Thématiques, visions et projets : Entretien avec Lydienne Biyong, coordonatrice de la troupe et Laurence, membre
Présentez-nous votre compagnie
Laurence : La compagnie « Les Gazelles » est une troupe de danse, de chant et de conte. Si l’on veut rentrer dans les détails on dira que c’est une troupe d’anciens et de nouveaux étudiants qui ont choisi d’évoluer dans le cadre de la danse camerounaise.
Lydienne : Nous décidons de nous unir pour sortir un peu du joug de l’université où on a évolué en tant que danseurs et étudiants. Pour certains nous étions arrivé au terme du processus académique. On a donc décidé de continuer ensemble ce que nous avons choisit comme passion avec pour objectif d’apporter notre pierre à la valorisation et la pérennisation de la culture camerounaise et africaine. En tant que Gazelles nous existons depuis 2003.
A entendre « Gazelles » on à l’impression que c’est un groupe de femmes uniquement
Lydienne : Non, « Les gazelles » ce sont les femmes, les hommes, nous sommes une vingtaine de membres. Mais chaque fois que nous avons un spectacle, on adapte en fonction de la demande, ou de l’organisateur. Il peut nous dire qu’il veut huit personnes et comme nous sommes une équipe, on choisit huit personnes qui vont aller représenter l’équipe.
Quelles sont les thématiques que vous abordez dans votre travail ?
Lydienne : Ca dépend. Vous pouvez avoir votre manifestation, vous nous donnez le thème et nous travaillons en fonction. Mais quand il s’agit des spectacles un peu comme celui tout récent du centre culturel français de Douala, nous pouvons aborder des thèmes qui minent la société. Parce qu’on ne danse pas seulement pour danser, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent. Il y a des moments où on danse parce qu’on veut apporter quelque chose, parce qu’on veut informer, éduquer, parce qu’on veut transmettre et pérenniser. Maintenant une chorégraphie c’est une succession de plusieurs éléments. C’est-à-dire qu’il y a les pas, les gestes, le chant, le conte. On peut décider dans une chorégraphie de conter ou chanter ce qu’on est entrain de danser. Ou à travers les gestes, montrer ce qu’on est entrain de dire.
Vous faites de la danse traditionnelle pure, un rythme qui n’est pas encore bien encré dans les habitudes camerounaises, avez-vous un moyen particulier de vulgariser, de valoriser votre art ?
Laurence : C’est vrai que la jeunesse surtout n’est pas très portée sur les danses traditionnelles, ils sont plus hip hop, Rnb, etc, mais nous essayons de ressortir les danses qui ne sont pas encore très vulgarisées. Par exemple quand on parle de la tribu des Bassa, on voit tout de suite l’assiko. Pourtant il y a pleins d’autres rythmes. Et comme l’a dit Lydienne tout à l’heure, dans toutes nos créations nous essayons à chaque fois de transmettre un message.
Lydienne : C’est un peu comme les chrétiens et les non chrétiens. Même quelqu’un qui te dit qu’il n’est pas chrétien, lorsqu’il a un pépin il dit « Seigneur !». On ne sait pas trop pourquoi. Donc je dirais que les valeurs traditionnelles sont encrées en nous. Nous avons tous ce petit élément qui reste, qui est traditionnel. Ca fait que même si vous n’êtes pas présent pendant que les gazelles prestent, à en entendre parler vous savez de quoi il est question. On parle du jazz et toutes les autres musiques que vous connaissez, mais la base, c’est la tradition africaine. Aujourd’hui les ivoiriens ont toutes les danses qu’ils ont là, mais quand on regarde au fond ce sont les danses traditionnelles. Nous nous battons pour que ceux qui semblent oublier, ou qui veulent oublier, ou même qui font semblant d’oublier s’en rendent compte. C’est comme un enfant qui naît, il ne grandit pas et marche le même jour. C’est par étape. Nous étions aux festivités du cinquantenaire, nous étions invités au cinquantenaire du Tchad mais nous n’avons pas pu y aller parce que nous avions un autre programme, cela veut dire qu’il y a des gens qui comprennent et je pense qu’avec ces gens là on va y arriver.
Quels sont les projets de la compagnie ?
Lydienne: Nous avons une invitation en Algérie pour l’été et nous sommes en pourparler avec une compagnie canadienne qui compte nous inviter donc on croise les doigts. Mais sincèrement en tant que fondatrice et coordonatrice du groupe je voudrais demander aux critiques, à vous les journalistes, que les gens nous apportent des critiques parce qu’elles nous permettent d’avancer. Et comme je le disais, puisque chaque africain à ce petit truc en lui qui fait qu’il soit africain, je suis sûr que chacun a quelque chose à donner.
