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Dangotisation et Billonisation: Métaphores du sort de l’Afrique

L'Afrique a des maladies qui nous sont tellement présentées que nous finissons par la définir uniquement à travers ces dernières…

L’Afrique a des maladies qui nous sont tellement présentées que nous finissons par la définir uniquement à travers ces dernières

Il est désormais le temps de sortir des idées reçues et surpasser les concepts prêt-à penser. L’Afrique change, les africains évoluent et nombre d’entre eux aspirent de plus en plus à écrire à l’encre indélébile dans le Grand livre de l’Histoire de l’humanité. Et ce qu’il me plait de dire, c’est que dans un environnement – entendez climat général des affaires – que Jean-Louis BILLON, Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire, estime que l’on peut qualifier d’hostile, il apparait de plus en plus de capitaines d’industrie mondialisés qui forcent le respect et commandent l’admiration. L’actualité récente m’invite à commettre une réflexion visant à expliquer, pourquoi, selon moi, ils sont des métaphores du sort de l’Afrique. Il s’agit de l’ivoirien Jean-Louis BILLON et du nigérian Aliko DANGOTE.

Aliko DANGOTE
Il est le Président du Dangote Group. Ce groupe est basé au Nigéria et il évolue dans diverses industries telles que le ciment ou l’agroalimentaire (sucre, pâtes alimentaires.). Il y a quelques jours Forbes annonçait sur son site Web que ce chef d’entreprises avait réalisé la plus forte progression au sein de son classement. Sa fortune s’est accrue de 557%. Aujourd’hui, l’on estime que ses avoirs sont de 13.8 milliards US $. Il est désormais le 51ème homme le plus riche au monde, le 2ème de tout le Moyen-Orient et l’Afrique et 1er noir sur toute la planète. Sa réussite plait d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’une rente de situation. Son évolution est différente de l’évolution de certains États africains qui se contentent d’attendre la montée du prix des hydrocarbures. Son entreprise de ciment qui est un pilier de son empire est à cet égard une bonne illustration. La série d’acquisitions effectuées récemment et l’ambition qui est la sienne dans cette industrie témoignent d’un minimum de stratégie dans la gestion.

Jean-Louis BILLON
Jusqu’à tout récemment, il était le Président du Conseil d’Administration de SIFCA, qui est présenté comme le plus grand groupe agroalimentaire de l’Afrique de l’Ouest. Il est comme mentionné plus haut Président de la CCICI et maire de la commune de Dabakala. Son groupe est tant dans l’hévéaculture que dans la production d’huile de palme. Il a attiré mon attention dernièrement car son groupe a connu une évolution remarquable. En 2009, le chiffre d’affaires de celui-ci était de 295 milliards de FCFA (Plus d’½ milliard de dollars) et en 2010, il est passé à 430 milliards de FCFA (environ 1 milliard de dollars). Dans une communication faite en janvier dernier, celui qui est devenu Président du CA, Monsieur Lambelin, annonçait que le groupe ferait un bénéfice de 50 milliards de FCFA (env. 100 millions de dollars).

Pourquoi annoncent-ils l’Afrique de demain?
. Ce sont de véritables entreprises mondialisées. SIFCA a, par exemple, annoncé récemment l’entrée d’un partenaire singapourien dans son capital. Il faut noter qu’elle était déjà très liée au français Michelin. De plus, tout comme dans le groupe Dangote, chez SIFCA, l’on retrouve dans le top management plusieurs personnes qui ne sont pas africaines.

. Le désir de «Briller parmi les meilleurs». Forbes nous a révélé que Dangote aspirait à rien de moins que devenir le numéro un mondial du ciment au monde. Pour lui, ce ne serait qu’une question de temps.

. L’immensité du marché africain. Il est à prévoir que d’autres seront sur la même lancée car la taille du marché africain doublera d’ici quatre décennies. Les opportunités d’affaires se démultiplieront. Et pour des entreprises comme Dangote Cement, ce sera, de ce que l’on peut prévoir, l’occasion de grossir davantage. Car comme le rappelait mon collègue Léopold Nséké – dans Afrique Expansion Magazine numéro 36 – l’Afrique, parce qu’elle s’urbanisera de plus en plus, devra construire davantage. Et elle aura donc besoin de ciment, du Ciment de Dangote!

Bref, ces deux capitaines d’industrie révèlent l’état d’esprit, le talent, l’ambition de l’Afrique de demain (qui jouira en plus d’un meilleur climat des affaires) : une Afrique qui est pleinement partie prenante et même gagnante de la mondialisation.

Serge Tchaha
http://lh3.ggpht.com)/n