Le gouvernement a fermé les frontières et suspendu les médias étrangers, la cour suprême qui s’est saisi du dossier se prononcera dans 7 jours
Le conseil constitutionnel prend les choses en main
L’annonce des résultats du deuxième tour des élections présidentielles en Côte d’ Ivoire, a donné lieu à une situation peu ordinaire en Afrique. Les contestations sont venues du côté de la majorité au pouvoir. Jeudi en milieu d’après midi, la commission électorale indépendante (CEI) en côte d’ivoire, a invité la presse nationale et internationale et fait savoir qu’Alassane Dramane Ouattara (ADO), venait en tête à l’issue du deuxième tour de ces élections, avec plus 54% des voix. Une annonce qui a été relayée par de nombreux médias. En début de soirée, le président du Conseil Constitutionnel ivoirien chargé de valider les résultats, a annoncé leur suspension en même temps que l’incompétence de la CEI.
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Paul Yao N’dré, président du Conseil Constitutionnel ivoirien |
Un peu plus tard, le secrétaire général de l’équivalent du conseil de l’audiovisuel, a fait avoir qu’il avait été demandé à l’entreprise en charge de la distribution de la télévision par satellite, de suspendre la diffusion de toutes les chaines de télévisions étrangères. Le camp de Gbagbo semble donc décidé à contester jusqu’au bout les résultats communiqués par la CEI. Le couvre-feu qui devait prendre fin jeudi a finalement été prolongé jusqu’à dimanche. Des observateurs onusiens ont déjà averti, les candidats pourraient être tenus responsables de toutes violences commises en leur nom. Lors du premier tour, Laurent Gbagbo au pouvoir depuis une dizaine d’années, venait largement en tête avec 38% des suffrages exprimés, contre 32% seulement pour Alassane Ouattara.
Mercredi dans la journée, la France par la voix de son ministre Michelle Alliot-Marie des affaires étrangères, a fait savoir, que les forces militaires françaises étaient prêtes à intervenir, au cas où les intérêts français étaient un seul instant menacé sur le sol ivoirien. La France il faut le rappeler, possède encore de nombreux intérêts dans le pays. Sur le plan diplomatique, les rapports entre l’Elysée et le président Gbagbo s’étaient légèrement refroidis ces derniers temps. Sur un plan purement social, le pays reste divisé en deux, le nord et le sud. Chacun des candidats est issue de l’une des parties. De même, une partie du nord reste sous le contrôle des Forces nouvelles de Guillaume Soro, qui n’a abandonné la rébellion qu’après des accords qui lui ont permis d’occuper le poste actuel de premier ministre. Depuis son arrivée au pouvoir, Gbagbo a le mérite d’avoir ramené une relative stabilité dans le pays, et aussi d’avoir favorisé la reprise d’une économie profitable aux ivoiriens appartenant à la classe moyenne. Il est pourtant clair aujourd’hui que dans sa grande majorité, la Côte d’ivoire veut s’offrir les chances de l’alternance.
En attendant de nombreuses questions restent sans réponses. Comme celle de savoir pourquoi la CEI n’a pas donné les résultats dans les délais prévus. D’un autre côté se pose la question de savoir comment la CEI s’est décidé à rendre public les résultats, alors qu’elle n’avait plus ce droit. Selon l’article 59 alinéa 3 du code électoral, la CEI a trois jours après la clôture des votes, pour transmettre les résultats provisoires de l’élection présidentielle au Conseil constitutionnel. D’un autre côté, l’article 38 de la Constitution ivoirienne dispose effectivement, qu’en cas « d’événements graves (.) rendant impossible (.) la proclamation des résultats (.) le président de la Commission chargée des élections saisit immédiatement le Conseil constitutionnel aux fins de constatation de cette situation ». Rien n’indique cependant clairement, ce qui doit être fait, si passé ce délai la CEI n’a pas saisi le conseil constitutionnel. Les juristes et les constitutionnalistes ont des points de vue divergents sur le sujet, selon qu’ils sont de l’un ou l’autre bord. Dans 7 jours tout le monde devrait être fixé.
