La crise ivoirienne est avant tout une guerre d’informations. Revue de la presse franco africaine sur ce sujet qui «déchaine» les passions
Le « Fort Gbagbo » résiste encore
On en est aujourd’hui à se demander si Laurent Gbagbo ne serait pas plus endurant que ne l’avait pensé les forces pro Ouattara unies à la France et à l’ONU. Jeudi 7 avril, soit quatre jours après l’annonce de l’assaut final, le site d’information Guinée Conakry Infos titre que La chute annoncée de Gbagbo s’éternise. Malin celui qui réussira à dire ce qui se passe vraiment dans les coulisses de la résidence présidentielle où se trouve terré Laurent Gbagbo, depuis que les hélicoptères de la Licorne et de l’Onuci ont contraint les chars des forces de défense et de sécurité à l’arrêt. On est désormais certain que le président et quelques uns de ses proches sont bel et bien dans un bunker de cette résidence. Mais c’est presque tout ce que l’on sait poursuivait l’article du même site internet. Le journal français Libération dans son édition du 7 avril aussi, parlait de l’ultime résistance à Fort Gbagbo, en faisant le constat que les forces d’Alassane Ouattara n’étaient toujours pas parvenues mercredi soir à déloger de son bunker le président sortant. D’où l’interrogation de certains journaux, comme les Dernières Nouvelles d’Alsace en France, qui se demande comment un homme abandonné dans sa résidence par la quasi-totalité de sa garde politique rapprochée est-il parvenu à résister aux assaillants ? Et le même journal répondait que dans sa tribu bété, un chef meurt les armes à la main. Le site d’information africain Slateafrique.com lui trouve une autre explication. Selon lui, si jusqu’à jeudi le président Gbagbo contesté par la France et l’ONU resiste encore, c’est parce que d’une part, en bon ivoirien, Laurent Gbabo ne saurait aimer Ouattara, qui est originaire de la tribu Mossi, une tribu de personne considéré comme sans valeur. Mais surtout apprend-on, dans l’analyse de ce site d’information africain, Laurent Gbagbo est persuadé qu’Alassane Ouattara lui a « gâté » son premier mandat présidentiel (2000-2005), en lui faisant la guerre. Il n’a cessé de répéter, lors de la campagne électorale de 2010, que la rébellion des officiers nordistes, en 2002, qu’il affirme avoir été armée et financée en sous-main par Ouattara, l’avait empêché de gouverner.
Prié de libérer le plancher
Pourtant, peu de médias avaient parié cher sur la peau de Laurent Gbagbo tout au long de cette semaine et sa chute a été annoncée à maintes reprises, par plusieurs journaux africains. Avec beaucoup d’ironie l’Observateur du Burkina Faso titrait dans son édition du 6 avril dur à cuire mais cuit quand même ! Le quotidien s’étonnait que même militairement vaincu, Gbagbo se refuse à reconnaître la victoire de son éternel rival, alors que toujours selon ce quotidien l’homme qui a résisté à tout le monde n’était même plus maître de son propre lendemain. c’est dans la même logique que s’est lancé le quotidien camerounais Mutations lui aussi dans son édition du 06 avril. Laurent Gbagbo : Game over, a titré ce journal appartenant à la southmédia corporation. Après quatre mois de résistance, le président sortant de Côte d’Ivoire négocie enfin les conditions de son départ , affirmait le quotidien camerounais, faisant état de ce que Gbagbo négociait une sortie honorable. Autre quotidien camerounais, Le Jour. Dans son édition du 06 Avril, il fait dire par la voix de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Cameroun, Gbagbo a assez résisté, il peut partir maintenant. Gbagbo est tombé !, faisait savoir le quotidien algérien El Watan qui de façon péremptoire faisait savoirs qu’on était à la fin de cavale pour le futur ex-président qui a défié tout le monde et provoqué un bain de sang dans sa course folle pour la confiscation d’un pouvoir qui lui a démocratiquement échappé. de nombreux média ont du se rendre compte qu’à l’évidence, renverser Gbagbo n’était pas une mince affaire.
Pas certain d’avoir un retour de la paix
Dans le même temps des médias français se sont intéressés à l’intervention française et les avis divergent. La France s’engage dans la bataille d’Abidjan, constatait le quotidien français Le Figaro. Côte d’Ivoire : l’ONU et la France contre Gbagbo, affirmait pour sa part Ouest France. La France s’engage dans la guerre, titrait Le Parisien. Côte d’Ivoire : la France entre en guerre, écrivait Libération. Et finalement, la polémique, la France avait-elle fait le bon choix. Les commentateurs sont encore partagés. Pour Libération, il s’agit là d’une mission périlleuse. le journal reconnait aussi , que les motifs humanitaires sont réels. Mais, s’interroge Libération, pourquoi cette volonté de protéger les civils n’a-t-elle pas permis d’éviter le massacre de Duékoué, dans l’ouest du pays, dont les forces de Ouattara sont apparemment coupables ? Duekoué ou encore une situation d’horreur absolue.L’agence France presse annonce le 5 avril la découverte d’un charnier et accuse indirectement Gbagbo. Dans son édition du 02 avril, le journal français Le Point, fait savoir que l’ONU accuse les deux parties. Mais dans le développement de l’article, on apprend que d’une façon générale, la Fédération internationale des droits de l’Home condamne les graves exactions commises contre la population civile par les parties en conflit dans le cadre de l’offensive lancée par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) pro-Ouattara pour prendre le contrôle du pays, notamment la capitale économique Abidjan. Quelque soit l’issue du conflit finalement, le vainqueur aura du mal a diriger la Côte d’ivoire. Pour le quotidien régional français la République des Pyrénées, une défaite de Gbagbo ne signifiera pas la fin des problèmes pour la Côte d’Ivoire. Ouattara aura non seulement à unifier son pays mais à prouver qu’un demi-siècle après la décolonisation une nation ivoirienne s’est vraiment constituée.
