers retranchements, Legré s’est résolu à donner des noms des présumés commanditaires de l’enlèvement du journaliste, proches du couple présidentiel et du ministre d’Etat au Plan de Côte d’Ivoire, Paul Antoine Bohoun Bouabré. Des noms de ceux ayant pris part activement à l’enlèvement des membres du commando rattachés à Mme Gbagbo,ont également été cités. Jusqu’au jour où le juge français Patrick Ramaël a souhaité entendre à titre de témoins Simone Gbagbo, et le ministre d’Etat ivoirien bien entendu dans son bureau en France, leurs noms ayant été cités à plusieurs reprises dans des interrogatoires.

Efforts vains car Simone Gbagbo, par la voix de son avocat, Me Rodrigue Dadjé, avait, à l’époque, déclaré n’avoir reçu aucune convocation. Aujourd’hui, les choses sont en train d’évoluer… vers un peu de lumière? Simone Gbagbo veut enfin être entendue. Mais, selon son avocat, le juge français devra entendre la première dame de Côte d’Ivoire à Abidjan, et non pas à Paris. Le juge d’instruction français a déjà effectué en Côte d’Ivoire neuf commissions rogatoires internationales, clame Me Rodrigue Dadjé, avocat de Simone Gbagbo, et il peut en faire une dixième pour entendre la première dame ivoirienne. C’est donc une guerre de procédures en perspective. L’autre personnalité impliquée dans cette affaire et qui a accepté également d’être entendue en Côte d’Ivoire, est le ministre ivoirien au Plan, Paul Antoine Bohoun Bouabré.

Simone Gbagbo
Abidjan.net)/n

Mais, cet ex-professeur d’économie et proche de Gbagbo blinde sa défense en s’entourant, en plus de Me Dadjé, de deux autres avocats parisiens, Pierre Comut-Gentille et le très réputé avocat Georges Kiejmann. Alors peut-on croire que Paul Antoine a beaucoup de choses à se reprocher dans cette affaire pour prendre autant de précautions? D’une part, qu’est-ce qui a bien pu décider Dame Gbagbo à accepter de se prêter aux desiderata de la justice française? Risque-t-elle vraiment grand-chose, puisqu’elle ne sera entendue qu’à titre de témoin? Et d’autre part, ne peut-on pas croire que le président Laurent Gbagbo, qui avait entrepris une opération mains propres dans l’affaire des malversations dans la filière café-cacao, veut se racheter une virginité, parce que son épouse ne serait pour rien dans le dossier GAK?

En tout état de cause, ce serait déjà un pas de franchi dans cette affaire qui a déjà qui a déjà fait un mort et qui, sans qu’on ne s’en aperçoive, empoisonne insidieusement les relations franco-ivoiriennes. Dans tous les cas, ce meurtre ne saurait être impuni. La famille Kieffer veut identifier sa tombe, les confrères journalistes ont besoin de connaître le fin mot de l’histoire et la Côte d’Ivoire veut en avoir le c ur net.

Simone Gbagbo
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